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« », une petite histoire imaginée par divers

1 Martine et moi Carole tvq@femmes.net 27-10-2004, 16:19 par Carole


La soirée touchait à sa fin. Les invités partaient par groupe, et j'allais bientôt partir à mon tour. Cela avait été une belle fête d'anniversaire en l'honneur de mon ami Jacques.
- Dis Michel, tu rentres comment sur Paris, me demande Jacques ?
- Je vais appeler un taxi jusqu'à la gare, ne t'inquiète pas.
- A cette heure ci, je ne suis pas sur que tu en trouves. Et puis, pas de trains avant quelques heures. Tu sais, c'est la campagne ici.
J'étais venu par le train puis un taxi jusqu'à la demeure de Jacques.
- Attends, ne bouge pas, je fais une annonce.
Et je l'entends demander à la cantonade si par hasard, personne n'irait sur Paris ?
- Si, moi réponds une jeune femme, avec qui j'avais esquisser quelques pas de danse.
- Tu peux ramener Michel ?
- Oui bien sur, aucun problème.
- Bien voilà une affaire rondement menée dis Jacques. Tu connais Martine ?
- Nous avons fait quelques pas de danse, mais je lui ai plus marché sur les pieds à vrai dire !
- Si peu me dit elle en souriant.
Nous disons au revoir aux amis encore présents.
- On y va Michel ?
- On y va Martine.
- A cette heure de la nuit, nous en avons à peine pour une heure me dit-elle.
Elle roule vite, trop vite. Je m'accroche sur le siège passager. La place du mort comme on l'appelle. Soudain, à la sortie d'un virage, deux phares nous éblouissent. Je sens la voiture faire un écart, et puis un grand choc!

J'ai mal. Tout mon corps n'est que douleur. Je tente de me souvenir. Les phares, le choc, puis plus rien. Le noir, un grand trou noir. J'ouvre les yeux. Je suis allongé sur un lit dans une pièce blanche, légèrement éclairée et pleine d'appareils. J'ai un tube dans le nez, d'autres dans les bras. Une chambre d'hôpital. Je suis à l'hôpital et je suis vivant ! C'est miraculeux.

Ma première pensée est pour mes jambes. Je peux les bouger ! Elles me semblent si légères. Mes bras fonctionnent eux aussi. Excepté les douleurs, mon corps semble intact. Pourtant, j'éprouve une sensation curieuse. Quelque chose d'indéfinissable. Je ressens mon corps différemment. Et puis je pense à Martine. J'espère qu 'elle s'en est bien sortie aussi.

Je veux appeler. Mais je suis incapable d'émettre un son. J'ai soif. Je tente d'atteindre la sonnette. C'est difficile. La douleur me fait grimacer. Enfin je l'atteins.
- Vous voilà donc réveillé, me dit une infirmière en entrant dans la chambre. Vous désirez quelques choses ?
Je tente de lui faire comprendre que j'ai soif.
- De l'eau, vous voulez de l'eau c'est ça ?
J'opine de la tête.
- Tenez, buvez lentement. Cela fait une semaine que vous étiez dans le coma. Maintenant ça va aller .
Une semaine, une semaine sans connaissance. Une foule de questions m'envahissent, mais je voudrais d'abord avoir des nouvelles de Martine.
- Le médecin va venir. Pour le moment reposez-vous et n'hésitez pas à m'appeler.
Elle quitte la chambre. Je tente de mettre mes idées en place. Ma tête me fait mal. Le sommeil m'envahit de nouveau.
- Alors comment va notre malade, dit un homme en blouse blanche. Je suis le docteur Benjamin. Je suis chargé de vous remettre sur pied dit il en souriant. Vous venez de passer une étape difficile, mais maintenant tout va s'arranger. Du repos, il vous faut beaucoup de repos.
Il prend ma tension.
- C'est parfait.
Du regard je tente de savoir pour Martine. Il comprend.
- Je suis désolé, mais l'autre personne est décédée. Le choc a été violent. Vous avez eu énormément de chance.

Non, ce n'est pas possible. Elle est morte.
- Allons, il faut penser à vous maintenant. Vous êtes jeune. Vous avez la vie devant vous. Et ne vous faites pas de soucis, votre corps et votre visage ne garderont aucune séquelle de l'accident. Ce qui aurait été dommage. Votre beauté en sortira intacte.
Que raconte-t-il ? C'est un médecin homo !
- Bien mademoiselle Beaulieu, je reviendrai en fin d'après-midi. Gardez le moral.
QUOI ! Comment m'a-t-il appelé ? Mademoiselle Beaulieu. Je rêve ! Il s'est trompé de nom, de chambre, que sais-je.
- Allons, restez calme me dit l'infirmière. Pourquoi cette soudaine agitation ? Le docteur vous a rassurée. Et puis il a raison, vous resterez très belle, n'ayez aucune crainte à ce sujet.
C'est le délire. Belle! Rester belle. Mais je suis Michel Baron. Je suis un homme .

Les jours passent. Je dois me rendre à l'évidence. Ce n'est pas facile à admettre, et encore moins à expliquer, mais c'est pourtant la réalité. Je me retrouve dans le corps de Martine Beaulieu, l'amie qui me raccompagnait. Et moi, enfin Michel Baron est mort. Je suis mort! Non, pas vraiment. Mon corps est mort, mais pas mon esprit. J'ai changé simplement de corps. C'est scientifiquement inexplicable. Un choc peut il transférer l'esprit d'un corps à l'autre ?

J'ai bien tenté d'expliquer ce qui m'arrive au psychiatre qui est venu me voir. Il m'a regardé bizarrement. Il a tenté de me convaincre que ce délire était dû au choc de l'accident.
- Mais je ne me souviens rien de mon passé, enfin du passé de Martine Beaulieu. Et je sais tout de celui de Michel Baron ! Comment expliquez vous çà ?
- Avant l'accident vous avez du parler avec votre ami de sa vie, et comme c'est la dernière conversation que vous avez en souvenir, vous intégrez cette conversation à vous même. En oubliant tout de votre propre passé. Vous souffrez d'amnésie partielle, mais votre mémoire reviendra rapidement.

Il y a peu de chance. Mais je n'ai pas insisté. Je ne veux pas me retrouver en psychiatrie ! Je suis ELLE, et je ne sais rien d'elle, enfin de moi ! M'habituer à ce nouveau corps ne m'a posé aucune difficulté, si ce n'est quelques mouvements incontrôlés les premiers jours. Le reflet que me renvoyait le miroir du cabinet de toilette est le mien maintenant. J'avoue ne pas avoir perdu au change. Je le découvre chaque jour, jusqu'aux parties les plus intimes.

Un mois a passé. Je sors aujourd'hui de l'hôpital. Jacques, est venu me chercher, un gros bouquet de roses dans les bras. Il est accompagné d'une autre femme.
- Tiens c'est pour toi Martine.
- Merci Jacques, c'est gentil.
- Tu te souviens de Corinne ?
- Non, je suis désolée.
- C'est pas grave me réponds Corinne. Laisse le temps faire son oeuvre. Tout te reviendra.
J'en doute fort me dis-je intérieurement !
- Nous sommes passés chez toi te prendre quelques affaires. Je vais t'aider à t'habiller. Jacques tu peux sortir un instant dit Corinne.
- Ok, je vous laisse entre femmes. Je vous attends dans le couloir. Faites moi signe quand vous aurez terminé.
Jacques est sortit.
Je me retrouve seule avec Corinne, que je ne connais pas du tout, mais qui elle semble bien me connaître.
- Je t'ai pris ta petite robe bleue. Celle que nous avons achetée ensemble l'autre jours, tu te souviens ?
- Non, je n'en ai aucun souvenir.
- Mais tu ne te rappelles de rien du tout Martine ?
- Absolument rien !
- C'est fou de tout oublier comme çà. Mais nous allons t'aider à retrouver ton passé.

Je ne réplique pas. Que lui dire ? Elle ne comprendrait pas. Je me suis habituée à mon nouveau corps. Et je dois avouer que je ne suis pas trop mal. Je me plais assez. Je me surprends à accepter les choses qui m'arrivent aussi facilement. Ce n'était pas dans mes habitudes. Peut être qu'il reste encore une part de Martine en moi, autre que son corps.
- Tu ne veux pas de la robe, tu préfères un pantalon ?
- Pardon ? Oh ! Pardonne moi, j'étais dans mes pensées.
- Tu essayes de te rappeler ton passé ?
- Non, pas vraiment, je pense surtout à mon futur pour être franche.
Je me sens drôle dans cette robe, un peu gênée, pas autant que je l'imaginais. Au contraire, c'est très agréable. Je suis devenue ce que j'ai tant désirée être depuis des années. C'est miraculeux. Si ce n'était qu'il ait fallu la mort d'une amie pour en arriver là.

Être une femme !
Depuis mon enfance, je sentais en moi une autre personne. Me croyant malade, je n'en parlais pas, et j'agissais comme un garçon, mais au plus profond de mon être, je me sentais différent. Sans jamais franchir le pas.
Et maintenant, je trouvais ma vraie nature. J'étais enfin moi. La voiture s'arrête et j'abandonne mes pensées.

Chez moi! Je suis chez moi. L'appartement de Martine est charmant. Bien décoré et avec beaucoup de goût.
- Veux-tu que je reste avec toi ce soir me demande Corinne ?
- Non merci, t'es sympa, mais il faut que je reprenne une vie normale.
- Comme tu veux, je t'appelle demain.
- D'accord.
- Tu sais Martine, me dit Jacques, je suis désolé pour Michel. C'était mon ami. Mais je voulais te dire que tu n'es pas responsable de ce qui est arrivé. Ne te sens pas coupable.
- Merci Jacques.
Ils repartent ensembles.
Je me retrouve seule dans un appartement inconnu. J'en fais le tour. La penderie est pleine ainsi que les tiroirs. Au moins, j'ai de quoi me changer.

Que sera mon avenir. Je ne sais même pas quelle profession j'exerce maintenant. Quels amis je fréquente. Mais surtout je ne sais rien de la vie que menait Martine. Je ne sais rien de ce qu'est la vie d'une femme.

Je fouille dans les tiroirs à la recherche de renseignements sur la vie de Martine. Des photos de personnes que je ne connais pas. Des papiers, des lettres, qui m'en disent un peu plus sur elle. Et puis, au fond d'un tiroir, un cahier. Je commence à le lire. C'est son journal intime. J'apprends beaucoup de choses sur ma nouvelle personnalité. Je suis quelqu'un de solitaire. Mon enfance à été difficile. Mes parents sont morts dans un accident de voiture avec mon frère. Moi seule ai survécu. Élevée par une tante sévère, je me suis renfermée sur moi même. Seule la lecture me permettait de m'évader du monde qui m'entourait.

Deux tentatives de suicide. Il y a quelques années. Aucune explication quant aux raisons de ces gestes. Je referme le cahier. Début de vie pas très heureuse. Et maintenant, elle n'est plus là. J'ai pris sa place et je dois vivre avec ce passé qui n'est pas le mien.

J'ai envie d'un bon bain. Cela ne peux me faire que du bien. Je trouve un flacon de bain moussant au thé. Je me plonge dans l'eau moussante. Quelle plaisir. J'en oublie tout le reste. Un grand miroir est fixé au mur. Je sors de la baignoire et regarde mon corps. C'est drôle. Je n'ai pas vraiment l'impression d'être dans un corps étranger. Je peigne mes cheveux. Je tente de m'arranger comme le ferait n'importe quelle femme à la sortie de son bain. Des pots de crème, des tubes. Je fais l'inventaire de l'armoire de toilettes.

J'ai faim. Un épicier se trouve en face de chez moi. J'hésite à me maquiller. Je ne sais pas comment faire. J'ai tout à apprendre. Dans la penderie, je choisis une petite jupe pas trop courte avec un tee-shirt. Une paire de sandales. Je galère un peu pour attacher mon soutien gorge.

Me voilà prête. Un sac à main et je descends. Je crains le regard des passants. Mais non, aucun souci. Il fait beau, j'ai envie de vivre ces moments que beaucoup d'hommes ne connaîtront jamais.
- Bonjour mademoiselle Beaulieu. Heureux de vous revoir me dit l'épicier.
- Bonjour.

Il me connaît. Pour lui, pas de doute, je suis la même personne qu'il voit depuis des années. J'effectue mes achats et remonte chez moi. Je suis fatiguée. Je mange un peu et décide d'aller au lit. Je passe une nuit agitée. Des cauchemars reviennent sans cesse. Je revois l'accident. Mais à la différence que c'est moi qui suis au volant, enfin elle Martine. Je ne sais plus ou j'en suis, qui je suis. Peut-on vivre dans un corps qui n'est pas le sien ? Sans rien savoir du passé de ce corps ? Je suis seule à savoir la vérité. Personne ne peut comprendre ce que va être ma vie dorénavant.

J'ai enfin réussi à trouver le sommeil. La lumière du jour me réveille. Il est 11h du matin. Je n'ai pas rêvé, tout ceci est vrai. Mon corps en est la preuve.
Dringggggggg!!!
Je décroche le combiné
- Allô Martine, c'est Jacques.
- Oui, bonjour Jacques.
- J'ai une proposition à te faire. Demain c'est samedi. Nous partons dans la maison d'un ami à Deauville. Je pensais que cela serait bien si tu venais aussi.
- Demain, je ne sais pas.
- L'air de la mer te feras du bien, dis oui.
J'hésite. Je n'ai pas envie de sortir, mais d'un autre côté, je ne peux pas vivre recluse perpétuellement.
- D'accord Jacques, je viens.
- Super, je passe te chercher demain matin à 8h.
- A demain 8h.
Je n'aurais pas dû accepter. C'est trop tôt. Je ne suis pas prête pour ce genre de sortie. Allons, ça suffit, maintenant que j'ai dis oui, je ne vais pas reculer !

Jacques arrive à l'heure dite. Il est tout joyeux comme d'habitude. Corinne est avec lui. Je monte sur le siège arrière. Le siège passager ne m'attire pas ! Nous roulons sous le soleil. Je ne sais pas ce qui est arrivé ensuite. Un grand vide. Le noir. Des douleurs.

- Docteur venez vite.
- Notre patient se réveille on dirait. Alors comment vous sentez vous ?
J'ouvre les yeux. Un visage est devant moi.
- Docteur Benjamin ?
- Vous me connaissez ? Nous sommes nous déjà rencontrés ?
- Mais oui, vous m'avez déjà soigné. Un accident de voiture.
- Je ne pense pas. Allons ne bougez pas. Restez tranquille.
- Ou sont mes amis ? Comment vont-ils ?
- Votre amie va bien. Rien de grave. Elle a moins été blessée que vous.
D'ailleurs, elle est dans le couloir.
- Corinne. Mais Jacques ? Ou est-il ?
- Pas de Jacques dans l'accident.
La porte s'ouvre. Entre une jeune femme. Ce n'est pas Corinne, c'est moi ! C'est Martine. Je ne comprends plus rien.
- Bonjour Michel.
- Bonjour.
- Qu'est-il arrivé ? Qui suis-je ? Je suis toi, tu ne peux être devant moi !
- Que se passe-t-il docteur ? je ne comprends pas ce qu'il dit ? s'inquiète Martine.
- Le choc a été violent. Ces quelques heures de coma l'ont perturbé.
- Dites moi qui je suis, s'il vous plaît.
- Tu es Michel Baron. Tu te souviens nous rentrions de la soirée chez Jacques. Je te ramenais chez toi, et puis un camion à la sortie du virage. Je n'ai pu l'éviter complètement. On s'en sort bien, au vue de l'état de la voiture.

Ce que me raconte Martine est insensée. Cela voudrait dire que j'ai rêvé tous ces événements qui ont fait de moi une femme durant ces quelques jours!
- Quelques jours de repos ici, et vous pourrez rentrez chez vous monsieur Baron.

Je rentre chez moi aujourd'hui. Jacques le fidèle ami m'attend pour me conduire. Il n'a pas de bouquet de roses, Martine l'accompagne. J'ai toujours un choc en la voyant. J'ai le sentiment de me voir dans un miroir.

Chez moi. Je retrouve l'appartement tel que je l'avais laissé. C'est à dire encombré !
- Bon, on te laisse Michel, je passe te chercher vers 20h. Martine nous invite chez elle pour fêter ton retour.
Je m'allonge sur mon lit. Je repense à tout ces événements. Tout me paraissait si réel pourtant. Mais cela était absurde. Cela ne pouvait être. C'était trop beau !
Nous arrivons chez Martine: c'est moi qui guide Jacques, sans y penser.
- Dis donc Michel, me dis Jacques, tu es déjà venu chez elle ?
- Non pourquoi ?
- Alors comment connais-tu son immeuble, et l'étage ?
- Je ne sais pas. Tu me l'as peut être dit ?
- Je n'ai rien dit. Mais ta vie ne me regarde pas plaisante-t-il.
C'est vrai :comment puis-je connaître cette immeuble. Je ne suis jamais venu dans le quartier, sauf quand j'étais Martine, évidemment. Martine nous ouvre la porte. Elle est ravissante dans sa robe bleue. La même robe bleue que j'ai portée!

Non, je défaille. L'appartement. Je le reconnais, c'est celui... C'était mon appartement. Celui de Martine, quand j'étais elle !
- Eh Michel, ça va pas me lance Jacques ?
- Si, ça va aller. Juste des impressions bizarres.
- Raconte nous me demande Martine.
- C'est difficile. Vous allez me prendre pour un malade mental.
- Ne crains rien, nous te connaissons.
Alors je me jette à l'eau et je leur explique tout. Sans rien omettre. Même pas le fait que je me sentais bien d'être femme. Et que j'avais la robe que porte actuellement Martine.
- Et tout te paraissait réel me dit elle.
- Oui, complètement.
- Veux tu que nous fassions une petite expérience me demande Jacques ?
- Une expérience ?
- Oui. Tu dis que tu connais cette appartement, en clair que c'était le tien. Et bien si Martine le permet, nous allons en faire le tour.
- Penses tu que cela soi une bonne idée demande Martine.
- Il a raison. Je vais le faire. Cela ne te gène pas?
- Non, pas du tout réponds Martine.
Et nous voilà partis dans l'appartement. Je dis et Martine confirme.
- Dans la salle de bain, tu utilises un bain moussant au thé.
- C'est exact dit-elle étonnée
- Et dans ce tiroir, au fond, tu as ton journal intime.
- Attends je regarde. C'est incroyable. Je le cherchais l'autre jour.
Je croyais l'avoir perdu ! Et... tu l'as lu me demande-t-elle?
- Oui, bien sur. Mais je n'en parlerai qu'à toi. Jacques comprendra.
- Je comprends très bien rassurez vous.
- En face de chez toi, tu as un épicier.
Jacques regarde par la fenêtre et confirme.
- Mais comment expliquez tout cela. C'est si aberrant. C'est même effrayant déclare Martine.
- Je dois t'avouer que pour moi, ce n'était pas du tout effrayant. Au contraire. Tout me paraissait magnifique. Une nouvelle vie, une nouvelle chance. Et puis le retour à la dure réalité. Je ne suis que Michel.
-Qu'entends tu par nouvelle vie et nouvelle chance, me demande Jacques ?
- Simplement, que mon esprit à créer ce que j'aurais tant voulu être.
Ce que la vie physique m'a refusé, mon esprit me la offert. Quelques heures de bonheur dans ma vie.
- Ce que tu veux dire Michel, c'est que tu aurais souhaité être femme ?
- Oui Martine, c'est ce que j'aurais voulu être. Mais ce que je ne serait jamais.
- Tu ne m'en as jamais parlé me dit Jacques.
- Non, ce ne sont pas des choses que l'on raconte facilement. Nous avons tous des secrets cachés en nous. Que l'on ne peut révéler.
- Tu es malheureux Michel ?
- Quelquefois Martine, oui. Mais je dois vivre avec !

Nous avons parlé une bonne partie de la nuit. La question du changement de sexe a surgi, naturellement. Jamais je n'aurais cru mes amis si ouverts : ils étaient prêts à m'aider. A aller jusqu'au bout si je le souhaitais.

Je dois réfléchir. On ne change pas de genre par décision hâtive. Et puis aurais-je le courage d'aller jusqu 'au bout de la démarche ? Martine se propose de me donner des cours de maquillage, à m'aider à acheter des vêtements si je le désire. Chez eux je peux être ce que je souhaite, mais ce n'est qu'un apparence. Mon corps lui est toujours le même. Je ne suis qu'illusion. Quelquefois, je souhaiterais tant retomber dans le coma et retrouver le bonheur de ces quelques heures vécues en tant que femme. J'ai même pensé à avaler des comprimés pour revenir dans cet état. Mais quelle chance ai-je d'y parvenir ?

Les mystères du cerveau humain m'ont permis de vivre des moments de grands bonheurs, trop brefs bien sur, mais si importants pour moi. Je vois Martine régulièrement. nous avons entre nous une grande complicité. Je lui parle des sensations que j'éprouvais dans son corps. Elle m'écoute, attentive. Elle aussi se confie. La mort de ses parents et de cette tante qui ne l'aimait pas. Devenant le souffre douleur de cette femme. Martine n'a connu les raisons que bien plus tard, en fouillant dans les papiers après le décès de cette tante.

Ne pouvant avoir d'enfants, elle avait changé son désespoir en haine pour tout ce qui était féminin. Elle haïssait la féminité de sa nièce, la contraignant à vivre comme un garçon. Cheveux courts et vêtement masculins. Je comprenais maintenant les armoires remplies de jupes et de robes de Martine. Jusqu'au prénom que cette tante avait modifie !

- Elle m'appelait "Michel" me dit Martine.
C'est alors que je fis un rapprochement entre Martine et moi. Nos initiales étaient identiques !
M. B. Martine Beaulieu - Michel Baron.
Je me décide de l'interroger sur ses tentatives de suicides.
- Tu sais Michel, je ne me suis jamais confiée à personne.
- Alors ne dis rien. Mais crois moi, se confier libère l'esprit.
- J'avais 14 ans la première fois. je ne supportais plus cette vie chez ma tante. J'étais seule, sans amis. La vie future me faisait peur. Je ne me voyait aucun avenir. Alors, j'ai pris tous les médicaments que j'ai trouvés dans l'armoire à pharmacie. Mais le courage m'a manqué. J'ai eu peur et j'ai crié.
- Et ta tante est venue ?
- Oui. Elle m'a regardée. Puis elle a vu les flacons sur ma table de nuit. Sa première réaction a été de me gifler. Ensuite seulement, elle a téléphoné au Samu.
Et puis je suis revenue. Et tout à recommencé.
- Et le deuxième tentative ?
- Trois ans après. Un garçon de l'école était souvent avec moi. Nous parlions littérature, nous rêvions de voyages. Un soir, après les cours il m'a raccompagnée chez moi. Ma tante s'était absentée. Il est rentré avec moi. Et je ne sais ce qu'il lui à pris. Il m'a sauté dessus. Me traitant d'allumeuse. Je ne savais pas ce que cela signifiait à l'époque. Mais je me suis défendue. Comme un garçon ! Ma tante aurait été fière!

Il s'est enfui en m'insultant. Je pleurais. J'ai pris un couteau dans la cuisine et me suis ouvert les veines. Cette fois encore, c'est ma tante qui m'a sauvé.
- Mais assez parlé de moi dit-elle énergiquement !
L'enfance de Martine à été difficile. Je comprends maintenant ce que j'ai lu dans son cahier. Je n'insiste pas et continuons à bavarder de mode, de livres, de cinéma...

Nous avons décidé tous les trois de passer le week-end en Normandie, où une amie de Jacques nous prête sa maison.
- Michel, me dit Jacques, je souhaiterais bien passer ce week-end avec ton autre personnalité.
- Que veux tu dire ?
- Et bien, je connais Michel mais je ne connais pas l'autre personne qui est en toi. Que dirais-tu de nous la présenter pendant cette fin de semaine ?
- Je ne sais pas. Je ne suis pas certain que cela soit une bonne idée.
Pourtant l'idée me tente bien me dis-je !
- Pourquoi ? Nous serons tous les trois. Que crains tu ?
- Pourrez vous accepter de me voir ainsi ?
- Tu en doutes Michel ? Tu nous connais suffisamment je crois !
- Oui bien sûr. Martine est d'accord ?
- Évidemment. Sinon je ne t'aurais pas fait cette proposition. D'ailleurs, c'est elle qui en a eu l'idée. Et elle m'a dit aussi qu'elle t'emmènerait faire quelques achats, car tu n'avais pas grand chose dans ta garde robe.
- Elle a dit ça ! Bon d'accord Jacques, essayons.

Je retrouve Martine dans un grand magasin parisien.
- Qu'aimes tu porter Michel ?
- Des choses simples. Je ne suis pas extravagant.
- Comme moi alors. Mais tu ne vas tout de même pas t'habiller en grand-mère !
Nous ressortons les bras chargés. Jupes, robes, corsages, sous-vêtements, collants, et une paire d'escarpins.
- Nous allons maintenant chez moi essayer tout ça ?
- D'accord, je te suis.
L'appartement est devenu un salon d'essayage. Peu de retouches sont nécessaires. Martine s'en chargera. Je joue les mannequins.
- Marche normalement . Sois moins raide ! J'ai trouvé dit elle !
- Quoi ?
- Ce qu'il manque. Bouge pas je reviens.
Elle se précipite dans la chambre pour réapparaître aussitôt une perruque brune à la main.
- Tiens, mets ça !
J'obtempère.
- Oui, c'est beaucoup mieux. Bon, maintenant la dernière touche. Assieds toi, je vais te maquiller.
- Maintenant ?
- Oui pourquoi ? Tu as d'autres projets ?
- Non, non, vas-y.
- Mais il faudra que tu apprennes à te maquiller seul. Je t'aiderai.

Elle recommence plusieurs fois avant d'être satisfaite.
- Voilà dit-elle. Je crois que c'est bien. Regarde.
Le miroir me renvoie l'image d'une jeune femme élégante dans sa jupe bleue et son corsage crème.
- Qu'en penses-tu Michel ?
- C'est incroyable. Tu as des talents cachés de maquilleuse.
- Quand le modèle est parfait, pas besoin de talent me dit-elle en souriant.
Je rougis, mais avec le maquillage cela ne transparaît pas.
- Nous voilà prêtes pour le week-end.
Elle me parle au féminin
- Tu es très belle tu sais Michel.
- Merci Martine, tu es gentille.
- Non, je suis sincère .
Je rougis de plus belle !

La fin de semaine arrive rapidement. Je sens poindre une certaine angoisse. Je ne suis toujours pas certain que j'ai eu raison d'accepter ce week-end. Surtout par rapport à Jacques. Comment va-t-il réagir en me voyant ?
- Maintenant que nous sommes arrivés me dit Jacques, je ne veux plus voir Michel. Vas te changer.
Je n'ai plus le choix.
- Bon, j'y vais. Tu m'accompagne Martine ?
- Je viens.
Nous revenons une heure après. Je porte une petite robe à fleurs. Martine s'est occupée du maquillage.
- Viens me dis Martine.
Jacques me regarde.
- Tu es... magnifique. Si je ne savais que c'était toi !
- N'est-ce pas Jacques qu'elle est belle notre amie.
- Oui, Martine, très belle. Je propose que nous baptisions notre nouvelle amie. As-tu une préférence ?
- Alice propose Martine.
- Ingrid lance Jacques.
- J'aime bien Claire dis-je.
- Alors à la santé de notre amie Claire, à sa naissance dit Jacques en ouvrant une bouteille de champagne.
Je me sens parfaitement à l'aise maintenant. Sans doute les effets du champagne.
- Nous allions oublier notre petit cadeau pour Claire.
- Un cadeau ? Mais vous me faites déjà le plus merveilleux des cadeaux ce soir.
Mes mains tremblent en ouvrant le paquet. Une robe, une robe bleue. La même que je portais lorsque j'étais Martine. Les larmes me coulent sur les joues.
- Pleure pas me dit Martine, ton Rimmel va couler !
Nous éclatons de rire.
- Je suis heureux, pardon, heureuse, grâce à vous mes amis.
- Bon, si on passait à table. Je vous ai fait de bons petits plats. Ce soir, pas de régime !
C'est un week-end merveilleux. Ma complicité avec Martine s'est accentuée. Le port de la jupe aidant peut être. Jacques me considère comme une amie. Il me parle comme il ne m'a jamais parlé auparavant. Je découvre un autre homme en lui.

Mais le séjour touche à sa fin et nous devons rentrer.
- Je vais me changer dis-je.
- Pourquoi veux tu te changer demande Martine. Elle te va bien cette jupe !
- Je ne vais pas rentrer ainsi.
- Cela ne me dérange pas moi, dit Jacques à son tour.

Je sors maintenant régulièrement avec Martine. Nous faisons souvent nos achats ensemble. Je me maquille seule grâce au cours qu'elle m'a donnée. Je suis Claire le plus souvent possible. Je vais aussi déménager pour vivre chez Martine. Dans " notre " appartement. Deux filles ensemble. Je ne vis en homme que la journée pour mon travail. J'envisage sérieusement mon changement de genre. Je vois un psy régulièrement, et la dernière fois, je suis allé le voir en jupe. Il ne m'a pas reconnue. J'avoue que j'étais assez satisfaite de moi.

Une nouvelle vie commence. Maintenant je peux être Claire. Je suis Claire. Mais mon avenir, je ne sais pas encore trop ce qu'il sera. J'avance lentement dans ma transformation. Mais avoir des amis, est une chose primordiale. Rien n'est possible sans eux. Je les remercie d'être là à mes côtés dans les moments difficiles.


Responsable du site : Lucie Sobek


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