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« », une petite histoire imaginée par divers

1 Intolérance Carole tvq@femmes.net 27-10-2004, 16:09 par Carole

Voilà trois semaines que je me suis installé dans ce nouvel appartement. Il est tard ce soir là lorsque je rentre chez moi. Une jeune fille monte l'escalier derrière moi. On se retrouve sur le même palier. Je ne savais pas que j'avais une voisine aussi charmante. Je ne connaissais que David, le garçon qui y habite.
- Bonsoir, lui dis-je.
Elle me sourit sans répondre et referme la porte sur elle. Pas très bavarde la voisine. Mais étant donné l'heure avancée de la nuit, ce n'est pas vraiment le moment d'entamer une discussion sur le sexe des anges !
Je rejoins prestement Morphée.
Je dois faire quelques courses pour remplir mon frigo. J'ai le malheur de rencontre la mégère du second. Pas moyen de l'éviter.
- Bonjour Madame Rossi
- Bonjour Monsieur me dit-elle en me détaillant de la tête aux pieds !
Elle ressemble à l'une des comédiennes qui joue les vamps, la plus grosse.
- Vous vous plaisez dans notre immeuble me demande-t-elle ?
- Oui beaucoup c'est un immeuble très calme.
- Oui, très calme. Mais vous savez, il y a de drôles de gens qui y habitent.
- Ah bon.
Je n'ai vraiment pas l'intention d'écouter ses ragots sur le voisinage.
- Entre autre, votre voisin de palier.
- David est quelqu'un de charmant. Je n'ai rencontré qu'une fois sa petite amie.
- Il vit seul, il n'a pas de petite amie. Vous avez dû le rencontrer un soir revenant d'une de ses sorties nocturnes.
- Comment ça ? Que voulez-vous dire ?
- Ce n'était pas une jeune fille que vous avez rencontrée, c'était lui, c'est un travesti.
Je n'aurais pas dû m'arrêter pour parler avec cette vieille folle.
- Mais non, je vous assure, c'était une belle jeune fille.
- On ne me trompe pas moi vous savez, dit-elle. D'ailleurs il va vite déguerpir d'ici. Une pétition va circuler pour l'expulser. Vous verrez !
- Je dois partir, excusez-moi.

Quelle mégère. Pourtant, ce qu'elle me dit me trouble. Je suis certain d'avoir vu une jeune femme l'autre soir. Et pourquoi me parle-t-elle d'expulser ces personnes ? J'oublie cette conversation rapidement pour me concentrer sur mes courses.

J'ai rencontré plusieurs fois David durant les semaines qui ont suivi. Il est devenu un ami. C'est un garçon très calme, très posé. Mais je n'ai jamais osé lui parler de la jeune femme que j'ai rencontrée l'autre soir. Sa vie privée ne regarde que lui. Et comme il ne m'en parle pas non plus...

On sonne à la porte, c'est le voisin du dessus.
- Bonsoir Monsieur Drouin, me dit-il. Je suis votre voisin du dessus. Nous faisons circuler une pétition dans l'intention de faire déguerpir votre voisin, « le travelo ».
- Qui ?
- Votre voisin.
- Je ne comprends pas. Pourquoi voulez-vous l'expulser ?
- Nous ne pouvons admettre dans notre immeuble des gens comme lui.
- Il ne fait rien de répréhensible, il me semble !
- Comprenez, nous avons des enfants qui vivent ici. L'immoralité de cet individu est un mauvais exemple pour notre jeunesse.

Ce personnage commence sérieusement à me prendre la tête avec sa moralité.
- Je n'ai jamais vu d'enfants entrer chez lui. Et je ne vois pas en quoi sa présence dans cette immeuble puisse nuire à quiconque, ni où se trouve votre immoralité !
- Mais vous ne comprenez pas. C'est un homme qui s'habille en femme !
Quelle exemple pour nos familles ! Déjà que des garçons portent les cheveux longs, voilà qu'ils s'habillent maintenant en "gonzesses" !
- Sa présence dans cette immeuble ne me gêne absolument pas.
- Donc vous refusez de signer ? Vous serez le seul.
- Cela ne me dérange pas non plus. Chacun vit comme il l'entend.
- Ha, il est beau notre pays avec des gens comme vous !

Ce triste sire me rappelle des individus pas très fréquentables avec leurs pensées rétrogrades, genre Travail, Famille, Patrie. Je n'ai pas l'intention de m'engager dans un débat avec ce sinistre personnage.
- Je pense que nous pouvons en rester là de cette conversation dis-je en refermant la porte.
Il remonte chez lui en bougonnant.
Je retourne à mes occupations, qui sont de préparer mon repas pour ce soir. On sonne une nouvelle fois à ma porte ! Si c'est lui qui revient, je lui claque la porte au nez !
- Ecoutez dis-je, ça suffit...
- Excuse-moi de te déranger Laurent, mais j'ai entendu ta conversation avec le facho du dessus.
C'est David.
- Viens, rentre, ne reste pas là. Il commençait à m'énerver sérieusement celui là.
- Je voulais te remercier de ta réaction et de ne pas signer la pétition.
- Ne me remercie pas, c'est normal. Je déteste l'intolérance et les individus de son espèce ainsi que tout ceux qu'il représente.
- Mais tu sais, ce qu'il a dit est vrai.
- Quoi ?
- Je suis ce qu'on nomme un travesti.
- Et alors! Attends, juste une question à te poser si tu me le permets.
La jeune femme que j'ai rencontrée l'autre fois, c'était...toi ?
- Oui, c'était moi. Je crois que je te dois des explications.
- Tu ne me dois rien du tout David. Mais je veux simplement te dire que tu étais très belle.
- Merci, Laurent, ça me fait plaisir. Tu sais, ils font tout pour que je parte depuis des mois. Ils ont écrit au syndic, mais il ne peut pas expulser les gens comme ça. J'ai même reçu des lettres de menaces, dont je te passe la teneur des propos.
- Des lettres anonymes je suppose.
- Oui évidemment, mais il ne faut pas être grand clerc pour savoir d'où elles viennent. Cet individu veut diriger l'immeuble. Il y a beaucoup de personnes âgées ici, c'est facile pour lui de les convaincre.
- Tu crois qu'ils vont signer cette pétition ?
- Oui sûrement. Peut être pas la jeune étudiante du 6ème. Tu la connais ? Elle est très sympa.
- Non, je ne vois pas. Tu as dîné David ?
- Pas encore, je n'ai pas très faim.
- C'est parfait alors, car je n'ai pas grand chose ! Je t'invite.
- Ecoute Laurent, je ne voudrais pas t'attirer d'ennuis.
- Quels ennuis ? Je suis chez moi et j'invite qui je veux !

Pendant le repas, David m'a beaucoup parlé. De sa jeunesse, un père absent la plupart du temps. Une mère autoritaire qui ne lui témoignait aucun sentiment. Il se réfugiait dans la lecture. S'imaginant être l'héroïne de romans d'aventures : enlevée par des pirates, vendue pour le harem d'un sultan, et enfin sauvée par un beau chevalier.

Il profitait des absences de sa mère qui étaient fréquentes pour fouiner dans sa garde-robe. Et petit à petit, il finit par s'habiller entièrement et passer des après-midi entiers ainsi vêtue à lire. L'école fut pour lui un enfer, sujet aux moqueries de ses camarades. Cela l'isolait encore un peu plus. Alors il se plongea dans les études. Décidant de leur montrer de quoi il était capable. Il réussit brillamment tous les examens qu'il passait, pour finir ingénieur agronome. Il ne se reconnaît pas dans le terme de travesti. Pour lui, c'est autre chose. Il se sent femme dans sa nature. Ce n'est pas le fait de porter des vêtements féminins qu'il l'intéresse.

- Tu as toujours continué à t'habiller en femme David ?
- Oui. Dès que je rentre chez moi, je me change. A la maison, je suis enfin moi-même. Je suis celle que j'ai toujours désirée être.
- Et tu sors souvent le soir ?
- Quelquefois seulement. La nuit nous cache des regards. Mais c'est aussi plein de danger.

Nous avons parlé longuement ce soir là. Puis il est rentré chez lui. J'ai eu beaucoup de difficulté à trouver le sommeil.

La journée au bureau fut longue, tant mes pensées allaient vers David. Je récupère mon courrier dans ma boite. Pub, factures. Une enveloppe blanche. J'ouvre. Une lettre tapée à la machine. Une lettre d'insultes ! Disant qu'ils m'auront moi aussi. Je vous passe la suite ! Je décide d'ignorer ces menaces. Je rentre chez moi, malgré tout énervé par ces propos.

Tous les jours suivants, je reçois une lettre du même genre. Ne tenant plus, je monte directement voir le facho ! Bien sûr, il me dit n'être pour rien dans ces missives. Mais il faut que je comprenne que mon attitude choque. Comme la fille du 6è. Bien sûr, il regrette ces insultes en me disant une nouvelle fois n'y être pour rien !
Je rencontre David en redescendant chez moi.
- Tu m'a l'air bien énervé Laurent ?
- C'est rien David, ça va passé.
- Dis-moi ce qui se passe ? Ils te font des ennuis ?
Je décide de lui parler de ces lettres.
- Des ennuis, non, mais je reçois tous les jours des lettres.
- Oui je vois. J'ai du recevoir les même. Je suis désolé de ce qui arrive.
- Ne t'inquiète, ils vont se lasser.
- Je n'en suis pas sûr, hélas ! Je t'invite ce soir, tu es libre ?
- Oui, j'accepte ton invitation. Mais je ne veux pas que ce soit David qui me reçoive, mais son amie. Dont je ne connais pas le nom d'ailleurs.
- Alors c'est Juliette qui te recevra. Merci Laurent, me dit-il.
Je sonne à sa porte. Juliette m'ouvre. Elle est très belle. Je ne sais que dire.
- Entre Laurent, installe toi.
- Tu es magnifique Dav... , Juliette, pardonne-moi.

La soirée passe agréablement. Nous parlons littérature, cinéma, musique. J'ai complètement oublié que c'est David qui est en face de moi. Je ne vois qu'une jeune femme, une amie.

Mais les esprits soi disant bien pensants sont tenaces. Les lettres d'insultes continuent régulièrement. Je vois David de plus en plus déprimé. S'excusant d'être responsable de tout ce qui arrive. Je lui dis qu'il faut continuer à se battre. Partir serait une victoire pour tous ces pauvres d'esprit.
- Oui tu as raison. Je vais essayer de tenir et de me battre.
- Bravo David. Je dois m'absenter quelques jours pour mon travail, trois jours je pense. Nous allons nous organiser dès mon retour, et s'il le faut, nous ferons appel à la police, même si je n'aime pas vraiment faire appel à eux !
- D'accord, nous verrons tout cela plus tard, me dit-il en souriant.

Ces trois jours de déplacement m'ont fait beaucoup de bien, même si j'ai beaucoup pensé à David/Juliette. Cela m'a permis de faire le point et d'établir un plan de bataille. J'ai contacté des associations par l'intermédiaire du web. Maintenant je suis prêt à me battre !

Je rentre avec cet état d'esprit conquérant. En rentrant dans l'immeuble, pourtant, je sens un malaise. Je ne sais pas l'expliquer. Un silence de mort semble régner dans l'immeuble. Je ramasse mon courrier et monte jusqu'à mon appartement. En passant je tape sur la porte de David/Juliette.
- Je suis rentré dis-je.
C'est bon de retrouver son chez soi. Encore des factures, elles n'arrêtent jamais de tomber celles-ci ! Encore une enveloppe blanche. Je sens que ce n'est pas la lettre d'insultes habituelle. J'ai la main qui tremble en l'ouvrant.
« Mon cher Laurent, je vais te raconter un rêve qui me revient régulièrement.
Je ressens une présence qui est près de moi, elle est là m'entourant toute entière. Parfois plus proche, parfois plus lointaine. Mais je la sens, elle me guette, elle m'attend.

Le courage m'a toujours manqué pour la rejoindre. Je me disais, un jour peut être je franchirai le pas, et ce jour là, je serai calme et sereine. Alors la grande dame noire m'emmènera vers la porte de lumière, cette porte qui m'obsède mais que j'ai toujours craint de franchir. Aujourd'hui, j'ai décidé d'accompagner la dame noire et d'aller voir derrière la porte.

J'espère que tu me pardonneras. Je n'en peux plus. Cela fait tant d'années que je tente de vivre comme tout le monde. Je ne peux plus supporter tout ces regards, ces moqueries et ces insultes. Je ne fais qu'attirer des ennuis à toutes les personnes que j'aime. Je me sens si différente, si étrangère à ce monde. Tu as été mon ami des derniers instants. Je t'en remercie. Pour moi, il est temps de tirer ma révérence à ce monde d'intolérance. Je n'ai plus la force de lutter contre tout ces apôtres qui croient détenir la vérité, juges, flics, curés de tous poils et autres !

Je te dis adieu, pense à moi quelquefois.
Juliette >>

J'ai trouvé David/Juliette étendue sur son lit, vêtue d'un longue robe blanche. Un sourire illuminait son visage. Elle semblait sereine, simplement assoupie. Sur sa table de chevet, des flacons vides de comprimés.

Une profonde tristesse m'envahit. Pourquoi avoir pris cette décision ? Nous aurions pu nous battre pour que tu puisses vivre ce que tu étais. Oh bien sûr, nous n'aurions pas révolutionné le monde. La bêtise est tenace, mais nous aurions tenté de fissurer ce mur d'incompréhension et d'intolérance qui gouverne celui-ci. Mais tu as préféré partir. Peut être que c'est toi qui a raison, je ne sais pas, je ne sais plus !

Adieu Juliette, merci de m'avoir accepté comme ton ami.

FIN


Responsable du site : Lucie Sobek


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