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« », une petite histoire imaginée par divers

1 Ma nouvelle maison Deedlit tvq@femmes.net 27-10-2004, 16:25 par Deedlit

Lorsque je descendis de la voiture et que j'inspectai les lieux qui m'environnaient, mon cœur failli se décrocher. Face à moi, se tenait une très jolie bâtisse, qui tenait plus du petit château style Renaissance que de la maison proprement dite. Les rayons du soleil de seize heures jouaient sur la façade couleur crème et créaient toutes sortes d'ombres chatoyantes. Le toit d'ardoise bleue et les fenêtres aux riches boiseries inspiraient une idée de grandeur, et l'entrée, précédée d'une longue volée de marches n'était pas sans m'inspirer vaguement cet escalier que les vedettes du monde entier gravissent chaque année à Cannes. Il n'y manquait plus que le tapis rouge, bien que, d'une certaine manière, il fut quand même déroulé. J'étais en effet le nouvel arrivant dans cette maison, et l'énergie que déploya la propriétaire des lieux pour me convaincre de venir ici indiquait de manière probante que j'étais une espèce de vedette à ses yeux.

Il me faut revenir un peu sur mon histoire passée, et par la même occasion, sur moi-même. Je naquis il y a vingt-deux ans dans une petite commune du nord-est de la France. Mes parents, comblés, me baptisèrent Michel. Pendant quatre ans, je coulai des jours heureux en Lorraine, au milieu de mes parents, gens ordinaires s'il en était, issus de la classe ouvrière. Malheureusement, la vie réserve trop souvent des drames à ceux qui commencent à peine à l'apprécier. Alors qu'ils partaient passer un week-end en amoureux en Auvergne, mes parents furent victimes d'un terrible accident de la route, un camion dont le conducteur s'était assoupi ayant traversé la barrière de sécurité séparant les deux voies de l'autoroute du Sud, percutant de plein fouet la voiture de mes parents. Tous deux moururent sur le coup lors de cette sombre mais néanmoins ensoleillée journée d'avril.

J'avais quatre ans à l'époque, et comme les moyens financiers de mes oncles et tantes ne permettaient pas de prendre un enfant de plus en charge, je fus placé à l'orphelinat. De cette période de ma vie je n'ai gardé qu'un minimum de souvenirs, jamais mauvais, mais jamais bons non plus. Juste des anecdotes. Je me suis toujours conduit sagement, ai toujours travaillé très studieusement, et ainsi, je décrochai mon baccalauréat à 16 ans, gratifié d'une mention très bien et des félicitations du Jury. J'intégrai ensuite une école supérieure de biologie, de laquelle je sortis ingénieur en sciences de la Vie cinq ans plus tard. Mais par péché d'orgueil vis à vis de ma condition d'orphelin, je décidai de ne pas m'en contenter, et commençai une thèse sur les cellules souches.

A cette époque, ma voie était toute tracée. J'étais majeur, je bénéficiais d'allocations de l'état pour mes études, mais il subsistait un manque. Je n'avais jamais eu de famille à proprement parler, et les rares souvenirs de mes parents ne faisaient qu'amener des pincements dans ma poitrine. J'étais quelqu'un d'assez ouvert aux autres, et de gentil, mais de temps à autres, une mélancolie s'emparait de moi, la plupart du temps au printemps, saison maudite entre-toutes, où l'éclosion des premières fleurs avait vu la flétrissure de la vie de mes parents.

Je me souviendrai toujours de ce jour où j'ai reçu la lettre de celle qui allait devenir ma mère adoptive. Ce mardi soir, j'étais rentré dans ma chambre d'étudiant, et j'avais eu la surprise en relevant mon courrier, de trouver une enveloppe en provenance de Montier en Der, petite commune du nord-est de la France, située près d'un très grand lac artificiel servant de réserve d'eau à Paris. Le parfum sur la lettre était indéniablement celui d'une femme. Le nom au dos de l'enveloppe indiquait : Mme Armande de Champaubert, veuve de Louis Alphonse de Champaubert, comtesse du domaine des Moulins. Ce nom m'était parfaitement inconnu. Décachetant l'enveloppe, j'en sortis une lettre manuscrite, parcourue de douces courbes encrées, évoquant sans aucun doute une écriture féminine. Son contenu failli me faire avoir un malaise, tant il était inattendu et providentiel :
" A l'intention de M. Michel Allègre. Cher Michel, vous ne connaissez sans doute pas, contrairement à moi, qui ait beaucoup entendu parler de vous par certains de vos enseignants. Mon nom est Armande de Champaubert, et j'ai été très émue par votre histoire personnelle, ainsi qu'éblouie par votre volonté et par votre travail acharné ayant mené à votre réussite actuelle. Il est triste qu'un jeune homme comme vous ait été privé d'une famille si longtemps, et je souhaiterais réparer autant que possible cette tragédie. Aussi, je vous demande de bien vouloir m'accorder une entrevue à une date et dans un lieu qui vous conviendront afin que je puisse vous convaincre d'accepter de devenir officiellement mon fils adoptif. Espérant vous voir bientôt, affectueusement, Mme de Champaubert. "

Je passai le restant de la soirée à réfléchir à cette proposition. Mes rêves d'avoir à nouveau une famille se réalisaient. Pourtant, énormément de doutes et de réticences subsistaient. Je ne connaissais pas du tout cette personne, et le milieu auquel elle appartenait, d'après son nom et son titre, m'était tout à fait étranger, et à vrai dire un peu antipathique, moi qui avait eu assez tôt une inclinaison pour le milieu socialiste. Je décidai donc d'accepter l'entrevue, tout en me promettant de peser le pour et le contre, et de ne pas m'emballer trop vite pour cette nouvelle famille dont je ne connaissais rien, où si peu de choses. Le rendez vous fu pris un mercredi, deux semaines plus tard. J'avais demandé à cette dame de me retrouver au café de la Paix à Nancy, sur la Place Maginot. Son arrivée ne passa pas inaperçue, en tout cas pour moi. Elle paraissait avoir à peine une quarantaine d'année, avec un très joli visage rehaussé d'un sourire étincelant. Elle portait une jupe droite bleue finissant aux genoux, avec un chemisier fuschia et une veste de la même couleur que la jupe. J'avais fais quelques efforts de présentation, portant un pantalon de soirée noir et une chemise bordeaux, assortie d'une cravate. Pour l'occasion, j'avais noué mes cheveux longs, histoire de paraître plus " classe " qu'à l'université, où ils étaient généralement détachés et flottants, ou bien encore nattés quand il m'en prenait l'envie. Mme de Champaubert me reconnut immédiatement, et s'assit à ma table.
- Bonjour Madame, heureux de faire votre connaissance, dis-je, un peu gêné par la beauté et la grandeur de cette dame.
- Bonjour Michel. Je suis également ravie de te rencontrer, répliqua-t-elle.
J'eus alors pour la première fois l'occasion d'entendre sa voix douce et pleine de chaleur, ce ton maternel qui chamboula beaucoup mon esprit.
- Vous… Vous souhaitez boire quelque chose ? Proposai-je.
- Avec plaisir. Je prendrai une Suze. C'est une marque de bonne éducation qu'un homme invite une femme à boire un verre, je vous remercie Michel.
- De rien, balbutiai-je en rougissant.
Et, tandis que le serveur amenait la consommation, elle entreprit de m'expliquer ce qui l'amenait à vouloir m'adopter.
- Voyez-vous Michel, j'ai eu quatre enfants, dont un garçon. Il s'appelait Jérémie. Malheureusement, il est décédé des suites d'une leucémie, il y a cinq ans. Ce vide déjà énorme dans ma vie fut encore plus creusé lorsque mon mari vint à mourir, l'année précédente, d'un accident de chasse. En proie à une dépression, j'ai soudain réalisé que la seule façon de me relever serait de retrouver un fils à chérir. Et puis j'ai entendu parler de votre histoire, et j'ai été assez vite conquise.
- Ainsi, repris-je, vous m'adopteriez pour pallier au manque affectif de la perte de votre mari et de votre fils, c'est cela ?
- Oui, répondit-elle gravement. Vous connaissez vous aussi la douleur liée à l'absence d'êtres chers, je pense donc que vous comprenez ma douleur.
- Hé bien, fit-je, c'est assez délicat. Je serais ravi de vous dire oui, mais je ne connais pas vraiment votre famille, et je suis totalement étranger à votre milieu.
- Ah, si ce n'est que ça ! S'exclama-t-elle. Rassurez-vous, en ce qui concerne le milieu, j'ai horreur de cette aristocratie mourante et refermée sur elle-même. J'ai des titres et des domaines, mais je vis sans tabous comme n'importe qui d'autre. A vrai dire, moi et mes filles nous ne fréquentons plus vraiment ces emperruqués là. Quant à ma famille, vous ne serez pas déçu, croyez-moi !

Sa petite tirade acheva de balayer mes dernières réticences, et à sa grande joie, je lui signifiai que j'acceptais sa proposition. Elle repartit heureuse, me gratifiant d'un joli sourire. Quelques semaines plus tard, nous réglâmes certains détails administratifs, qui firent de moi Michel de Champaubert. Puis, un dimanche, une voiture vint me chercher, pour me conduire au domaine des Moulins, à Montier en Der.

C'est donc ainsi que je me retrouvai devant cette grande bâtisse. J'avais commencé à m'approcher de l'entrée, tout en admirant les jardins, quand la porte du château s'ouvrit, laissant sortir un charmant cortège de quatre femmes. Mme de Champaubert en tête, suivie par trois jeunes filles toutes aussi mignonnes les unes que les autres, bien qu'assez différentes tout de même.
- Bienvenue Michel, me dit ma mère adoptive. Je te présente mes filles. Marie, qui est l'aînée des enfant, Jeanne, la cadette, et Sophie, la benjamine.

Tour à tour, elles s'approchèrent de moi et me firent la bise. Marie était une jolie brune de 24 ans, les cheveux longs flottant sur ses épaules. Elle devait mesurer un bon mètre soixante-dix, et était très fine. Jeanne, âgée de 21 ans, était châtain clair, avec des cheveux nattés dans le dos. Elle était un peu plus petite que sa sœur, et légèrement plus menue, tout en restant très jolie. La dernière, Sophie, était également brune, mais coupée au carré. Du haut de ses dix-huit ans, elle était plutôt grande, comme Marie, mais nettement plus formée, en restant cependant très fine. Un joli trio de demoiselles charmantes et très attirantes. Tellement attirantes que je commençais à regretter d'être devenu leur frère adoptif. C'est Sophie qui me tira de mes rêveries.
- Allez grand frère, vient avec moi, je vais te montrer ta chambre ! Désolé les filles, mais je vous l'enlève !

Et, sans que j'ai eu mon mot à dire, elle m'entraîna à l'intérieur de la grande bâtisse. J'entendais derrière des gloussements joyeux, signe que la réaction de Sophie amusait ses sœurs et sa mère. Tandis que ma nouvelle sœur me tirait par la main dans l'escalier, j'eus le temps d'admirer l'intérieur du domaine des Moulins, richement décoré, avec ses tapisseries au mur, ses boiseries sculptées, ses bibelots de valeur. Un tableau retint tout particulièrement mon attention. Il représentait un homme assez fin et élégant, au regard de faucon. L'homme se tenait debout, la paume droite appuyée sur une épée. La légende disait : " Louis Alphonse de Champaubert, comte du domaine des Moulins, 1961-2001 ". Pendant ce temps, Sophie m'entraînait toujours à travers la maison, et ne s'arrêta qu'au bout de cinq minutes, devant une grande porte en bois massif. Je m'arrêtai aussi, l'air intimidé.
- Hé bien entre, nigaud, me lança-t-elle d'un air taquin.

Rougissant un peu, je tournai timidement la poignée de porte. Dans un grincement, la porte massive s'ouvrit, et ma chambre m'apparut. Je fut assez impressionné. Un grand lit rustique tenait au milieu de la pièce, reposant sur de riches tapis persans. Les murs étaient recouverts d'une tapisserie à fleurs. Je remarquai également la présence d'une armoire lorraine, meuble ancien et recherché, ainsi que d'une commode tout aussi rustique, de deux tables de chevet entourant le grand lit, d'un secrétaire, et, chose assez particulière, d'une coiffeuse avec un miroir.
- Alors, elle te plaît ta chambre, grand frère ? Demanda malicieusement Sophie.
J'acquiesçai. Bien sûr qu'elle me plaisait. Sophie m'indiqua également la salle de bain attenante à ma chambre, et me fit visiter le reste de la maison, ainsi que les jardins. Nous croisâmes ma mère adoptive et mes deux autres sœurs dans la roseraie.
- Alors, demanda Mme de Champaubert, ta chambre est-elle à ton goût.
- Oh oui madame, répondis-je, tout à fait à mon goût !
- Heureuse qu'il en soit ainsi., répliqua-t-elle. Par contre, dorénavant, je voudrais que tu cesses de m'appeler madame, et que je sois désormais " maman " pour toi. Et cesse de me vouvoyer s'il te plaît.

Elle avait dit ça avec un tel sourire et sur un tel ton qu'il me fut impossible de répondre autre chose que : " Oui maman ". La journée se termina par un repas en famille, au cours duquel nous parlâmes de nos vies respectives, mes sœurs et moi. Elles s'intéressaient à mes études, à mes centres d'intérêts. Sophie fut assez audacieuse pour demander ce qu'il en était de ma vie sentimentale, et sa mère, me voyant rougir, lui demanda en riant de cesser de me torturer dès le premier jour. Quand je montai me coucher, j'étais aux anges. J'avais retrouvé une famille, et quelle famille ! Même dans mes rêves, je n'avais pas imaginé un tel bonheur.

Le lendemain matin, en me réveillant, la première chose que je fis fut d'ouvrir mon armoire pour prendre des vêtements propres et aller me laver. Nous étions lundi, mais c'était alors les vacances d'hiver, et je n'irais donc pas en cours pendant deux semaines, ce qui me laisserait le temps de m'habituer à ma vie nouvelle. Quand j'écartai la porte de l'armoire, je failli avoir un petit cri. Les vêtements qu'elle contenait étaient des vêtements de femme ! Dans la penderie je pouvais voir d'élégantes robes de soirée et de splendides manteaux. Les étagères regorgeaient de chemisiers, de jupes, et de lingerie. Etonné, je refermai prestement l'armoire, et ouvrit la commode. A mon grand soulagement, j'y retrouvai mes affaires, placées ici par un domestique durant la journée d'hier. Choisissant une tenue décontractée, je parti me laver, puis, fin prêt, je descendis prendre mon petit déjeuner. Toute la famille était présente à table, en robes de nuit, dont certaines étaient relativement… attirantes. Devant mon air étonné, ma mère sourit.
- Mon grand, tu vas devoir t'habituer à vivre dans une maison de filles ! Tu es le seul homme de cette demeure, même les domestiques sont toutes des femmes ! Tu es drôlement énergique le matin, déjà lavé et habillé ! C'est un peu contraire à nos habitudes, nous sommes des feignantes ici !
Et elle partit d'un éclat de rire, suivie presque aussitôt par mes sœurs, et finalement par moi aussi. Je pris place à table et commençai à déjeuner. Mais une question trottait dans ma tête.
- Maman ? J'aimerais savoir pourquoi l'armoire de ma chambre est pleine de vêtements de femme.
Ce fut Marie qui répondit.
- Tu sais Michel, fit elle doucement, il y a douze chambres dans cette maison. Nous entreposons donc le linge de la famille dans un peu toutes les pièces de cette demeure. C'est donc pour cela qu'il y a des affaires de femme dans ton armoire. Elles étaient à moi d'ailleurs, mais c'est une partie de ma garde-robe que j'ai délaissée ! Si ça te gène on pourra les enlever.
- Non, ça ira, répondis-je, sans trop savoir pourquoi. C'était par simple curiosité.
- Ca, intervint Jeanne, tu vis dans un monde de filles, alors attends-toi à ce genre de surprises !

Encore une fois, nous rimes, et j'achevai de prendre mon petit déjeuner. Les vacances se déroulèrent dans le même esprit, et j'appris à mieux connaître mes sœurs et ma mère. J'étais particulièrement complice avec Sophie, qui m'emmenait souvent dans le parc entourant le château, pour m'en faire découvrir les moindres recoins. J'eus même droit à la visite des passages souterrains, bâtis un peu avant la révolution, et qui rejoignaient une cache dans le village tout proche. Quand je retournai en cours, ce fut plus motivé et heureux que jamais.

Les cinq semaines de cours qui me séparaient des vacances de printemps me parurent durer une éternité dans ma petite piaule d'étudiant, sitôt que je pensais à ma chambre aux Moulins. Cependant, j'étais plus appliqué que jamais dans mes travaux. Ma thèse avançait pas à pas, entre les journées passées dans les laboratoires et les soirs passés à l'étude. Bon, soyons honnête, je m'autorisais tout de même des sorties en soirée, le monde étudiant étant fleurissant de soirées dansantes et autres fêtes, parfois arrosées…

Au début du mois d'avril, je pliai bagages, et prit le train direction Montier en Der, très enthousiaste à l'idée de retrouver ma famille et ma nouvelle maison pour ces vacances. Je disposais à nouveau de deux semaines de vacances, que je comptais employer aussi bien au repos qu'au travail, cette histoire de cellules souches monopolisant toute mon attention. Mon arrivée était attendue, et dûment guettée. A peine avais-je posé le pied en dehors du taxi qui m'avait conduit à la propriété de ma mère qu'une troupe de femmes accourut vers moi, sourire aux lèvres.
- Bonjour mon grand, dit ma mère en souriant. Heureuse que tu sois à nouveau des nôtres.
Je fis la bise à ma mère, puis à mes sœurs, en commençant par Sophie.
- Alors, toujours sur tes cellules petit frère ? Demanda Marie.
- Oui, d'ailleurs, j'ai ramené du travail à la maison.
- Toi, t'es vraiment un rat de bibliothèque, se moqua Sophie. On va te les faire oublier tes bouquins !

Nous rentrâmes tous les cinq prendre une collation dans le salon, où j'eus l'occasion d'annoncer à ma famille l'avancement de mes travaux. J'en étais alors à un stade critique, où les échantillons mis en culture dans le laboratoire pouvaient très bien tous avorter, ce qui ruinerait six mois de travaux. Cependant, un point tout à fait différent intéressait Sophie.
- Dis moi voir Michel, demanda-t-elle, quand tu manipules, tu fais comment avec tes cheveux longs ?
- Bah, répondis-je, surpris, je les attache. Ou alors je les natte dans le dos, pourquoi ça ?
- Ca se voit, ils sont tous secs et marqués par les élastiques, renchérit-elle… Tu n'en prends pas vraiment soin !
- Et alors, répondis-je, de plus en plus étonné, et un poil vexé même. Ils ne me dérangent pas plus que ça tels qu'ils sont. Et puis, si c'est là que tu veux en venir, il est hors de question que je les fasse couper !
- Je ne pensais pas du tout à ça, fit-elle de son air espiègle. Mais à force de les traiter de la sorte, tu seras chauve bien avant l'âge. Il faut soigner tes cheveux si tu ne veux pas les perdre par poignées d'ici cinq ans.
Là, elle marquait un point, et de vieilles craintes remontaient soudain à mon esprit. J'ai toujours adoré mes cheveux, et je ne me voyais pas les perdre si jeune, et finir comme la plupart de mes professeurs d'université, qui portent souvent une tonsure bien marquée…
- Et… Et tu me conseilles quoi, toi qui est si maligne ? Demandais-je.
- Que tu me laisses m'en occuper mon grand, répliqua ma jeune sœur, avec un sourire non-dissimulé.

Les gloussements discrets de mes autres sœurs et de ma mère me mirent en tête que ceci cachait quelque chose. Cependant, j'y accordai peu d'attention, préoccupé par le spectre de la calvitie, qu'agitait frénétiquement Sophie, avec un plaisir évident. Il faut tout de même préciser que ma petite sœur était coiffeuse-esthéticienne de formation, et qu'elle avait un salon au village de Montier en Der. D'aucun disaient que ça n'était pas un travail pour une fille de famille aristocrate, ce à quoi ma mère répondait qu'aucun de ses enfants ne serait nourri à rien faire, comme c'est trop souvent le cas dans ce genre de familles, et qu'il n'y avait pas de sot métier. Ainsi, Marie avait décroché son diplôme de sage-femme et officiait dans une maternité près de Montier en Der. Quant à Jeanne, elle était la seule des trois filles à être encore aux études, en faculté de droits à Nancy, pas très loin de moi donc.

Après le repas de midi, Sophie me fit donc monter dans une des salles de bain de la maison. Me shampooinant les cheveux consciencieusement, elle les rinça, puis les essora. J'appréciais beaucoup le shampooing, n'est-il pas en effet agréable de se faire masser le cuir chevelu par des mains douces et expertes. Après avoir lavé mes cheveux, elle y appliqua un baume crémeux, en massant patiemment ma masse capillaire. Tout en travaillant, elle m'expliqua que le baume en question était destiné à soigner mes cheveux secs et abîmés, et les rendre plus doux et plus brillants. Elle laissa agir le baume en question pendant un petit quart d'heure, puis rinça à nouveau le tout. Quand je la vis s'essuyer les mains puis prendre les ciseaux, je protestai vivement.
- Il n'est pas question de couper mes cheveux, criai-je.
- Effectivement, il n'en est pas question, répondit-elle. Mais il faut couper les pointes fourchues et équilibrer un peu ta coupe, je ne toucherai en rien à la longueur !

Confiant, je la laissai travailler. Je vis un peu de cheveux tomber à terre, ce qui me rassura. Elle n'était pas en train de massacrer trois années de patience à guetter la croissance lente de la fibre capillaire… Ayant passé un petit moment à couper des cheveux à droite et à gauche, elle posa finalement sa paire de ciseaux avant de sortir d'une petite mallette… Des bigoudis !
- Mais enfin, protestai-je, tu ne vas quand même pas me mettre des bigoudis !
- Tu as une nature de cheveux qui a tendance à friser, mon cher frangin, répliqua-t-elle non sans sourire. En les bouclant, je t'assure un contrôle sur ta coiffure, et j'empêche les frisottis !

Encore une fois, je me laissai convaincre par son regard espiègle mais charmant. Elle finit de placer les bigoudis puis mis un filet et me passa au casque. J'avais l'air d'un drôle de cosmonaute, avec tout cet appareillage. Un bon moment passa, pendant lequel j'achevai la lecture de Dune, de Frank Herbert. L'affreuse machine bipa au moment où Paul Atréides finissait de tuer Feyd Rautha Harkonnen sous les yeux de l'Empereur déchu (pour les connaisseurs ;-) ). Sophie, occupée à côté, rentra dans la salle de bain et me retira casque, filet et bigoudis, libérant une quantité impressionnante de boucles. Puis, avec un signe de tête, elle m'indiqua que c'était fini et que je pouvais profiter du miroir. Je failli tomber à la renverse. Non seulement mes cheveux, d'habitude ternes et crépus, s'étaient transformés en une cascade de boucles brunes brillantes et douces, mais en plus ma sœur m'avait fait une frange sur le devant du front, ce qui donnait à ma coiffure un aspect indéniablement féminin. Féminin, certes, mais pas pour autant déplaisant. La coupe s'alliait à merveille avec mon visage fin et imberbe, même si elle me conférait un aspect trop fille à mon goût. Une sensation étrange de satisfaction émerveillée mélangée à une certaine gêne s'empara progressivement de moi.
- Alors, satisfait ? Lança Sophie, visiblement heureuse de sa réalisation.
- Hé bien, fis-je, toujours en proie à cette étrange sensation, c'est très joli, mais… Un peu trop féminin à mon goût.
- Oh, je t'en prie, lâcha-t-elle en haussant les épaules, ça te va vraiment bien, et ce n'est pas parce que certains pourraient te dire que ça fait un peu trop fille qu'il faut en rougir, soit toi-même. Ca te plaît oui ou non ?
J'acquiesçai assez franchement.
- Alors n'en fait pas tout un plat, continua-t-elle, si tu aimes, ça ne regarde que toi !

Disant ces mots, elle me gratifia d'un grand sourire, puis, sans que je la voie venir, d'un baiser fugace sur le front. Je rougis presque aussitôt, ce qui la fit beaucoup rire. Je l'aidai à ranger ses affaires, en proie à une sensation de doute et d'émoi. Nous descendîmes ensuite pour montrer le travail de ma petite sœur. Maman, Jeanne et Marie furent très surprises, me complimentant sur la beauté de ma coiffure, et félicitant celle qui en était à l'origine. Nous goûtâmes rapidement, puis Sophie remonta avec moi, pour m'expliquer comment entretenir ma coiffure et comment poser les bigoudis quand je souhaiterais laver mes cheveux. La journée finit doucement, et quand je partis me coucher, j'étais fatigué mais heureux, et très satisfait de cette coiffure. Je pensai que ce style féminin ne me déplaisait pas tant que ça finalement, mais, à peine cette pensée m'était-elle venue, qu'à nouveau la gêne s'empara de moi.
Qu'arriverait-il si ceci me plaisait un peu trop ? Cette nuit là, je rêvai que mes camarades de thèse m'appelaient mademoiselle…

Quelques jours passèrent, que je mis à profit pour travailler. J'avais commencé à prendre l'habitude de m'occuper de ma coiffure, ce qui semblait plaire à Sophie. Il y avait quelque chose qui s'établissait entre nous, quelque chose qui semblait dépasser la simple relation frère-sœur. Ce jour là, nous étions tous les deux dans la roseraie, en train d'admirer les résultats du travail du jardinier. En ce mois d'avril avancé, les premières roses éclosaient, et leurs couleurs étaient magnifiques.
- Tu verras, me dit Sophie, quand elles seront toutes écloses, d'ici une semaine, l'arrangement des couleurs est impressionnant.
J'opinai de la tête, puis, un peu perdu dans mes réflexions, je rongeai sans trop y faire attention mes ongles. Sophie le nota immédiatement.
- Ah non, cria-t-elle, pas de ça ! Il est hors de question que tu ronges tes ongles comme ça, c'est dégoûtant, inesthétique et à terme tu risques un œdème ! Viens avec moi !

Et, sans que je puisse dire mot, elle m'entraîna dans ma chambre. Elle me fit m'asseoir devant la coiffeuse et m'intima de ne pas bouger en l'attendant. Elle ne fut pas longue, et ramenait un petit vanity-case, duquel elle sortit des limes, des pinces, des ciseaux et d'autres ustensiles de manucure, ainsi que plusieurs vernis. Puis, prenant ma main droite, elle entreprit une manucure.

- Mais enfin, je n'ai pas besoin de manucure ! Me défendis-je.
- Tu ronges tes ongles, c'est quelque chose de dégoûtant ! Il vaut mieux les soigner comme ça, tu auras de plus jolies mains. Allez, laisse-toi faire !

J'obéis. Elle repoussa tout d'abord la cuticule sur mes ongles, puis entreprit de les limer. Malgré leur petite taille, elle les arrondit de manière visible. Ensuite, elle passa une base de vernis, en m'expliquant que celui-ci protégeait les ongles, en les rendant plus résistants, et qu'il décourageait toute tentative de les ronger à cause de son goût écœurant. Pour finir, elle passa une autre couche de vernis rose, et laissa sécher.
- Voilà, c'est mieux comme ça, sortit-elle, tu ne trouves pas ? A l'avenir, tu les laisseras pousser, et je les taillerai progressivement en amandes, d'accord ?

Encore une fois, j'acquiesçai. Ce soin m'avait beaucoup plût, et je trouvais que mes ongles vernis étaient plutôt jolis. Sophie me prit soudainement la main, et la posa contre sa joue. Puis elle me gratifia encore d'une de ses grands sourires. Cette fois-ci, c'est moi qui m'approchai d'elle pour l'embrasser. Elle ne bougea pas quand elle vit mon visage s'avancer et je la sentis frémir quand mes lèvres se posèrent sur les siennes. Ce baiser chaste passé, je me reculai doucement. Son sourire n'avait pas changé, et ses jolis yeux verts en disaient long. Elle caressa un peu ma main, et s'arrêta soudain.
- Tu as les mains poilues mon chéri, dit-elle, c'est peu agréable tu sais…
- Si.. Si tu le dis, répondis-je, troublé par le " mon chéri ", qu'elle venait de prononcer.
- Ca t'embête si je t'épile un peu ? Me demanda-t-elle

Je fus incapable de refuser, et à peine avait-elle rangé son attirail de manucure qu'elle sortait celui d'épilation. J'avais les mains assez poilues, et il en était de même pour les bras. Pendant qu'elle faisait chauffer la cire, elle m'expliqua qu'elle s'occuperait de mes bras en même temps que les mains, et peut-être des aisselles. J'allais un peu protester quand elle se pencha sur moi pour m'embrasser, ce qui fit avorter purement et simplement toute tentative de protestation. Entre-temps, la cire avait fini de chauffer, et elle l'appliqua en bandes, avant de poser dessus un ruban de toile, qu'elle arrachait rapidement. C'était assez douloureux, mais le regard de Sophie atténuait la douleur et décuplait mon courage. Elle commença par le bras droit, et descendit jusqu'à la main, puis fit de même à gauche. Quand ce fut fini, elle me demanda de lever les bras et de retirer mon T-Shirt, et épila mes aisselles. Ce fut bien plus douloureux que les bras, et je commençai à regretter. Heureusement, elle travaillait assez vite, et eut fini plus rapidement que prévu. Quand elle eut fini, elle prit ma main gauche et la passa sur mon bras droit fraîchement épilé. Je fus surpris de sentir comme ma peau était douce et comme les sensations étaient plus prononcées quand la peau était à nu.
- Ca te va ? Demanda-t-elle.
- Oui, plutôt, c'est très doux, répondis-je.
- Ca te dit que demain je m'occupe de ton torse et de tes jambes ? Demanda-t-elle à nouveau. Ca sera aussi agréable que tes bras.
- Oui, je veux bien, acquiesçai-je. C'est plutôt étrange, mais je crois que j'apprécie plutôt bien ces soins là.
- Tu n'es pas le seul, pouffa-t-elle. Si tu savais le nombre d'hommes que je vois venir dans mon salon. Ca devient petit à petit à la mode.

Finissant sa phrase, elle passa sa main dans mes cheveux, puis me donna encore un baiser, tout en caressant tendrement ma main. Puis elle rangea tout son attirail et le redescendit dans sa chambre. Nous descendîmes ensuite dans le jardin, main dans la main. Nous discutions un petit peu de mon travail, puis elle revenait sur ses considérations esthétiques. Elle m'expliqua qu'elle avait horreur des poils, " sauf à certains endroits bien sûr ", et que c'était pour cela qu'elle m'avait poussé à m'épiler. Nous marchâmes jusqu'à la roseraie pour nous asseoir sur un banc couvert par un rosier grimpant, qui formait une sorte de voûte au dessus de nous. Elle tenait ma main assez fermement, bien que toujours très tendrement. Je passai instinctivement mon bras autour de sa taille, et presque aussitôt elle fit de même. Puis elle me donna à nouveau un baiser fugace sur les lèvres, ce qui provoqua un émoi terrible chez moi. Je sentais sa main frissonner de plaisir. Nous fûmes interrompus par ma mère, et la crainte s'empara de moi. Il me vint immédiatement à l'esprit que Sophie, malgré l'absence totale de lien de sang, était tout de même officiellement ma sœur, et que c'était de l'inceste, bien que sans fondements. Mais, en examinant le visage de ma mère, je n'y lus que de la joie.
- Ah, vous êtes là tous les deux, s'exclama-t-elle, rieuse. On aurait dû parier avec Marie et Jeanne, j'aurais gagné une boîte de chocolats. Vous faites un beau couple.
Je ne savais quoi répondre, et, comme je ne disais mot, maman s'approcha de moi. Son regard se porta sur mes mains, et elle sourit.
- Ca te va bien, les ongles manucurés, me dit-elle. Et tu es épilé aussi. Sophie fait du bon travail, mais méfie-toi, les hommes font beaucoup de choses pour les beaux yeux d'une jolie fille. D'ici peu, elle te fera porter de la dentelle !

Elle ponctua sa réplique d'un joli éclat de rire, puis repartit vers la demeure. Nous fîmes de même Sophie et moi, et nous nous installâmes à table. Le repas fut assez animé, Jeanne, Marie et Maman plaisantant sur notre idylle et discutant des soins esthétiques que Sophie me prodiguait. Assez fatigué, je montai me coucher.

Le lendemain, après déjeuner, Sophie m'invita à la rejoindre dans la salle de bain. Elle déboutonna ma chemise, puis mon pantalon, et m'enleva mes chaussettes. J'étais en caleçon, quand elle commença à déposer la cire sur mon torse. Toujours cette douleur lorsqu'elle arrachait les bandes de cire une à une. Elle passa ensuite au dos, et baissa mon caleçon pour épiler mes fesses, qui étaient, il est vrai, très poilues. Elle recouvrit ensuite mon derrière avec mon caleçon avant de me demander de me retourner. Là, elle me fit remonter les jambes du caleçon jusqu'à l'aine, pour pouvoir m'épiler le maillot avant de faire la jambe droite, puis la gauche. Mon corps était en feu, mais, paradoxalement, je ne m'étais pas encore senti si bien qu'aujourd'hui. J'avais une peau très douce, et quand Sophie passa ses mains sur mon torse épilé, le contact me fit frissonner. Je me rhabillai, et Sophie me prit dans ses bras, posant sa tête contre ma poitrine. Nous restâmes assez longtemps dans cette position agréable.

La journée se termina assez vite, et je commençai à m'habituer à avoir les jambes toutes douces. Les vacances se terminèrent bien vite, un peu trop à mon goût, partageant mes journées entre mes promenades en amoureux avec Sophie et mes études. J'en oubliai totalement mon changement de look, et mon arrivée à l'université fit l'effet d'un petit ouragan. En effet, la veille de mon départ, Sophie s'était une nouvelle fois occupée de mes ongles, qui avaient poussés, et leur avait donné la forme d'une petite amande. Pas encore comme les ongles d'une femme, mais pas loin. Sans compter qu'elle les avait à nouveau vernis en rose. Ceci ajouté à ma coupe de cheveux fit que mes collègues eurent de la peine à me reconnaître au départ. Ces changements m'avaient un peu marginalisé, mais j'étais dans un monde de scientifiques, qui comptaient avant tout sur la qualité du travail. De plus, la légendaire distraction des scientifiques fit que bon nombre ne remarquèrent tout simplement pas, ou n'y accordèrent aucun crédit.

Quoiqu'il en soit, je me replongeai dans mon travail avec acharnement. Les premiers résultats étaient tombés, et ils étaient probants. Suivant le milieu dans lequel on les plaçait, les cellules d'embryons de lapin se différenciaient en différents organes, ce qui corroborait bien notre théorie. Je commençais à récolter un peu de reconnaissance de mes collègues, et Dieu sait si j'en étais fier ! Mon temps fut partagé en trois cette fois ci : les études, tout d'abord, les sorties, comme toujours, mais aussi, à intervalles réguliers, des visites dans un salon d'esthétique que m'avait conseillé Sophie, pour continuer mes soins de manucure et d'épilation. La jeune femme qui s'occupait de moi régulièrement m'avait pris en sympathie, et nous échangions des trucs de beauté. J'avais pris goût à soigner mes cheveux et mes ongles, à tel point que j'avais acheté, en plus de la base que m'avait donné Sophie et du rose qu'elle me mettait régulièrement, d'autres flacons de vernis à ongle. Je disposais désormais de jolis ongles en biseau semblables à ceux des femmes, et je les parais de couleurs discrètes mais tout de même remarquables.

Au travail, certains collègues me le firent remarquer, puis, n'étant pas vraiment dérangés par ce changement, l'acceptèrent tout à fait. Le plus drôle fut qu'une de mes collègues commença à me demander des conseils en la matière, puis m'accompagna finalement au salon d'esthétique. Elle s'appelait Patricia, et nous devîmes bons amis. Elle avait à peu près la même chevelure que moi, avant que Sophie n'intervienne. Je lui expliquai ce que je faisais régulièrement et l'état de ses cheveux s'améliora considérablement. Nous étions extrêmement complices, et souvent, au labo, nous piquions des fous-rire pour un oui ou pour un non.

Partie II
par Deedlit

L'été pointa son museau, et, fin juin, je repartis chez moi à Montier en Der. Maman avait refusé que je reste travailler un mois à l'université, argumentant qu'elle avait les moyens de me payer des études sans que j'ai à travailler à côté. Mon retour fut au moins aussi surveillé qu'aux dernières vacances, et Sophie fut la première à se jeter dans mes bras à ma descente du taxi, pour me donner un tendre baiser. Dieu qu'ils m'avaient manqué ces baisers ! Après avoir fait la bise aux autres, Jeanne exceptée, car elle n'était pas encore rentrée de Nancy, et avoir fait un brin de causette, je m'éloignai un peu avec Sophie. Ce jour là, j'avais mis un vernis à ongles doré, très à mon goût, et ma petite amie le remarqua.
- Mais, Michel, qu'est-ce que c'est que cette couleur sur tes ongles ? S'étonna-t-elle. Tu as acheté d'autres vernis ?
- Oui, répondis-je, j'avais envie de changer de couleur.
- C'est formidable, lança-t-elle avec un grand sourire. Je ne pensais pas que ça te plaisait tant que ça !
- Hé bien, fis-je, un peu gêné, ça n'est pas si mal et puis c'est plutôt joli je trouve.
- Tu as raison ! S'exclama-t-elle.
Elle marqua une pause de quelques secondes, puis reprit :
- Ca te dirait d'essayer d'autres choses cet été ?
Je mis plusieurs secondes avant de comprendre sa question.
- Tu… Tu entends quoi par " d'autres choses " ? Demandai-je, connaissant en moi-même sa réponse.
- Hé bien, si tu es d'accord, j'aimerais bien voir si le maquillage t'irait bien. Ca te dit ?
Cette vieille sensation, mélange de gêne, de réticence, mais aussi d'envie et d'excitation me reprit. L'envie fut pourtant la plus forte.
- Heu… Pourquoi pas, après tout, répondis-je finalement.
- Génial, lança Sophie visiblement comblée, viens avec moi dans ta chambre !

Je la suivis donc jusque dans mes appartement, non sans un peu d'étonnement quant à son enthousiasme. A moins qu'on m'ait raconté des mensonges jusque là, une fille aimait généralement un garçon pour sa virilité et son comportement masculin, or, là, Sophie m'encourageait à faire exactement l'inverse de ce qu'elle aurait dû, en théorie, apprécier. " Ceci dit, chacun voit midi à sa porte ", pensais-je. De plus, force était de constater que cette situation, avec tout ce qu'elle comportait d'étrange et d'anormal, me plaisait indéniablement. J'aurais sûrement le temps de repenser à tout ça plus tard, pour le moment, j'étais plutôt intéressé par ce qu'allait me faire ma petite amie. Arrivé dans ma chambre, elle me fit m'asseoir devant la coiffeuse. Je ne pu réprimer un petit cri lorsqu'elle ouvrit un des tiroirs du meuble en question. Au lieu d'être, comme je le pensais (je n'étais pas curieux et n'avais jamais fouillé les tiroirs inconnus de cette chambre, sinon pour y mettre mes propres affaires), vide, le tiroir de la coiffeuse contenait plusieurs boîtes, tubes, et autres flacons de produits cosmétiques, qui m'apparaissaient comme très récents, compte tenu des publicités que j'avais eu l'occasion de voir à la télé. Ma Sophie sortit plusieurs tubes de fond de teint, une palette de fard à joue, une autre, très complète, de fards à paupière, ainsi que divers rouges à lèvres.
- Bon, on va procéder progressivement, me dit-elle. Aujourd'hui, on va faire quelque chose de léger, et puis petit à petit, je t'apprendrai à faire des choses plus complexes. Bon, quelques recommandations. Premièrement, tu dois être parfaitement rasé pour commencer à te maquiller. Deuxièmement, on ne maquille pas un visage comme ceci. Malgré ton visage fin, tu as des traits masculins. Il faudra donc que tu saches modifier la forme de ton visage avec des fonds de teint différents et des blushs avant de commencer véritablement à te maquiller. C'est la partie la plus complexe, parce que sa réalisation aura beaucoup d'influence sur le reste du maquillage. Si tu la bâcles, tu auras l'air d'un garçon maquillé. Alors, fais bien attention, d'accord ?

J'acquiesçai, tout en pensant qu'elle venait de dire ni plus ni moins qu'elle souhaitait qu'on ne voit plus du tout mes traits masculins. Mais, curieusement, la sensation de gêne s'estompait, remplacée par un sentiment de curiosité et, chose nouvelle, de coquetterie. J'avais envie, au fond de moi, d'avoir un visage féminin. Encore une drôle de réflexion, que je mis de côté pour pouvoir l'analyser plus tard, sûrement par déformation professionnelle.

Sophie commença par appliquer une base de teint sur mon visage. Visiblement, la crème éclaircissait mon visage, rendant certains de ses angles plus doux. Puis elle sortit une houppette, et commença à poudrer certaines parties de mon visage, tout en m'expliquant qu'elle créait un jeu d'ombres et de lumières qui estomperait les derniers angles durs de mon visage. Elle sortit ensuite le blush, et donna une couleur plus vive à mes pommettes. J'avais déjà peine à reconnaître la jeune femme qui apparaissait dans le miroir, alors que Sophie n'avait fait que modifier certains traits, sans vraiment me maquiller.

C'est à ce moment là, que, satisfaite, ma jolie Sophie commença à s'occuper de mes paupières, y déposant un dégradé de couleurs, orangé à l'intérieur, tirant progressivement vers le rose pâle à l'extérieur. Puis, attrapant un rouge à lèvres rouge clair, elle termina son travail. J'étais méconnaissable. La coupe de cheveux, le maquillage, mes mains, tout cet ensemble, assez harmonieux, rendait impossible de m'identifier comme étant un garçon. Ma petite amie semblait ravie du résultat.
- Hé bien, je ne pensais pas que ça serait si réussi pour le premier coup, s'écria-t-elle. Tu en penses quoi ?

Ce que j'en pensais ? Hum… J'étais en train de me redécouvrir. Ce visage féminin, ces traits doux, ces jolies couleurs, tout ça m'enchantait. Je n'avais jamais pensé que ce genre de choses me plairait, mais là, j'étais bien obligé de me rendre à l'évidence : ceci me comblait. Pour la première fois de ma vie, je commençais à envier les femmes qui avaient la chance d'avoir un si joli visage.
- Hé bien… Fis-je, hésitant. C'est magnifique.

Le sourire quasi-spontané de Sophie m'indiqua qu'elle était aux anges de m'entendre dire ces mots. Prenant ma main, elle s'approcha de mon visage. Je fis de même. Et cette fois-ci, au lieu d'un baiser fugace, comme nous en avions l'habitude, j'eus droit à un profond et langoureux baiser. Sensation d'autant plus agréable que le fait d'embrasser avec les lèvres maquillées était nouveau pour moi. Un frisson de plaisir partit du bas de mon dos, et remonta jusqu'à ma gorge. Quand nous cessâmes notre étreinte, mon sourire affichait combien j'étais comblé, et un regard m'informa qu'il en était de même pour ma bien-aimée.
- Je t'aime, me dit-elle.
- Moi aussi je t'aime Sophie, répondis-je.

A nouveau, nous nous embrassâmes longuement. Puis, comme il ne faut jamais abuser des bonnes choses, sous peine de ne plus les apprécier (ce dont je doutais fortement en ce qui concerne les plaisirs d'amours), nous rangeâmes les produits. Alors que je fermais le tiroir, un léger doute me traversa l'esprit.
- Chérie, demandais-je, que faisaient ces produits dans le tiroir de ma coiffeuse ?
- Hé bien, répondit-elle, visiblement gênée, ils sont pour toi. C'est moi qui les ai achetés avant que tu rentres, dans l'espoir de te convertir à leur utilisation. Je pensais que tu y serais un peu plus réticent, mais je me trompais visiblement. Tu sais, je suis vraiment contente que tu ais accepté de te laisser maquiller, tu es vraiment joli comme ça.

Je souris. Ca lui plaisait, et moi aussi. J'ignorais jusqu'où ça irait, mais quelque chose était en train de naître en moi. J'étais un peu comme ces boutons, dans la roseraie, qui commençaient à peine à s'ouvrir. Sortant de mes rêveries, j'accompagnai Sophie en bas, où nous retrouvâmes Maman et Marie. Leur visage en disait long.
- Michel, demanda maman, c'est toi ? Vraiment ?
J'opinai de la tête assez franchement, en souriant. Ma mère et ma grande sœur me rendirent ce sourire.
- Hé bien, s'exclama Marie, tu es vraiment pas mal comme ça ! Qui devinerait que ce joli visage féminin est en réalité celui d'un garçon ?
- Oui, renchérit maman. Il donne le change à merveille ! Bon, et si on mangeait ?

Nous répondîmes tous oui avant de nous précipiter au salon. Comme toujours, la discussion fut très animée, et j'en appris un peu plus sur ma mère adoptive. Elle m'expliqua être la fille d'un couple de roturiers, remarquée dans une fête de promo par M. de Champaubert. Malgré toutes les réticences de sa famille, cet homme épousa finalement celle qu'il avait choisi, en dépit de ses origines modestes. Ce qui lui valut d'être temporairement déshérité. Ils avaient alors vécu tous deux dans une petite chambre de bonne à Metz, lui poursuivant ses études de droit, elle travaillant comme secrétaire à plein temps. Le travail dur et les sacrifices payèrent, et feu le mari de ma mère fut engagé dans un cabinet assez renommé de l'est de la France. Il défendit plusieurs affaires délicates, et en sortit toujours victorieux, ce qui créa une sorte de médiatisation autour de ce personnage. Puis, en 1984, coup d'éclat : ouverture de l'affaire De Champaubert contre De Champaubert ! Le jeune avocat traînait ses parents en justice pour réparer l'injustice qu'il avait subi en étant déshérité (il est à noter qu'il était le seul et unique enfant de ses parents). Le procès dura plus de deux ans, Louis Alphonse étant, bien entendu, son propre avocat. Pour finir, il obtint gain de cause, ainsi qu'un conséquent dédommagement pour préjudice moral. Sa mère n'y résista pas et décéda quelques mois plus tard, suivie de près par son mari, qui la rejoint un an plus tard. La propriété des Moulins ainsi que l'ensemble des biens de la famille revinrent donc au fils, et c'est ainsi que lui et ma mère s'installèrent dans cette jolie maison. Maman évoqua, en riant, que depuis ce fameux procès, ils avaient été exclus OFFICIELLEMENT de la société aristocratique, ce qui avait eu comme conséquence à l'époque un grand éclat de rire de ma mère et de son défunt mari.

Nous terminâmes de manger, et Sophie m'entraîna dans la roseraie, où nous passâmes une partie de l'après-midi à prendre le soleil. Nous nous éloignâmes ensuite de la maison, pour aller dans un verger tout proche, cueillir les premières cerises. Je passai un formidable après-midi en compagnie de ma bien-aimée, et quand nous rentrâmes le soir, épuisés, mais contents, l'overdose de cerises compliqua un peu notre participation au repas du soir ! Ayant rapidement quittés la table, nous terminâmes la journée couchés sur mon lit, chacun blotti dans les bras de l'autre, à nous embrasser tendrement tout en formulant d'utopiques mais charmants projets d'avenir. Et, tels Vénus et Arès, nous fûmes surpris, non pas par le soleil, mais par Morphée, qui nous entraîna dans les limbes d'un sommeil de plomb, sans que nous nous en soyons rendu compte.

Le réveil fut un peu désagréable. Mais juste un peu. Sophie et moi avions des courbatures d'avoir dormi dans cette position toute la nuit, et ma petite amie accueillit mon réveil avec un grand éclat de rire.
- Mon pauvre chéri, pouffa-t-elle, j'aurais dû penser à te prévenir de te démaquiller avant d'aller au lit. Tu n'es plus très chouette là !

Ainsi, dès que nous nous fûmes levés, je pu constater qu'effectivement, dormir avec du maquillage n'est pas une garantie de beauté au réveil. Sophie sortit un tube de démaquillant, du coton, et m'expliqua comment retirer soigneusement toutes traces de produit. Puis, quand le débarbouillage fut fini, je descendis à la cuisine en pyjama, accompagné par ma Sophie. Le petit déjeuner fut vite expédié, et après un brin de toilettes, je me retrouvai devant ma coiffeuse, avec la plus mignonne des esthéticiennes à mes côtés. Elle me laissa m'occuper de la modification des traits de mon visage, et, à ma grande surprise, j'avais bien assimilé la leçon. Puis elle reprit en main la partie maquillage proprement dite, en appliquant un rouge plus vif sur mes lèvres et du fard à paupière en dégradé de vert. J'eus droit pour la première fois à un coup de crayon noir sur la paupière supérieure.

Les vacances débutèrent ainsi, et les deux premières semaines furent donc l'occasion de séances de maquillage, en plus bien sûr, des nombreuses promenades, sorties, mais aussi des moments plus intimes qu'amène généralement le temps libre. Vers mi-juillet, je reçus, à peine sorti du lit, un appel provenant des labos. Une panne dans le système de climatisation avait nécessité le déplacement en urgence de mes échantillons vers un autre laboratoire, mais le seul déplacement, malgré toutes les précautions, avait causé l'avortement d'un bon quart des cultures. J'étais assez déçu, d'autant plus que mon collègue m'avait signifié par téléphone que, si la situation l'exigeait, il faudrait que je retourne temporairement superviser les recherches. Le cas échéant, il me préviendrait quelques jours à l'avance.

Après ce coup de téléphone assez peu sympathique, je montai dans ma chambre pour me préparer. Comme d'habitude, mes vêtements enfilés, je passai devant ma coiffeuse pour me maquiller. Il faut bien dire qu'avec les leçons de Sophie, j'étais devenu un expert. Etant d'humeur plutôt chargée ce jour là, il en fut de même pour mon maquillage. Les lèvres brun-rouge, les paupières orangée tirant sur le brun, je finissais d'appliquer mon mascara quand Sophie entra dans ma chambre. Sa venue dissipa un peu mon amertume. Ceci dit, je n'étais pas vraiment préparé à ce qu'elle allait me dire, d'où les incidents qui suivirent.
- Bonjour ma chérie, dit-elle en souriant, tu finis de te faire belle ?
L'emploi du féminin dans sa conversation me fit bondir.
- M'enfin, Sophie, répondis-je, pourquoi me parles-tu comme à une fille ?
- Allons, ne fait pas l'idiot Michel ! Tu es coiffé comme une fille, tu te maquilles comme une fille, tu as de très jolis ongles longs et vernis… Ces derniers jours, j'ai même remarqué que tu prenais des tics féminins, il t'est même arrivé de te tromper dans les genres dans la conversation.
C'était vrai. Parfaitement vrai. Et, ainsi énoncée, en ce jour et à cette heure, cette constatation, qui en temps normal m'aurait fait sourire, et très certainement flatté, provoqua une brusque montée de colère envers Sophie, et surtout une grande bouffée de honte à mon égard.
- Hé bien ça suffit ! M'entendis-je crier. Tu m'as poussé pas à pas vers une féminisation que je n'ai jamais souhaité ! Et que je n'ai jamais aimé !

Et, claquant la porte, je partis en courant, les larmes aux yeux. Je dévalai les escaliers, puis sortis en trombe hors de la maison, pour aller me réfugier dans une dépendance boisée du domaine. Je restai plusieurs minutes à sangloter, sans aucunement réfléchir, mon mascara coulant sur mes joues. Puis je revins sur l'événement, et je réalisa à quel point j'étais stupide d'avoir réagi de la sorte. J'étais parti sur un coup de sang, j'avais dis des choses que je ne pensais pas le moins du monde à ma douce. Parce que ce processus qu'elle avait engagé, le physique qu'elle avait modifié chez moi, tout ceci m'avait plu. Plongé dans mes remords, je ne l'entendis même pas arriver. Elle avait les yeux rouges, et je m'en voulu énormément.
- Je savais que tu serais là, dit-elle d'un ton monocorde. Et… Je voulais m'excuser pour ce que j'ai pu te faire tout ce…
- Arrête ! La coupai-je sèchement. S'il y en a un qui doit faire ses excuses ici, c'est moi. J'ai dis tout un tas de choses fausses, que je ne pensais pas. Depuis le début, tout ce que tu m'as encouragé à faire, je l'ai fais de bon cœur. Ca m'a plu dès le début, et ça me plaît toujours. J'ai mal réagi à tes paroles à cause d'une mauvaise nouvelle que l'on m'a annoncé au téléphone. Je m'excuse Sophie.

A mes paroles, ma petite amie s'approcha de moi, puis me prit dans ses bras. J'éclatai presque aussitôt en sanglots, et Sophie m'imita bien vite. Nous restâmes à pleurer tous les deux, puis, la crise de larmes passée, nous rentrâmes à la maison. Là, je montai à ma chambre tandis qu'elle allait à la sienne. Prenant du coton et du lait démaquillant, j'effaçai toutes traces du mascara ayant coulé (Dieu que c'était beau à voir !), et par la même occasion, j'enlevai l'intégralité du maquillage que je portais. Puis, attrapant sans grande motivation le troisième volume du Cycle de Dune (N.D.A : le Messie de Dune, toujours de Frank Herbert, pour les amateurs ;-) ), je m'affalai sur mon lit et tentai d'oublier l'incident. Le soir vint, et quand je descendis manger, je vis bien que Sophie n'allait pas mieux que moi. Nous mangeâmes en silence, et les trois autres (Jeanne étant rentrée depuis) s'abstinrent de commenter la situation, bien qu'ayant remarqué les tensions. Le repas rapidement abandonné, faute à une boule au niveau du larynx, je remontai dans ma chambre. Il ne s'était pas écoulé dix minutes que la porte s'entrouvrait.
- Je peux rentrer, demanda Sophie d'une petite voix.
- Bien sûr que tu peux.
Elle poussa la porte et vint jusqu'à mon lit, sur lequel j'étais allongé. Retirant ses chaussures, elle vint s'allonger à côté de moi, puis me prit dans ses bras, et commença à caresser mon dos. J'eus rapidement des frissons. Puis, se glissant à mon oreille.
- Tu sais mon chéri, si toute cette féminisation ne te plaît vraiment pas, tu es libre de t'arrêter. Je n'ai jamais rien voulu t'impo…
- Chut, lui susurrai-je, en posant un doigt sur ses lèvres. Je t'ai dis que j'appréciais énormément, et je ne reviendrais en arrière pour rien au monde.

Mes paroles eurent beaucoup d'impact sur elle. Je sentis son corps se détendre soudain. Puis elle commença à déboutonner son chemisier, révélant une guêpière rose et violette en dentelle. Enlevant sa jupe, je pus voir que la guêpière se finissait par une culotte assortie, à laquelle s'ajoutait un porte-jarretelles retenant de jolis bas blancs diaphanes. La vue de toute cette lingerie fine sur son corps me provoqua une folle excitation, tant pour des raisons évidentes que pour une envie très étrange de porter la même chose. Commençant à se serrer contre moi, elle défit mon pantalon et ma chemise, et commença à caresser mon torse, puis mon dos, et enfin mes fesses. Puis soudain, comme piquée par un taon, elle me serra très fort et m'embrassa profondément, tout en continuant ses caresses sur mon postérieur. Nul besoin de préciser ce qu'il ce passait au niveau d'une certaine partie de mon anatomie. Le frottement de ma peau contre ses sous-vêtements accentua l'effet excitateur, et je désirai de plus en plus porter moi aussi ces jolies choses. Comme si elle m'avait entendu penser, Sophie stoppa son étreinte, et me regarda dans les yeux.
- Tu sais, si tu veux, tu peux changer de sous-vêtements, me dit-elle, avec un petit regard lumineux.

Le " et comment " que je prononçai la laissa quasiment sans voix. Pas pour longtemps. Fouillant dans la grande armoire qui se trouvait dans ma chambre, elle sortit une guêpière noire en satin, avec le string et le porte-jarretelles assorti. Elle prit également une paire de bas noirs. De ses mains habiles, elle enleva mes sous-vêtements masculins, découvrant mon intimité en " parfait état de marche ". Puis, elle m'intima de me mettre debout et d'enfiler le string. A ma grande surprise, je pus tout y caser sans trop de problèmes. Puis elle m'enfila la guêpière et les jarretelles, auxquelles elle fixa les bas. Le contact du tissu sur ma peau était fantastique, et mon reflet dans le miroir manqua de me faire défaillir. J'étais une femme, sans poitrine, certes, mais une femme très attirante. La suite alla bien rapidement. Je me remis au lit avec Sophie, visiblement excitée par ma tenue. Je sentis à nouveau ses mains parcourir mon corps enveloppé de satin, puis s'égarer longtemps sur la bosse au niveau du string. Elle enleva soudain cette pièce de tissu, et je sentis qu'elle glissait quelque chose sur ma verge. Quand elle eut fini, je la vis baisser elle aussi sa culotte. Ce fut le déclic, et, pour la première fois de ma vie, je fis l'amour avec une fille, vierge de surcroît.

Le réveil fut délicieux. J'avais dormi en guêpière, et le contact du satin sur la peau au réveil était merveilleux. Sophie, allongée à côté de moi, semblait avoir passé elle aussi un merveilleux moment. Elle était à moitié réveillée, lorsque je dégrafai sa guêpière, caressant sa poitrine. Le contact ne dura pas longtemps, mais assez pour lui procurer beaucoup de plaisir. Sortant finalement du lit, je passai quelques minutes à la salle de bain pour me rafraîchir, suivi de très près par ma bien-aimée. N'étant pas douché, je cherchai un pyjama pour descendre prendre le petit déjeuner. Me devançant, Sophie me tendit une nuisette mauve et une culotte en satin verte.
- Tiens, me dit-elle avec son sourire espiègle, je pense que ça te plaira un peu plus.

J'acquiesçai vivement, et ainsi, je descendis prendre mon petit déjeuner vêtu comme une fille. Maman et mes deux autres sœurs ne firent aucun commentaire, mais leurs sourires étaient éloquents. Le petit déjeuner vite pris, je montai prendre ma douche. En sortant, essuyé, il me vint à l'esprit qu'il était hors de question que je mette mes affaires d'homme aujourd'hui, après tout le bonheur que j'avais pu avoir en étant femme. Je fouillai donc l'armoire remplie des anciennes affaires de Marie. Malheureusement pour moi, n'ayant aucune expérience en la matière, je failli faire une crise de nerfs à force de chercher la bonne taille, la bonne couleur, etc.
Heureusement, alors que j'étais sur le point d'abattre une table de chevet sur l'armoire (!), Sophie arriva, avec une petite boîte sous le bras.
- J'ai l'impression que j'arrive au bon moment ma belle, lança-t-elle avec son plus beau sourire. Tu n'as pas encore l'expérience dans ce domaine ! Laisse-moi t'expliquer.

Et, joignant le geste à la parole, elle plongea dans l'armoire en question, en sortit un ensemble de sous-vêtements classiques (soutien-gorges et culotte), mais néanmoins très fin. A ceci, elle ajouta une jolie robe d'été verte, épaules nues et coupe courte. J'enfilai la culotte (et écopai au passage d'un petit commentaire narquois sur la différence de la taille de la bosse entre hier et aujourd'hui), puis, alors que j'allais mettre le soutien-gorges, elle m'arrêta. Ouvrant la boîte qu'elle avait apporté, elle révéla une paire de prothèses mammaires, de celles que l'on colle à même la peau. Je rougis légèrement, et elle le remarqua.
- Quelque chose ne va pas ? Fit-elle en appliquant la colle à postiche sur ma poitrine.
- Hé bien, répondis-je, gêné, c'est que je ne m'attendais pas à avoir des seins tout de suite !
- Ah, ça, ricana-t-elle, il faut bien te donner des formes si tu veux être mignonne !
- Alors allons-y, m'exclamai-je alors qu'elle posait le sein droit. Fais de moi une fille mignonne !
- Ca fait quelque mois que j'y travaille, ma chérie, me dit-elle, un rien moqueuse.

Effectivement, ça faisait à peu près depuis mon arrivée qu'elle passait de longues journées avec moi, à développer à la fois ma féminité et notre passion amoureuse, le tout coordonné à la perfection. Alors qu'elle posait le sein gauche, il me vint à l'esprit que, du garçon relativement viril qui était rentré dans ce foyer, il ne restait pas grand chose. Et ça s'était passé si vite ! J'avais accepté toutes les étapes si facilement que ça m'étonnait encore un peu. Mais, pas tant que ça finalement. Si j'avais accepté tout ceci, c'était parce qu'à mesure que cela avançait, mon envie d'être femme grandissait. Se maquiller, coiffer ses cheveux selon ses envies, donner de jolies couleurs à ses ongles, porter des jupes, des robes, de la lingerie douce, fine et variée, tout ceci était une formidable chance qu'avaient les individus de sexe féminin. Et, à ce moment, rien n'aurait pu me dissuader de revenir en arrière. Sophie avait fini de fixer les prothèses, et elle m'expliqua comment enfiler le soutien-gorges. Quelle sensation d'avoir une poitrine, même fausse, retenue par un fin soutien-gorges. J'enfilai ensuite la robe. M'intimant l'ordre de fermer les yeux, Sophie me fit m'asseoir sur un tabouret, et commença à me maquiller. Elle y mit un soin tout particulier, et quand j'ouvris les yeux, celle que je vis dans le miroir me fit frôler l'attaque cardiaque. Bon j'exagérais un petit peu, mais quand même, quel choc. C'était la première fois que j'étais complètement en fille, et je n'aurais regretté ceci pour rien au monde. Le maquillage était assez discret, mais diablement efficace. Ma coiffure m'allait à ravir, et mes mains, avec mes ongles vert métalliques, s'accordaient à la perfection avec la robe. Me mettant debout, j'eus l'occasion de voir à quel point mes jambes, sans collant, étaient pourtant féminines. Mes hanches, sans aucun artifice, ressortaient plutôt ostensiblement, quant à ma poitrine… Je commençais à comprendre pourquoi les femmes passent leur temps à la mettre en valeur. Le léger bémol était que mes épaules, campé comme j'étais, avaient une vague allure masculine… Sophie me tendit une paire de chaussures blanches aérées à talons bas, et m'expliqua comment les mettre. Je fus ensuite élève d'un cours de maintien et de démarche féminine, qui, vu mes rapides progrès, ne s'éternisa que très peu. Alors que Sophie me demandait de descendre, je n'obéis pas, m'asseyant et retirant mes chaussures. L'étonnement de ma petite amie disparu lorsqu'elle me vit prendre le flacon de vernis vert-métal pour en badigeonner mes ongles de pieds. Rattachant mes chaussures, je descendis vers la cuisine, tenant ma belle par la main. Nous fûmes accueillies par un petit cri d'admiration de maman, tandis que Marie se permettait un sifflement sarcastique, mais néanmoins révélateur. Jeanne, de son côté, se contenta de venir à ma rencontre, et de m'accueillir avec un grand sourire.
- Bonjour petite sœur, dit-elle, et la sincérité brillait dans ses yeux.
- Elle est plutôt pas mal, lança-Marie, à l'adresse de ma mère.
- Ca effectivement, répondit l'interpellée, avant de conclure : j'ai quatre jolies filles.

Ses paroles me firent un effet incroyable. Comme un grand coup de vent, elles balayèrent mes derniers doutes quant à mon envie d'être une fille. Cette soirée là, maman nous emmena au restaurant, et, malgré le monde qui s'y trouvait, et ma crainte d'être repéré, personne ne remarqua quoi que ce soit, et le serveur m'appela mademoiselle sans aucune arrière-pensée. Rentrés, Sophie et moi nous passâmes la nuit ensemble. Il devait en être ainsi toute notre vie.

Dès le deuxième jour, maman avait décidé qu'il fallait me trouver un prénom féminin. Spontanément, je choisi Corinne. Quand mes sœurs et ma mère m'interrogèrent sur la raison de mon choix, je répondis un peu tristement qu'il s'agissait là du prénom de ma défunte mère biologique. Deux semaines de plus s'écoulèrent, que je passai en tant que fille. Puis, un après-midi, de retour d'une promenade, je reçu un coup de téléphone. C'était le labo. On me prévenait que, sur les échantillons restants, certains avaient donné de nouveaux résultats, et que ma présence était requise pour l'interprétation. Et donc, un lundi matin du début du mois d'août, je pris la voiture, direction Nancy, et le laboratoire d'analyse biologique, où les spécimens avaient été temporairement déplacés en cause d'une panne de climatisation survenue deux semaines plus tôt.

Ce jour là, le temps n'était pas très joli. Grisaille, sans pluie, mais températures moyennes. J'avais donc enfilé une petite jupe droite en velours beige, avec un chemisier vert et des bas noirs. Une petite veste en Jean noire complétait admirablement ma tenue. J'étais maquillée moyennement, mais néanmoins de manière à faire craquer bon nombre d'hommes (si tant est que j'en eu envie, ce qui n'était vraiment pas le cas…) Lorsque j'arrivai au laboratoire, j'eu la désagréable surprise d'être stoppée par le gardien.

- Excusez-moi mademoiselle, mais pourrais-je savoir ce que vous venez faire par ici ? C'est un laboratoire de recherches.
- Oui, je suis au courant, mais je suis un des membres de l'équipe. Michel de Champaubert, on m'a appelé hier pour me faire part de nouvelles découvertes.
- Hum, nous avons bien une personne répondant à ce nom mais c'est un homme.
Gaffe ! Mon nouveau mode de vie n'était connu de personne d'autre que de ma mère et mes sœurs, et j'avais oublié de prévenir le collègue qui m'avait téléphoné de ma transformation. Pas très rassuré, je sortis ma carte d'identité et poursuivis.

- Hé bien malgré les apparences, je suis bien Michel de Champaubert. Bien que depuis quelques semaines, on m'appelle Corinne de Champaubert.
- Vous vous moquez de moi, fit l'agent de sécurité. Comment une femme aussi jolie que vous pourrait-être…
- Un homme, le coupais-je de ma voix la plus virile. Hé bien si ! De toute façon, il y a bien un moyen de vérifier si je fais partie du staff de recherche ! Mes empreintes digitales ont dû être enregistrées dans votre banque de données.

Abasourdi, l'agent me laissa appliquer ma main sur la plaque sensible. Aussitôt, la porte s'ouvrit, et la voix éraillée de l'automate annonça : bonjour " M. de Champaubert ". Je rentrai, laissant le pauvre agent de sécurité sans voix. Alors que j'approchais de la salle de réunion où j'étais attendu, je croisai Patricia. Laquelle, remarquant un visage qu'elle ne connaissait pas, m'adressa la parole.
- Bonjour, vous êtes la nouvelle laborantine ? Suivez-moi, c'est par là bas.
- Euh, bonjour Pat ! M'empressai-je de répondre. C'est Michel.
Le plafond aurait pu s'écrouler qu'elle n'aurait pas réagi autant.
- Michel ? Demanda-t-elle, la voix étranglée. C'est vraiment toi ? C'est vraiment toi cette jeune femme si séduisante ?
- Hé bien oui Patricia, c'est moi. Enfin, maintenant, on m'appelle plutôt Corinne. Mais c'est bien moi.
- Ca alors, répliqua-t-elle, tu étais déjà un peu entre les deux sexes avant les vacances, mais là, plus de doutes.
Elle marqua une courte pause, avant d'ajouter.
- Tu comptes rester comme ça toute ta vie ?
- Oui, répondis-je d'un ton assuré, tu as désormais une collègue de thèse !
- Hé bien ça, si je m'y attendais, reprit-elle. Dis-moi voir, tes seins, ce sont des vrais ou bien... ?
- Ce sont des prothèses, répondis-je. Ca ne pousse pas comme ça en un mois !

Terminant notre discussion, Patricia et moi nous rendîmes jusqu'à la salle de réunion, où il fallu un bon quart d'heure avant que mes collègues ne finissent de parler de moi et de ma métamorphose. Certains, je le voyais bien, me lançaient des regards lourds de sous-entendus, bien que, à cette heure-ci, ils étaient troublés par le fait que leur vue leur montrait une ravissante et désirable jeune femme, et que leur conscience les informait qu'il s'agissait d'un transsexuel. Nous passâmes, donc, après cette petite mise au point, à l'ordre du jour. Un phénomène tout à fait extraordinaire s'était produit à propos de cellules mises en cultures après avoir subi un traitement les forçant à la différenciation vers divers organes. Certaines des cultures avaient maintenant pris la forme d'un proto-foie, d'un proto-cœur, etc. En d'autres termes, les cellules se dupliquaient pour donner naissance à des organes neufs, ce qui est théoriquement impossible pour une cellule différenciée !

Nous passâmes toute la journée à débattre de ce sujet et surtout de ses conséquences. Si cette propriété se confirmait sur de nouveaux échantillons, alors il faudrait breveter cette technique, qui permettrait une reconstitution de tous les tissus chez n'importe quel individu, et ce à partir d'une simple cellule de cette personne. D'où une absence d'incompatibilité comme on peut en voir lors d'une greffe.

Quand je rentrai chez moi, très tôt le lendemain matin, j'avais l'impression d'avoir franchi une étape très importante, tant pour ma carrière professionnel que sur le plan personnel. Je m'étais annoncé comme une femme sans qu'il y ait trop d'anicroches au travail, et le projet sur lequel je travaillais fournissait la pleine mesure de ses résultats. Au moment de me coucher, j'eus un vague sursaut : je n'étais pas encore habitué à avoir Sophie à mes côtés.

Les vacances se terminèrent, puis une nouvelle année commença. Vers la fin du mois d'août, ma décision de vivre comme une femme à part entière avait été prise, avec pour conséquence le début d'une hormonothérapie, commencée suite au feu vert d'un psychologue, après à peine deux visites. Je m'étais fais offrir une paire de boucles d'oreilles par ma mère, et j'allais de temps à autre à un cabinet d'esthétique où faire enlever ma barbe au laser.

A partir de cette période, mon corps se transforma peu à peu, et, deux ans plus tard, je sortais d'une clinique privée de Metz, avec un petit quelque chose en moins. Soigneusement conservés dans l'azote liquide à -273°C, mes spermatozoïdes attendaient que, ayant terminé mes études, je désire avoir une descendance. Pourtant, une question restait non-élucidée, et j'attendis un soir pour en parler avec ma fiancée (la cérémonie ayant eu lieu quelques mois auparavant).

- Sophie, demandais-je, j'aimerais savoir quelque chose. Tu as commencé à sortir avec moi alors que j'étais un garçon. Pourquoi m'avoir petit à petit poussé vers le sexe opposé ?
- Hé bien, dit-elle d'un air mi-grave, mi-amusé, j'ai toujours aimé les femmes. Mais quand tu es arrivé, et que j'ai commencé à te connaître, je suis tombé amoureuse de toi. Enfin, du personnage en lui-même, pas du garçon. Au départ, je pensais que notre passion serait impossible, car tu n'étais pas physiquement celle que je désirais. Et puis, j'ai eu cette idée de faire de toi une fille. Ai-je mal fait ?
- Non, répondis-je, pas du tout. M'enfin, nouvelle famille, nouvelles habitudes, et finalement nouveau sexe, il aura fallu que je m'adapte en arrivant dans ma nouvelle maison !

Et, alors que nous riions doucement, je sentis la main de ma bien aimée s'égarer dans ma culotte. Eteignant la lumière, je ne pensais désormais plus qu'à une chose : profiter de ma nouvelle vie.

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Responsable du site : Lucie Sobek


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