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HOMMEFLEUR, le site pour les hommes qui aiment les femmes, au point de vouloir leur ressembler !

« », une petite histoire imaginée par divers

1 Ainsi sois-t-elle Aelianne tvq@femmes.net 26-10-2004, 11:12 Nouvelle écrite par Aelianne
(Première écriture : 1994 / révision et corrections : 2002)
Partie 1 : La découverte de l'autre

La vie, c'est comme une boîte de chocolats…
On ne sait jamais sur quoi l'on va tomber…
La mère de Forrest Gump


Chapitre 1 : Un choix inattendu
" Si je vous ai réuni aujourd'hui pour cette réunion de crise, c'est pour tenter de sauver notre prochaine prestation auprès de l'opérateur Infotel "

Pour la première fois depuis bien longtemps, Martin Darcy, notre PDG, paraissait préoccupé. L'avenir de notre boîte, DNT (pour Darcy New Technologies, SSII cotée sur le second marché) pouvait être remis en cause par le départ de Natacha Bompierre, la meilleure commerciale. Celle-ci a été démarchée par notre principale concurrente, Neotech. En effet, en vue de la mise en place de l'UMTS, Infotel, groupe suisse de téléphonie, doit faire appel à une aide extérieure et demande le placement 50 prestataires de services au sein de sa filiale. Natacha est ce que l'on peut appeler une 'killeuse'. Nos deux sociétés sont parfaitement positionnées sur le marché des connexions haut débit par téléphonie mobile et la seule différence viendrait en fait des négociations et des pouvoirs de persuasions. Avec Natacha de notre côté, tout était en place pour gagner le marché. Ce que Neotech savait. Cette dernière n'a pas hésité à offrir un salaire et des avantages pour la débaucher de notre équipe.

" En l'absence de Natacha, la bataille n'est pas perdue mais elle est loin d'être gagnée ! Je connais très bien sa manière d'agir puisque j'ai obtenu de nombreux contrats grâce à elle. Et je sais très bien qu'elle ne refusera pas à user de ses charmes, oh combien avantageux, pour obtenir le marché… Et par expérience, je sais qu'une femme, au sein de négociations, est un atout majeur. Par leur pouvoir de séduction, sûrement, mais aussi par leur pouvoir de persuasion auprès d'un milieu masculin. Elle était notre seule ingénieur d'affaires femme. J'ai donc fait un choix et j'espère que la confiance que je vais porter sur l'un d'entre vous portera ses fruits. "

Martin Darcy se tourna alors vers moi.

" Je sais que vous êtes un débutant dans le monde des affaires mais je perçois en vous une grande force. Et je sais que nombre d'entre vous (il regarda les autres commerciaux un à un) ont décliné la responsabilité de cette négociation, précisant que vous étiez unanime sur le fait que ce devait être Natacha le meneuse des débats. Et bien soit, j'ai tenu compte de vos réactions et comme votre collègue n'a pas décliné, je me suis dit qu'il était temps pour lui de prouver sa place au sein de notre société. "

A ce moment, je ne pouvais me douter que cette réunion allait changer le cours de ma vie.

D'après mon état-civil, je m'appelle Luc Pavois, je suis né le 18 juillet 1973. Pas très grand pour un homme, 168cm, les traits fins et peu poilu, je faisais toujours moins que mon âge. Mais ma ténacité et mon caractère de persuasion fait voler en éclats ces quelques défauts pour un homme, surtout travaillant dans le domaine du commercial et marketing en NT.

Après des études de commerce, j'ai été embauché par DNT. Au bout de quelques mois, je faisais preuve de réelles capacités à la négociation et faisait progresser notre branche téléphonie. Toutefois, Natacha faisait de l'ombre à tous. Il est vrai que notre PDG l'ayant toujours encensée, il était alors dur pour nous de faire nos preuves et que Martin Darcy ne le considère vraiment.

Le départ de Natacha était pour nous synonyme de meilleur épanouissement, toutefois, nous savions que nous allions perdre un sérieux allié dans ce monde de requin. Pire, nous allions l'avoir comme principale concurrente.

Et si j'étais flatté par le choix de Martin Darcy, je ne m'attendais pas à l'ampleur qu'allait revêtir la mission.

Alors que nous sortions de la salle de réunion, Mr Darcy me prit à part et me pria de le suivre dans son bureau.

" Je sais que vous êtes étonné par le choix que j'ai fait, et vous pensez que d'autres auraient été plus à même de mener ces négociations. Mais j'ai pu vous voir à l'œuvre. Et je sais ce que vous valez. Je sais aussi que pour la plupart, vous pensiez que Natacha n'était que mon seul centre d'intérêt. Mais je savais aussi qu'elle en voulait plus et qu'elle ne resterait pas au sein de la société. Par contre je n'imaginais pas qu'elle parte aussi rapidement et pour notre concurrent direct… Erreur de ma part… Toutefois, lorsque je vous ai embauché il y a deux ans, j'avais pressenti en vous une réelle aptitude. Pour moi, je pense que vous allez être meilleur que Natacha… Mais… "

Il s'arrêta quelques instants. Je sentais qu'il voulait dire quelque chose de gênant, je n'arrivais pas à savoir quoi mais je décidais de le laisser patauger. Je savais qu'il attendait que j'essaie de trouver ou bien de dire par moi-même ce qu'il voulait de moi, mais je préférais le laisser avec ses responsabilités.

" Mais… " fis-je au bout de quelques secondes.

Il ne pouvait plus reculer.
" Mais vous n'avez pas ses charmes… " lança-t-il alors.
" Hé bien, cherchez une femme qui, en plus d'avoir le charme aura en plus des talents de négociatrice " répondis-je en ayant peur de deviner les intentions de mon supérieur.
" trop compliqué et pas assez de temps… Par contre, ne seriez-vous pas d'accord pour vous mettre dans la peau d'une… "
" n'y pensez même pas ! "
Je voyais Martin vraiment gêné et ne sachant plus quoi dire. Comme embarrassé par la situation mais attendant réellement une réponse positive de ma part.
" Premièrement, on ne deviens pas femme comme cela ! Deuxièmement, de quoi aurais-je l'air auprès de mes collègues ? Et je doute qu'un homme se grimant en femme a autant de charme qu'une vraie femme ! Alors soit je mène ces négociations en homme, soit je préfère décliner ! A vous de voir mais je ne reviendrais pas sur ma décision ! "
" Je vous en prie Luc, tâchez de réfléchir à ma proposition. Je sais que vous êtes tout à fait apte à mener les négociations, mais la seule chose qui fera pencher la balance sera le charme. Je connais nos interlocuteurs. Je sais qu'à propositions égales, ils nous ont préféré par le passé par la présence, en fin de compte, de Natacha. Elle est excellente, mais elle a connu des concurrents masculins aussi fort voire plus, mais seul son charme à fait de nombreuses fois la différence. "

Je décidais de sortir du bureau et de retourner dans le mien. Je savais que je laissais mon PDG dans le désarroi, le temps pressant, mais je ne voulais pas m'abaisser à accepter ses conditions à lui comme cela. Il paraît que je suis un bon négociateur. Soit. Hé bien, je dois l'être aussi face à mes supérieurs.

Le reste de l'après-midi fut bizarre. J'étais tourmenté par des milliers de sentiments qui passaient en moi et je ne pouvais m'arrêter de penser à mon entrevue avec Martin Darcy. Le soir, je mangeais peu et la nuit, je la passais à tourner sans arrêt dans mon lit. Finalement, au petit matin, je pris ma décision non sans avoir au préalable pensé au pour et au contre de cette situation.

J'arrivais de très bonne heure au travail, sachant que j'allais trouver Martin Darcy et qu'il n'y aurait encore personne dans les locaux. Je frappe à la porte de son bureau et j'entends 'entrez' au travers de celle-ci. J'ouvre et entre.

" Bonjour Mr Darcy "
" Bonjour Luc… "
Je le coupai et me lança aussitôt.
" OK, pour l'avenir de la boîte, j'accepte votre proposition. Mais à plusieurs conditions. Je veux être augmenté car je ne ferais pas ce travail pour le même salaire. J'estime que la charge en stress et en responsabilité n'est plus la même. Ensuite, je ne le ferais que si et seulement si mes collègues ne me reconnaissent pas. Pour cela, vous allez dire que je suis en arrêt maladie et vous me présenterez comme une nouvelle recrue. Si par malheur, un de mes collègues venait à le savoir ou à me reconnaître, je serais contraint d'abandonner. Et si à tout moment je ne veux plus continuer, j'arrête tout !"
Il resta sans voix. Il devait penser que je n'accepterais pas vu mes propos de la veille. Toutefois, un sourire se dessina sur ses lèvres.
" Ne sachant pas si vous accepteriez ou pas, j'avais tout de même pris des dispositions. Jusqu'aux négociations, je vous laisse carte blanche pour vos journées pour vous préparer à l'épreuve au dossier. Je prends en charge tous les frais, cela va sans dire et accepte vos conditions. "
" Et pour ma transformation ? "
" Ne vous en faites pas ! J'ai une amie qui a travaillé dans le cinéma comme coiffeuse maquilleuse. Aujourd'hui elle est consultante en relookage. Elle est au courant et va se charger de vous aider. Elle vous attends dès ce matin."
C'est sur mots que je quittais mon PDG et allait retrouver ma 'relookeuse' à l'adresse indiquée par Martin.


Chapitre 2 : Point de non retour

Je sonne. La grande porte en bois massif ne dénote pas avec l'intérieur et l'extérieur huppé de cet hôtel particulier. 16ème arrondissement, logique… Une jeune femme brune, grande, cheveux mi-longs, yeux verts, très jolie, la vingtaine, chemisier blanc sur jupe courte noire, vient m'ouvrir.
" Bonjour Luc ! Je suis Coralie, l'assistante de Françoise. Nous vous attendions sans trop l'espérer… "
" Oui, je me demande encore dans quel pétrin j'ai bien pu me mettre… Enfin, si vraiment je ne me sens pas de le faire, mon patron sait à quoi s'en tenir ! "
" Ca peut être une expérience plutôt amusante, non ? "
" Oui, pour vous ! Vous allez jouer à la poupée grandeur nature ! "
" Oups, je ne l'entendais pas ainsi… "
" Non, je vous taquinais… "

Elle ria. Elle m'amena dans une autre pièce qui semblait être le futur terrain des opérations. Une grande pièce avec un fauteuil de cuir accueillant faisant face à un grand miroir de maquillage et de coiffure comme l'on peut en voir dans les coulisses. Un large auvent ferme un coin de la pièce et une glace en pied est postée dans un coin. Sûrement pratique pour se voir en entier. Le long du mur, des placards en bois patiné confirme le caractère cosy du lieu. Deux cabriolets sont là pour se poser de temps à autre et quelques plantes et fleurs viennent terminer le tableau.
" Françoise arrive, elle est en communication. Voulez-vous boire quelque chose ? "
" Heu, oui… Quelque chose de très fort si possible… Je crois en avoir bien besoin… "
" Oh, vous verrez, ce n'est pas si terrible. Nous autres femmes, nous faisons tous les jours ce que vous allez faire pour quelques temps… Et nous n'en souffrons pas pour autant ! "
Elle esquissait un magnifique sourire. Et je me disais que la vie était mal faite. Pour une fois que je rencontre une jeune femme agréable à mes yeux, il fallait que ce soit au moment où j'allais laisser de côté mes attributs de séduction masculins pour endosser le rôle d'une femme.
Françoise arriva.
" Salut, comment vas-tu, pas trop secoué par ce qui t'attends ? "
J'aimais sa franchise. Françoise, la quarantaine rayonnante, une crinière frisée et châtain clair, des yeux marrons.
" Non, et toi ? Pas trop étonné par la mission qui t'a été confiée ? "
" Penses-tu, quand j'étais dans le ciné, j'ai du plus d'une fois transformer des hommes en femmes. Et quand je te vois, je me dis que la tâche ne sera pas trop ardue ! Ne le prends pas mal, mais tu n'as rien d'un bûcheron ou d'un trappeur ! Tant mieux ! Il a plutôt la stature d'une femme, n'est-ce pas Coralie ?"
Elle me regarda intensément.
" Pour ce matin, nous allons nous attaquer à la coiffure et à l'esthétisme de ton visage ! Et bons points : tu as les cheveux longs et des traits fins ! En début d'après-midi, tu iras avec Coralie acheter une paire de chaussures parce que je n'ai pas beaucoup de modèles en réserve. Il faut que tu t'entraînes avec des talons. Si ce détail est loupé, tout peut tomber à l'eau ! D'ailleurs, on va t'épiler les jambes…"
" M'épiler ? Mais… "
" Si ! Même avec un pantalon, les poils descendent assez bas sur la cheville. Et cela ne fera pas très joli… "
Avec Coralie, elles commencèrent à tester différentes perruques pour voir le style qui m'irait le mieux. Puis Coralie dit alors :
" Franchement, je pencherais pour une coiffure simple. Raie sur le côté et on gonfle vers le bas pour donner du volume et on laisse le soin à Luc de passer sa main dans ses cheveux pour les remettre et faire en sorte qu'il ne soit pas trop apprêté. "
" Tous les jours je me dis que j'ai bien fait de te prendre comme assistante ! Tu verras Luc, elle va passer beaucoup de temps avec toi car j'ai d'autres clientes et rendez-vous, mais tu seras entre de bonnes mains. "
Coralie me coiffa donc. Et en quelques minutes, mes cheveux prenaient du volume et une coiffure qui adoucissait déjà mes traits de visage.
" Pour le maquillage, on va te le faire. Il faut que l'on t'indique ce qui te va le mieux. Puis Coralie t'apprendra à le faire tout seul, on ne sera pas toujours avec toi. Par contre, pour les sourcils, deux possibilités : soit tu les gardes, on les camoufle avec des fonds de teint exprès et on dessine au crayon, soit on te les épile pour leur donner la forme d'un arc de cercle fin. "

J'optais pour la deuxième solution, qui, confirmation par mes deux relookeuses, serait la plus facile à faire et à maintenir. Elle m'appliquèrent du fond de teint (fabuleux pour masquer mes traces de barbe que je n'ai pas forcément drue ni couvrante), de l'eye-liner pour affiner mes yeux et du rimmel pour allonger mes cils, du blush pour rehausser mes pommettes, dessinèrent mes lèvres au crayon et les enduirent au pinceau, et passèrent une légère couche de poudre sur les paupières. Là aussi, elles firent le plus simple pour éviter d'en faire trop et finalement d'accentuer le côté féminin. Au bout d'une heure et demie, coiffure et maquillage fait, j'avais peine à me reconnaître et à voir un homme dans le miroir. Mes sourcils fins et redessinés, mes yeux cerclés d'un fin trait noir, mon sourire redessiné et l'ovale affiné de mes traits ne laissait plus guère transparaître mon visage d'origine.

Puis vient le moment de l'épilation. A la cire tiède pour, d'après elle, obtenir un meilleur résultat, une repousse plus tardive et plus douce qu'avec un rasage. Je connus donc la souffrance imaginée par les hommes qui finalement n'est pas si horrible que cela quand c'est fait avec habileté et que votre pilosité n'est pas non plus importante. Elles en profitèrent pour m'épiler les bras et me raser les aisselles si jamais il fallait que je porte un haut sans manche.

Mais elles furent assez contentes par ma faible pilosité générale et le peu de travail que cela demanda en définitive.

Françoise nous abandonna pour affaires. Coralie en profita pour prendre toutes les mesures possibles et inimaginables. Elle prépara une fiche cliente avec toutes mes mensurations.
" Au fait, je mets quoi à tes noms et prénoms ? "
" Luc Pavois, pourquoi ? "
" Parce que nous n'avons que des clientes femmes et que tu vas bien devoir prendre un nom d'emprunt alors, autant le faire de suite ! "
" T'as une idée toi ? "
" Je n'y ai pas réfléchi… Attends, je vais te sortir des vêtements et on y réfléchis, OK ? "
" Pourquoi des vêtements ? "
" Parce que vu ta coiffure, ton maquillage et ton costard cravate pour seuls vêtements, te balader et acheter des chaussures de femme ainsi, ce n'est pas le mieux, avoue-le… "
Elle avait quelque part raison, mais j'avais peur d'affronter le dehors. Elle ouvrit un grand placard qui semblait être une caverne d'Ali Baba.
" On va faire un esprit assez androgyne pour pas trop te bousculer. Un pantalon avec un pull, ça évitera de trop voir l'absence de forme… Tiens prends ça et puis cette veste trois-quarts ! D'après tes mensurations, tu fais du 38. On ne devrait pas avoir de problèmes pour te faire une garde-robe… Mince, pour les chaussures, c'est plus embêtant… Ou alors… Ah tiens, j'ai des chaussures plates ouvertes en 38… Ca devrait passer… Tu fais du combien ?"
" Du 39 pourquoi ? "
" Non, juste pour savoir ! T'as de la chance, moi je fais du 42 et c'est assez difficile de trouver des modèles la plupart du temps… D'ailleurs, cet après-midi, je t'emmène dans un magasin ou je vais souvent !"
Elle me passa le tout en me faisant signe d'aller derrière le auvent pour enlever mes vêtements et revêtir ceux qu'elle avait cherchés.
" Je vais dans la cuisine, je vais nous préparer un petit quelque chose à manger ! On mange ici quand on n'a pas de RDV avec Françoise. Ce sera simple : salade de riz. Oh, attention à ton maquillage quand tu vas passer le pull !"
" Très bien pour moi ! "

Elle me laissa devant le fait accompli. Je passais derrière le auvent. J'ôtais mes habits masculins. J'enfile le pantalon, il est noir et est fait dans une matière agréable au toucher. Jusque là, à part le fait que c'est serré à la taille mais ajusté aux hanches, ça va. Le pull. Tout simple, blanc, plus ajusté mais rien de trop féminin. Bon, le manteau, pas besoin. Les chaussures. J'enlève, mes chaussettes, ce sera plus joli je pense. Un peu serré, mais comme elles sont ouvertes, mon pied peut prendre ses aises.
La porte s'ouvre, j'entends Coralie qui dit :
" Noémie Valois ! Noémie parce que c'est joli et Valois parce que ça se rapproche de ton vrai nom ! "

Et elle referme la porte. Je sors de derrière le auvent et passe devant la glace. Je n'ose pas regarder. Allez, hop ! Oh, ma foi… J'ai la vision d'une assez jolie brune. Si l'on scrute mes traits de visage et mes mains, on peut sûrement se douter de quelque chose, mais les deux ou trois centimètres de talons des sandales, la coupe du pantalon et la forme du pull, ainsi que ma coiffure et le maquillage font de moi un tout autre être en apparence. Franchement, avec la mode à l'androgynie, où les femmes font ados et les hommes font féminins sur les revues et les podiums de défilés, je ne dénoterais pas vraiment.

Et, pour la première fois depuis que j'avais pris ma décision, je me sentais à l'aise et je commençais à oublier mes réticences. Autre étape : affronter une autre personne ainsi vêtue. Coralie allait en avoir la primeur.

" Oh mon dieu ! " fis-t-elle alors que je passais la porte de le petite cuisine.
" Quoi, c'est si horrible que cela ? "
" Non, au contraire c'est bien… Un rien et tu es transfiguré ! Euh… Par contre, une petite pédicure et manucure ne seraient pas superflues… On mange, je te fais cela et on va acheter des chaussures ! "
Le repas fut assez vite avalé pour moi. J'avoue que j'appréhendais le moment où je devrais sortir et aller dans un magasin pour choisir une paire de talons hauts.
" Bon, je t'ai arrangé et arrondi tes ongles. Ca te dit du vernis ? "
" Euh… T'es sûre ? "
" Je peux te mettre du vernis transparent. Ca fini bien sans être trop voyant. "
" Bon, allons-y pour ça… "

Elle m'appliqua précautionneusement le vernis et tout en discutant, nous attendions qu'il sèche. Elle trouvait à la fois marrant et surprenant le fait que j'accepte de me transformer en femme pour le travail. Marrant parce qu'elle se demandait ou mon PDG avait bien pu trouver une idée pareille. Surprenant, car elle doutait que beaucoup eussent acceptés une telle demande et que malgré mes premières réticences, j'avais décidé de jouer le jeu.
" Enfile ta veste ! On va y aller ! "
" Je t'avouerai que je ne me sens pas très bien ni à l'aise pour sortir ! "
" Ne t'en fais pas, je suis là ! Et puis maquillé, coiffé et vêtu ainsi, franchement, ça passe !
Y a encore du travail quant à des détails mais en apparence générale, c'est très réussi… "
" Si tu le dis… "
" Oups, un détail ! Je vais te chercher un sac à main. Prépare tes affaires de maquillage, dès fois que nous ayons besoin de faire des raccords et tes papiers. "
Elle me ramena un petit sac dans lequel j'enfournais mes papiers, mon chéquier, mon portable et mon nécessaire de maquillage. J'avoue que ce dernier geste me fit une drôle de sensation. Elle ajusta la veste de manière à cacher mon absence de formes féminines.

Nous passons la porte d'entrée, nous prenons l'ascenseur. Arrivé en bas, la porte s'ouvre, un couple attend. Je prends une bonne respiration et sortons de la cabine.
" Bonjour mesdemoiselles " entonne en chœur le couple.
" Bonjour ! " répond Coralie.
Et au risque de passer pour un malotru, je préfère ne rien dire et éviter ainsi de me trahir par une voix qui pourrait être trop grave en rapport avec mon physique.
Coralie me regarde avec un petit sourire et me dit tout bas, après s'être éloigné de l'ascenseur :
" Alors, n'avais-je pas raison ? "

Et c'est plus confiant que je sors dans la rue. Le beau temps fait que les gens sont sortis. Et dans la foule, je n'ai aucun problème à me fondre et personne ne me jette des regards semblant me démasquer. Au bout de quelques minutes, je finis par oublier ma condition et commence à profiter de notre petite ballade. Pour rejoindre le magasin dans lequel elle veut nous emmener, nous devons prendre le métro pour quelques stations. Et là aussi, même constatation. Ou bien je ne suis pas choquant, ou bien les gens sont trop absorbés dans leurs pensées ou problèmes propres pour s'occuper des autres.

Nous arrivons à la boutique. Il s'agit d'un commerce de chaussures en petites et grandes tailles pour hommes et femmes.
" Ici, on peut trouver des pointures 42. Bien souvent, dans les marques de grande diffusion les modèles vont jusqu'au 40, voire 41 mais pas jusqu'au 42. Enfin bon, pour toi, pas de problèmes. Tu vas regarder et si certains modèles te plaisent, tu me le dis et on essaiera. Pour commencer, choisis deux modèles, on verra plus tard pour agrandir ton set. Ne te fixes pas sur le prix, c'est ton boss qui offre !"
Nous entrons. Une vendeuse s'approche et lance :
" Mesdemoiselles, bonjour ! Puis-je vous aider ? "
" Nous regardons et si nous avons besoin de vous, nous ferons appel à vos services. " répondis Coralie.

Je commençais à regarder les modèles du rayon femme. Et j'avoue que je prenais un certain plaisir à comparer les petits détails qui faisaient que certains modèles m'attiraient plus que d'autres. Je choisis une paire de talon aiguille noire et une paire noire avec des talons moins haut mais plus large avec une bride au dessus de la cheville et un bout arrondi. Coralie demanda à les essayer en 39 en montrant que c'était pour moi. La vendeuse alla chercher ces paires. Je m'asseyais alors en attendant son retour. Elle arriva et déballa la première. J'ôtais mes sandales.
" N'auriez-vous pas une paire de mi-bas ? " demanda Coralie.
" Si bien sur, j'allais les proposer à mademoiselle" répondis la vendeuse alors qu'elle sortait une paire beige de sa poche.
Elle me donna la paire, que j'enfilais. Je trouvais la matière douce et agréable. Puis la vendeuse me présenta le pied droit, puis le gauche. Et après avoir mis les deux chaussures, Coralie m'invita à me lever.
" Lève-toi et dis-moi si tu y es bien. Il ne faut pas que ce soit trop serré ni trop lâche. "

Cela me faisait bizarre car je me sentais plus grand. Normal quand une chaussure vous fait prendre 10cm d'un coup. Et puis, je n'avais pas l'habitude de porter ce genre de chaussures. Je fis un signe de OK à Coralie. Je regardais mes pieds et je trouvais l'ensemble escarpins, mi-bas et pantalon noir assez sexy. Je me rasseyais et essayais la deuxième paire. Après m'être levé, j'acquiesçais à nouveau.
" Très bien, nous les prenons " affirma Coralie.

La vendeuse remballa les paires dans leurs cartons respectifs et nous invita à la suivre à la caisse. Alors que je remettais mes sandales, je pu voir Coralie qui en profitait pour ajouter une paire de mi-bas beige et une noire. Elle paya et nous sortons du magasin.
" Ce ne fut pas trop dur finalement ! " lançais-je fier de moi.
" Oui, et tu as pu remarqué que la vendeuse n'a pas fait attention que tu n'es pas une femme. Mais l'achat, ce n'est rien ! Maintenant, il faut que tu apprennes à marcher avec. Et là on risque d'avoir plus de peine… J'ai pris des mi-bas parce que c'est plus agréable de porter ses chaussures avec et que lorsque tu mets un pantalon, ça peut éviter de mettre des collants s'il fait trop chaud. "
De toute façon, je pensais que mes habits se cantonneraient à des tailleurs-pantalons et que ces deux paires de mi-bas feraient très bien pour le temps des négociations.
" Tu veux boire quelque chose ? " me demanda-t-elle alors qu'elle entrait dans la cuisine.
" Oui, avec plaisir ! J'avoue que ces émotions m'ont asséchés la gorge et la bouche ! "
" Et le plus dur reste à faire… "
" Tu veux dire apprendre à marcher avec ces 'engins de malheurs' ? "
" Oui ! Et tu vas enfin voir ce que l'on endure parfois pour vous faire plaisir à vous messieurs… Et s'il n'y avait que cela encore, ça irait ! Mais, il vous en faut toujours plus… Enfin, tu comprendras rapidement dans quelques jours… "
Et je ne relevai pas la dernière phrase de Coralie, n'y prêtant aucun sens particulier à cette étape de ma transformation. Et j'avalai un grand verre d'eau bienfaiteur.
" Bon, commençons avec les babies. Ce sera plus facile pour démarrer. "
J'enlevais mes sandales. Coralie me passa la paire de mi-bas beige que j'enfilais. Je mettais alors mes babies. Je me redressais et commençais à effectuer quelques pas.
" Alors ? " lança Coralie sur un air taquin.
" Euh, oui mais non… C'est assez difficile en fait. J'ai l'impression de ne pas trouver un équilibre si je ne plie pas mes jambes. Ce qui me donne un air ridicule je pense… "
" Oh tu peux y aller, il n'y a que toi et moi dans cette pièce. Je te promets que je ne me moque pas, mais j'ai l'impression de me revoir le jour où j'ai voulu ma première paire de chaussures à talons et que je me suis entraîné chez moi ! D'ailleurs, c'est pour ça que je n'ai pas voulu te demander de faire quelques pas dans le magasin… "
" Merci, vous êtes trop bonne ! "
" Allons, trêve de plaisanterie ! Là, je ne peux vraiment t'aider, c'est à toi de trouver comment te sentir le mieux et marcher avec… "

Et pendant un quart d'heure, j'arpentais en long et en large l'ensemble de l'appartement servant de lieu de travail à Françoise et Coralie. Et petit à petit, je m'habituais et trouver finalement la démarche qu'il convenait d'adopter avec ce genre de chaussures. Il est vrai que mes chevilles eurent quelques petites frayeurs, mais sans gravité aucune. En fin de compte, j'avançais normalement en essayant d'oublier ce que je portais aux pieds.
" OK, tu es bien dans celle-ci ! Maintenant, tu vas essayer les autres. C'est pareil mais la surface au sol est encore plus réduite… "

Et là, ce fut la catastrophe ! Impossible de trouver mon équilibre ! J'avais beau essayé de poser mes pieds différemment, j'avais l'air de rien sauf d'une chose dégingandé. Et au bout de dix minutes de torture, Coralie arrêta le massacre en me proposant d'abandonner pour aujourd'hui et de réessayer un peu plus tard ou demain.

Par contre, elle me fit remettre les autres pour que je m'habitue. Et Françoise revint des ses rendez-vous.

" Alors, comment ce sent notre jeune recrue ? "
" Ca va ! Un peu dur sur la fin, maudits escarpins, mais sinon, on s'y fait ! Oh, je me demande dans quelle galère j'ai bien pu me mettre mais bon, je me demande si je ne vais pas y prendre goût ! "
" De toute façon, dis-toi bien que tu ne fais cela que pour quelques temps. Par contre, on avait pensé avec Coralie que tu pourrais t'installer chez elle pendant quelques jours. Comme c'est elle qui va s'occuper de toi le plus souvent, ce sera plus simple pour tout. D'ailleurs, je t'ai acheté un petit cadeau mais tu attendras ce soir d'être chez elle pour l'ouvrir ! "
" Dis, je vais prendre quelques habits pour attendre demain ! " dis Coralie.
" Oui, tu n'as qu'à prendre l'autre pantalon noir et un chemisier blanc. Ca lui va bien ! Prends aussi la veste coordonnée avec le pantalon. Ce sera plus joli. Pour ce qui est du programme de demain, on va chez Marco. C'est un maquilleur truquiste qui travaille encore dans le cinéma. Il va te faire une poitrine… "
" Une poitrine ? " m'exclamais-je en coupant Françoise.
" Bien oui ! Il faut que tu aies réellement l'apparence physique d'une femme. Sinon, le bluff risque de ne pas faire long feu. Il est vrai que certaines femmes ont une poitrine si petite qu'on ne la remarque qu'à peine sous leurs vêtements mais de là à n'avoir aucune forme… Et demain après-midi, ce sera shopping fringues ! Ta garde-robe reste à faire. Y a un taxi qui vous attend en bas. Allez chez toi pour prendre quelques affaires et après détendez-vous, demain, y a du boulot encore ! "

Et nous avons quitté Françoise. Coralie m'a dit de garder mes mi-bas et mes chaussures car nous sortons et c'était une bonne occasion de m'entraîner dehors. Je pris mon sac à main et hop, rebelote, une virée à l'extérieur. Le taxi nous accueillit sans sourciller et en nous faisant même du charme, content semble-t-il de conduire deux charmantes demoiselles. Il nous déposa chez moi où je pris le strict nécessaire, puis chez Coralie.
" Si tu veux prendre une douche, n'hésites pas " dit-elle alors qu'elle ouvrait la porte de son appartement.

Très joli, chaleureux et accueillant, grand pour une personne apparemment seule. Beaucoup de lambris et quelques plantes posées de façon désordonnées pour donner un air de jardin vierge. Plusieurs pièces dont un immense salon attenant à une grande salle à manger. Face à la banalité du dehors et des façades typiques des boulevards haussmanniens dont fait preuve le 8ème arrondissement, l'appartement de Coralie apparaît comme un agréable refuge. Rien à voir avec mon studio de célibataire dans le 14ème, plus moderne et avec moins de charme. Sûrement pas les mêmes revenus aussi.
" Ca me gêne un peu l'histoire de me faire faire une poitrine " lançais-je.
" Oui, j'ai bien vu. Mais avec Françoise, nous pensons que cela masquera le fait que ton corps, malgré les habits de femme reste marqué par des traits masculins. Il est vrai que l'on peut te prendre pour une fille androgyne, mais cela n'irait pas avec le look que l'on veut te donner et que tu as avec ta coiffure et ton maquillage. Ton boss attend plus de toi une 'executive women' qu'une fille posant pour les magasine féminins. D'ailleurs, en plus des habits, nous considérons qu'il faut que tu portes des dessous… "
" Quoi ! De la lingerie, mais c'est de mieux en mieux ! "
" Attends ! Ton boss attends non seulement de toi une attitude physique et gestuelle féminine mais aussi que tu réagisses comme une femme ! Et je pense que s'il t'a choisi, ce n'est pas par hasard. Je vois en toi un homme avec un côté féminin plus exacerbé que la moyenne mais qui l'ignore où qui ne veux pas se l'avouer. Et puis dis-toi bien qu'il faut que tu prennes cela plus comme un jeu de rôle que comme une punition. "
" Donc à partir de maintenant, je ne dois plus porter de vêtements de garçons ? "
" C'est le mieux. Pour que tu prennes l'habitude de nos codes vestimentaires, et pour que tu te laisses aller à laisser ressortir ton côté féminin. Dans quinze jours, il faudra que tu sois une 'Noémie' plus vrai que nature ! Ca me fait penser que dès après-demain soir, tu auras des cours de diction avec une amie à moi qui est chanteuse. Je suppose que tu peux prendre une voix plus aiguë mais il faut que tu saches la placer pour ne pas te fatiguer. "
" Donc, si je comprends bien, soit je continue et à partir de ce soir je ne peux guère faire machine arrière, ou bien j'arrête de suite… "
" Oui, je crois que tu as bien compris la situation. Si je peux te rassurer, pour la poitrine, il s'agit de prothèses que tu glisseras dans les bonnets de ton soutien-gorge et qui donnera l'apparence d'une vraie poitrine. Bon, je vais te donner une serviette, tu te douches, tu te démaquilles, je t'aide à te remaquiller et on va au resto. Je t'invite. "

Je sentais que dorénavant, j'étais embarqué dans cette situation et que je n'aurais plus la maîtrise de l'avancement des 'travaux'. Après la douche, Coralie m'aida à refaire mon maquillage mais me laissa faire le plus souvent pour que là aussi je prenne mes marques et mes habitudes. Elle trouvait que je ne m'en sortais pas si mal que cela. Et alors que j'allais enfiler le pantalon, elle m'arrêta :
" Attends, je vais te prêter un shorty… Ou un boxer comme on appelle cela chez les hommes. Ton caleçon, j'ai vu que cela fait des marques pas très féminines… On fait la même taille ! Et puis ça t'évitera de basculer dans le trop 'femme' si je te prêtais un slip… "

Elle me ramena un shorty blanc moulant. J'allais dans la salle de bain pour l'enfiler et j'osais en ressortir pour me montrer ainsi devant Coralie. Elle m'encouragea en me disant que ça me faisait de jolies fesses. Et je finissais de m'habiller pendant que Coralie allait à son tour se doucher. J'enfilais le pantalon, me débattit avec le chemisier dont le boutonnage était inversé, et enfin, mis la veste.

J'étais dans le salon quand elle se présenta devant moi dans une jolie robe noire, courte et décolletée, des collants noir brillant et des talons hauts. Je ne pus m'empêcher de lui dire que je la trouvais magnifique et elle exprima un merci tout en esquissant un joli sourire montrant sa gêne. Je la trouvais mignonne, bien faite, intelligente et vive. Et je m'apercevais qu'au bout d'une journée, je craquais pour elle. Ce n'était pas le moment, et j'avoue que ma nouvelle condition devait brûler toutes mes chances de séduire Coralie. Je me levais pour aller chercher mes mi-bas et mes babies ainsi que mon sac à main que j'avais laissé dans la chambre d'ami qui serait désormais ma chambre pour quelques jours. En passant à côté d'elle, ses talons hauts la grandissant encore plus, j'étais largement plus petit qu'elle. Cela me fit tout bizarre et j'ai eu envie de l'embrasser mais je réussis à retenir mes ardeurs afin de ne pas gâcher une amitié qui naissait entre nous.
" Tiens, je te prête du déodorant parfum pour femme. Il faut que tu sentes bon mais je doute que ton eau de toilette habituelle te convienne désormais ! "
" Euh… Oui, c'est vrai… "
Je mis quelques pressions du déodorant me donnant une odeur délicate loin des fragrances que j'avais pour habitude de porter.

Enfin prêts, nous sortions pour aller dîner puis prendre un verre dans un bar branché. Avant de passer la porte, nous avons pu nous voir dans la glace en pied de son entrée. Pas mal… Deux jolies et grandes brunes plus qu'une jolie brune accompagnée d'une sorte d'androgyne. Le tailleur pantalon et les babies y étant sûrement pour quelque chose. Dans l'ascenseur elle me rappela quelques notions de bases quant à mes postures.
" Evite de t'asseoir négligemment. Même sans jupe, tu garderas les jambes serrées. Et si tu les croises, tu le fais réellement, ne poses pas juste une de tes jambes sur l'autre… Et si je vois que tu prends certaines postures trop masculines, je te ferais signe ! "

Dans le hall, chacun de nos pas était marqué par le claquement des talons sur le sol. Autant cela ne m'avait pas marqué lors de mon apprentissage du port de talons, autant je fus sensible à cela à ce moment là. Coralie appela un taxi. On se dirigea vers le quartier Saint-Michel. Coralie y avait un ami qui tenait un restaurant.

Chapitre 3 : Laissez le charme agir

" Bonsoir Mesdemoiselles ! Oh Coralie ! Je ne t'avais pas reconnu ! Excuse-moi ! La journée à été dure et j'avoue que je suis un peu fatigué. Je te mets à ta table habituelle avec deux couverts ? " demanda le jeune homme qui nous ouvrait la porte.
" Oui ! Claude est là ? " répondit Coralie.
" Il va arriver dans dix minutes environ. Il ne travaille pas ce soir mais il m'a dit qu'il passerait. Il sera content de te voir ! "
" Laisse-moi te présenter Noémie. Une amie que je n'avais pas vue depuis un moment ! Je te présente Maxime. C'est le neveu de Claude et il travaille là tout le temps. C'est un peu le bras droit de Claude, et il dirige le tout quand il s'absente. "
" Salut Noémie. Oh, je te fais la bise tiens ! "
" Bonsoir Richard " fis-je timidement et dans une voix plus aiguë qu'à la normale alors que Richard s'approchait de moi pour m'embrasser.

Je pensais que je ne devais pas laisser transparaître une masculinité et que je devais être assez attirant et joli, car je ne pense pas que Maxime m'est embrassé s'il avait réellement su. Il nous mena à notre table. Il tira les chaises et les repoussa alors que nous nous asseyons. Je n'avais pas pour habitude que l'on me fasse de telles galanteries.
" Tu veux la carte ou bien on fait comme d'habitude ? " demanda Maxime.
" Comme d'habitude ! Que le chef nous fasse la surprise. Je n'ai jamais été déçue ! Et puis, si ce n'est pas bon, je le dirais à Claude ! " lança Coralie en rigolant.
Alors que nous parlions de choses et d'autres, Coralie aperçut Claude arrivant. Elle se leva et fit un signe.

Petit, bedonnant, la cinquantaine environ. Il semble être un de ces personnages qui croque la vie à pleines dents et ne s'est jamais restreint lorsqu'il s'agit de manger ou de boire. Sûrement pas un ascète pensais-je.
" Tiens, ma petite ! Comment vas-tu ? Ca fait un moment que je ne t'avais pas vu par ici ! "
" Ca va ! Je m'éclate toujours autant dans mon boulot, c'est déjà pas mal ! "
" Tu me présentes ? "
" Oui, c'est Noémie. Une amie que je n'avais pas vue depuis assez longtemps. Elle est venue passée quelques jours chez moi ! "
" Déjà que tu es jolie, si en plus tu m'amènes de très jolies filles, le tout Paris va se presser pour apprécier mon restaurant ! " lança Claude avec un sourire en coin et faisant un clin d'œil à Coralie tout en m'embrassant.
" Ne fais pas attention Noémie ! Il est taquin mais je t'assure que Claude n'est pas un mauvais bougre ! "
" Oh, ne dis pas ça, elle va finir par croire le contraire si d'entrée de jeu tu me défends ! Sinon, tes parents vont bien ? "
" Oui, toujours à Los Angeles. Leurs affaires marchent bien. Si tout va bien, je vais les voir cet été. A moins que ma tortionnaire ne me fasse des misères ! "
" Si Françoise t'entendait ! D'ailleurs, je l'ai vue à midi. Je suis passé pour voir si tout allait bien et elle était en clientèle. Avec une espèce de vieille peau, directrice d'un service de ressources humaines qui voulait encore ressembler à Barbie… Dès fois, je la plains, Françoise… Enfin bon, elle fait des miracles aussi… A part ça, tu diras à tes parents que si ils viennent sur Paris, qu'ils n'hésitent pas à faire signe. La dernière fois que je les ai eu au téléphone, ils m'ont dit qu'ils n'étaient pas prêts de revenir sur la France. "
" Ce n'est pas qu'ils n'ont pas envie de te voir, mais avec le boulot… Moi aussi dès fois j'aimerais qu'ils lâchent un peu leurs affaires pour qu'on puisse se voir plus souvent, mais bon… "
" Et ton Eric ? "
" Toujours ensembles… En ce moment, il est au Japon pour affaires. "
" Et vous vivez ensemble ? "
" Non, toujours pas ! Mais tu sais, c'est mieux ainsi ! On est pas toujours l'un sur l'autre, un couple moderne quoi ! "
" Ah les jeunes d'aujourd'hui ! N'est-ce pas Mademoiselle Noémie ! Je ne sais pas si vous êtes pareille avec votre copain, si petit copain il y a, mais si vous faites comme Coralie, attention, ces messieurs doivent s'accrocher ! " dit-il en me regardant avec l'œil coquin.
" Arrête ! Ca fait quelques temps qu'on ne s'était pas vu, pour quoi je vais passer moi ! " rétorqua Coralie.
" Bon ! Trêve de plaisanteries ! Si mesdemoiselles me permettent, je me joindrais bien à elle ! Le chef a mis une lotte au petits légumes de saisons sur la carte de ce soir et j'ai bien envie de voir cette merveille devant mes yeux ! "
" Ca ne te dérange pas Noémie ? " me demanda Coralie.
" Non " répondis-je tout timidement.
" Oh, en plus elle est toute mimi, elle fait sa timide " dit Claude.
" Mais arrête de l'embêter voyons ! T'es pas possible toi ! " lança Coralie alors que je me mis bêtement à rougir.

Le repas se déroula ainsi, entre les taquineries de Claude et les prises de nouvelles de gens qui m'étaient inconnus. Mais ce qui me déboussola le plus, c'est d'apprendre que Coralie n'était pas seule dans sa vie. Je pouvais, de par sa situation et la mienne d'alors, dire adieu à une quelconque possibilité d'histoire entre elle et moi. Cela me mis un peu à plat. Je connaissais Coralie depuis ce matin, dans des circonstances, avouez-le, peu banales, j'ai craqué pour cette fille et j'apprends, alors qu'elle n'avait rien laissé transparaître, lors de notre passage dans son appartement, d'une éventuelle relation avec quelqu'un.

J'eus envie d'aller aux toilettes. Je m'excusais auprès de mes amis. Je me levais et quittais la table. Tout en avançant, j'entendais une voix qui disait 'Noémie ! Noémie !' mais je ne réalisais pas qu'il s'agissait de Coralie qui m'appelait. D'un coup, alors que j'approchais de l'entrée des toilettes, elle m'agrippa par la manche de la veste et me dit :
" Attends, je viens avec toi ! "
" Ah, si tu veux… "
" Hé, mais où tu vas ! " me dit-elle alors que je commençais à ouvrir la porte des toilettes des hommes.
" Hé bien aux… " répondis-je en me rendant compte de mon erreur.
" Voilà pourquoi je voulais t'accompagner ! Je me doutais que machinalement, tu n'irais pas au bon endroit ! Au fait, tu fais comme nous, pas comme un homme ! "
" Hein ? Quoi ? " dis-je en montrant mon incompréhension.
" Oui, tu ne fais pas pipi debout car si quelqu'un vient, cela se remarquera. Notamment par la position de tes chaussures… " me lança-t-elle en me montrant la porte d'une des toilettes qui ne descends pas jusqu'au sol.

J'appliquais donc les consignes de Coralie, me sentant tout de même assez mal à l'aise, d'autant plus que quelqu'un entra dans les toilettes. Je sortais, une jeune femme prit ma place. Après m'être lavé les mains, je me dirigeais vers la sortie lorsque Coralie me retint à nouveau. Elle me susurra à l'oreille :
" Une femme regarde toujours son maquillage et fait un raccord avant de ressortir des toilettes… "

Ce que nous fîmes, me laissant me débrouiller. Alors que je faisais cela méticuleusement, la jeune femme ressortit et se regardant dans une glace pour en faire de même, elle me regarda et me fit un sourire. Elle se repassa du rouge à lèvres et s'en alla. Je remis mes affaires dans mon sac à main et j'attendis Coralie pour retourner à notre table.

En chemin, Coralie me dit à l'oreille :
" Une vraie femme du monde… "
Arrivée à notre table, Claude fit :
" Ah, toutes les mêmes ces demoiselles ! Toujours autant de temps aux toilettes ! Hé oui, il faut bien qu'elle se repoudre le nez si elles veulent nous séduire ! "
" Hé ! Mais t'en rates pas une Claude ! Si vous nous aimiez pour ce que nous sommes et non pour ce que nous représentons, nous pourrions éviter de passer des heures dans nos salles de bains ! "
" Hé hop ! Tu as vu comme elle prend la mouche notre Coralie ! Une furie je te dis ! "
" Bon, on va aller prendre un verre chez Michel ! Tu nous accompagnes où tu vas te coucher ? " questionna Coralie.
" Non, j'ai pas mal de boulot demain, je vais y aller ! Mais amusez-vous bien ! Dis à Michel que je passe le voir ce samedi. "
" Ok, je n'y manquerais pas ! " répondis Coralie en embrassant Claude.
" Allez petite, au plaisir de te revoir " me lança Claude tout en me bisant.
" D'accord " fis-je de ma voix fluette.
Coralie alla dire au revoir à Maxime. Je me tournais vers lui pour lui faire un petit signe de la main quand je les vis parler de moi. Coralie me rejoignit assez vite avec un sourire en coin.
" De quoi parliez-vous ? Il a vu que je suis un homme ? "
" Non, au contraire, il m'a demandé ton numéro de téléphone ! "
" Et alors ? "
" Je lui ai dit que tu es lesbienne ! "
" Hé mais… Hé mais oui en fait… Pas bête pour éviter tous problèmes… "

Nous sommes allés prendre un dernier verre chez Michel, un autre ami de Coralie. Ambiance un peu snob à mon goût, style de lieu à la mode avec 'défilé' de jeunes fils à papa et 'bombinettes' à tous les étages. Un jeune homme m'a fait des avances, que Coralie à de suite contrecarrer en rejetant ledit jeune homme. Ce qui m'avait le plus marqué, c'est le plaisir que j'eu à croiser et décroiser les jambes, en faisant bien attention de ne pas me laisser aller dans mes postures et à admirer la brillance de mes mi-bas accentuée par les éclairages du lieu. Cela me choqua même de prendre plaisir à me plaire ainsi. D'ailleurs, je remarquais que depuis ce matin, j'avais pris l'habitude de me passer une main dans les cheveux pour me les remettre en place, chose que je ne faisais jamais auparavant, du fait que je les attachais toujours.

De retour à son appartement, nous nous sommes laissés aller sur le grand fauteuil du salon. Non sans avoir ôtés nos chaussures, mais pour ma part, j'ai gardé mes mi-bas, pour le seul plaisir de les voir briller et de regarder mes doigts de pieds vernis dans la pointe renforcée. Et par moment, je me laissais aller à admirer les longues jambes de Coralie que ses collants noir brillant mettaient en valeur.

Elle me parla un peu plus d'elle, de cet appartement qui appartenait à ses parents et qu'elle garde en y logeant, de sa relation avec Eric, qui bien que marchant bien, connaissait quelques petits ratés depuis peu, et de sa 'mission' en ce qui me concerne qui lui avait paru bizarre quand on lui avait soumis mais qui finalement lui plaisait bien. En bref, elle me parla comme à une confidente, oubliant que derrière mon apparence féminine, se cachait un jeune homme qui se posait beaucoup de questions sur lui, d'autant plus qu'il se rendait compte qu'il avait apprécié cette journée. Elle m'abandonna quelques instants pour aller se déshabiller. Elle revint quelques minutes après vêtue d'une nuisette bleu nuit en satin. Elle était réellement magnifique.

" Tiens, ouvre ton cadeau ! " fit-elle en me présentant le paquet.
Je l'ouvrais et découvrais de la lingerie de couleur blanche emballée dans du papier de soie violet.
" Oula, euh… je ne m'attendais pas à cela… "
" Ca ne te plaît pas ? "
" Si, si, c'est très joli, mais je n'imaginais pas, il y a encore 48 heures, que je porterais cela un jour… " " Il y a une nuisette pour la nuit. Tu verras, c'est très agréable à porter et tellement plus féminin qu'un pyjama. Et il y a un ensemble soutien-gorge et culotte. Françoise a préféré t'acheter de la lingerie blanche, pour éviter des couleurs trop féminines pour le moment, et son choix s'est porté sur ce coordonné car il y a juste un petit peu de dentelle mais pas trop, pour ne pas te brusquer, encore une fois. Et la culotte, c'est plus couvrant, moins sexy peut-être mais pour démarrer, ce sera plus facile pour toi. "
" Oui mais quand même… C'est gênant ! "
" Pas plus que d'être habillé en femme ! Ce que tu as fait tout aujourd'hui et que tu as très bien assumé. Alors, la lingerie ce n'est qu'une étape de plus. Et avec Françoise, on y tient réellement. "
" Oui, je sais, mais mets toi à ma place ! Ce n'est pas facile d'accepter ! "
" Tu ne vas pas perdre ta virilité pour autant ! Regarde, la plupart des femmes portent des pantalons et des vestes, que nous avons empruntés à vos codes vestimentaires. Personne ne dit rien et nous n'avons pas perdu notre féminité pour autant. "
" Exact, mais dans notre sens, c'est-à-dire adopter des vêtements féminins, ce n'est pas encore fait et aujourd'hui, tout s'est bien passé car mon visage et ma coiffure étaient en concordance avec mon habillement. Mais si un homme vient à sortir dans la rue habillé en femme mais sans s'être transformé jusqu'au bout et en gardant une apparence masculine sur le visage, je doute de l'accueil chaleureux des gens… "
" Les mentalités sont ainsi, ça pourra peut-être évoluer dans quelques temps… Sinon, tu n'essaierais pas ton cadeau pour me faire voir ? "
" Je ne sais pas… Si je le fais, tu promets de ne pas te moquer ? "
" Est-ce que je me suis moqué ne serait-ce qu'une seule fois dans la journée ? Il ne me semble pas alors… Et puis tu t'es bien montré en shorty devant moi en fin d'après-midi il me semble ?"
" Ce n'est pas pareil, ça pouvait passer pour de l'unisexe… "
" De toute façon, je ne suis pas là pour te montrer du doigt mais pour t'aider à parfaire ton rôle ! Pense juste que je suis une sorte de metteur en scène et que nous répétons une pièce de théâtre ! "
" Bon, je vais passer cela dans ma chambre, mais si au dernier moment, si je n'ai pas le courage, ne m'en veut pas de ne pas sortir de la pièce. "
" D'accord ! Ca ira pour le soutien-gorge et l'agrafage ? Tu n'as qu'a l'enfiler à l'envers, l'agrafer et le tourner sur toi ensuite, et passer tes bras dans les bretelles."
" Je crois que je sais mieux les dégrafer si tu vois ce que je veux dire ! "
" Allez, file te changer, canaille ! Ne mets pas la nuisette tout de suite, tu la mettras après que j'ai vu le reste !"

Je m'enfermais quelques minutes dans ma chambre pour prendre le temps de tout passer. Je découvrais d'abord le soutien-gorge, le bas de bonnet en satin, le haut paré de dentelle. Françoise m'avait acheté une taille 90B. Cela me paraissait grand par rapport à ce que j'ai pu entendre sur les tailles. Mais je me rendais compte que pour le tour de thorax, cela m'allait très bien et je me doutais que les prothèses rempliraient les bonnets que je trouvais lâche. Ensuite, je pris la culotte. Assortie au soutien-gorge, j'aimais le toucher délicat de ce textile. Le dos en satin, le devant en dentelle. En l'enfilant, je me rendis compte que j'éprouvais une certaine excitation et qu'une légère érection me pris. Ce qui me gêna d'autant plus. Mais le simple fait de penser que je devais ensuite me présenter devant Coralie ainsi vêtu, cela coupa net toute trace de mon excitation. Je pris une grande respiration, ouvrit la porte et me présentais devant Coralie. Il me semblait que ma tête allait exploser tellement j'avais de sang qui m'était monté à la tête, et je tortillais la nuisette dans tous les sens.
" Hé bien voilà ! Ne rougis pas, ça te va bien, c'est très joli ! Bon, on voit bien que tu n'as pas un corps de femme mais ça n'empêche que ce n'est ni moche ni ridicule. D'ailleurs, Marco doit nous prêter une petite gaine que tu mettras autour de la taille pour l'affiner. Tourne toi pour voir ? "
" Comme ça ? " dis-je en tournant sur moi-même.
" Oui ! Tiens, mets-toi dos à moi et si tu pouvais mettre ton pénis vers le bas, je pense que ce serait plus joli encore ! "
" Ah oui, d'accord ! " répondis-je en me tournant et abaissant mon sexe vers le bas.
" Voilà qui est mieux ! " me dit-elle alors que je me remettais face à elle.

Elle s'approcha de moi et ajusta mon soutien-gorge quant aux bretelles pour que le tomber soit plus joli encore. Puis elle m'aida à enfiler la nuisette la faisant glisser le long de mon buste en mettant la tête la première. Elle m'arrivait à mi-cuisse. Coralie me complimenta à nouveau. Elle alla chercher deux verres d'eaux, puis après s'être démaquillées, nous avons rejoints nos chambres respectives. Pour dormir, je ne gardais que la nuisette. Et les émotions de la journée firent venir très vite le sommeil.


Partie 2 : De l’autre côté

L'intelligence est programmée pour la création du différent
Francesco Alberoni


Chapitre 1 : je-tu-il/elle-eux/elles
" Noémie ! Noémie ! "
Coralie entra brusquement dans ma chambre. Je mis quelques secondes à réaliser où je me trouvais, qui appelait qui et qu'est-ce que je faisais là.
" Lève-toi vite, on est en retard ! Mon réveil a sonné mais je l'ai éteins et je me suis rendormie ! "

Elle était là, son visage au dessus du mien, à me secouer vivement pour me sortir de mon doux sommeil, portant juste une petite culotte. Ses jolis seins étaient animés des secousses qu'elle me donnait. Et j'avoue que mes esprits revenus, mon érection matinale ne fut pas longue à arriver face à cette image si sexy que Coralie m'offrait. J'allais pousser la couette du lit lorsque ma main passant sous celle-ci je sentis la nuisette dont le port m'était sorti de l'esprit. Je n'avais donc rien pour cacher mes ardeurs d'homme normalement constitué. Je fis alors mine de me réveiller plus difficilement.

" Ecoute, je vais dans la salle de bain, réveille-toi et viens me rejoindre ! Il faut que nous nous préparions au plus vite ! " me dit Coralie.
" Huuuummmm… " grommelais-je d'une voix éraillée d'une nuit trop courte.

Elle sortit de ma chambre, m'offrant la vision d'une jolie petite paire de fesse rebondie et galbée. Je me levais. Regardant autour de moi, je compris vite que le seul moyen de dissimuler mon érection était d'enfiler la culotte que j'avais la veille reçue en cadeau.

Les yeux embrumés, les cheveux en bataille, l'esprit un peu ailleurs, je me dirigeais tout d'abord vers les cabinets. Puis vers la salle de bain. J'ouvrais la porte.
" Dis donc, il me semble que les demoiselles bien élevées ne font pas pipi debout " me lança froidement Coralie qui était entièrement nue, prête à se mettre dans la cabine de douche.
" Mais c'est que… "
" Il n'y a pas de mais c'est que qui tienne ! Il me semble que je te l'ai déjà dit hier soir " répondit-elle en fermant la porte coulissante. " Et prépare-toi vite " ajouta-t-elle.

Je me retrouvais là, un peu éberlué par la situation présente. Coralie nue qui me fait des remontrances, moi en culotte de femme à ne pas savoir que dire et ayant peur que ma condition de mâle ne soit que par trop voyante, et sachant que faire mais ne sachant pas comment m'y prendre dans un laps de temps apparemment trop court pour ma petite expérience dans le monde des femmes.

Après m'être rasé pour éviter quelques poils disgracieux, je commençais alors à me maquiller d'un geste lent et malhabile, tentant de reproduire au mieux les gestes appris la veille.

Coralie sortit de la douche et plus calmement qu'avant son entrée, elle me prit mon nécessaire de maquillage et m'aida. Elle continua et termina plus rapidement que si j'avais réalisé le tout moi-même. Elle rompit le silence.
" Excuse-moi pour t'avoir un peu malmené à l'instant " me dit-elle.
" Oh, ce n'est pas grave… "
" Mais comme on est un peu en retard et que je n'aime pas cela, j'étais un peu… Il y a quelque chose qui ne vas pas Noémie ? " lança-t-elle en me regardant fixement dans les yeux.
" C'est… c'est que tu es là devant moi nue… Ca me fait bizarre… "
" Ca te gêne ? "
" Ce n'est pas que ça me gêne mais ça me met un peu mal à l'aise… "
" Ce n'était pas ma volonté. Je voulais juste que l'on vive en harmonie comme deux copines, ou comme deux sœurs dont la plus grande aide la plus jeune à s'épanouir… "
" Ok, mais je voudrais que tu gardes à l'esprit que je suis avant tout un homme… "

Coralie ne dit rien, me regarda avec un air malicieux et l'œil coquin.
" Et si je te fais cela, tu comprends que je ne l'oublie pas " fit-elle en approchant sa bouche de la mienne et en me tenant les joues entre ses longues et fines mains pour finir par m'embrasser.

Je ne pus rien dire, agréablement surpris par son geste et un peu abasourdi car ne m'attendant pas à ce que Coralie m'embrasse ainsi.
" Allez, douche-toi et va t'habiller galopin avant que l'on ne soit réellement en retard… Et n'oublie pas de mettre le soutien-gorge, on va voir Marco un peu pour ça aussi…"

Après avoir pris ma douche, je regagnais ma chambre. Je mis l'ensemble de lingerie reçu en cadeau la veille, j'enfilais le pantalon noir et le chemisier blanc pris la veille au salon de Françoise, je décidais de mettre les mi-bas noirs et mes babies. Enfin apprêté, je pris la veste du tailleur et je retrouvais Coralie qui m'attendait dans le salon.
" Tu es prête ? Nous y allons, c'est à l'autre bout de Paris ! "
" Ca va, je suis présentable ? " lui demandais-je.
" Oui ! Heureusement que je t'ai pris des mi-bas et non des socquettes ! "
" Pourquoi ? "
" Parce que tu portes un pantacourt ! "
" Ah… " répondis-je sans trop savoir pourquoi.
" Oui, ça ferait pas vraiment joli… De voir ton mollet non couvert par les socquettes entre celles-ci et le pantalon. Comme il doit faire assez frais aujourd'hui, je t'aurais bien prêté une paire de collants mais vu ta taille, tu dois faire du 2, or moi, je porte du 4, ça te gênerait plus qu'autre chose… "
" Si tu le dis… "
" Et allez, elle continue à se payer ma tête ! "
" Maiiiiis non… " fis-je ironiquement et en lui faisant un clin d'œil.
" Allez, zou, en avant mauvaise troupe ! " lança-t-elle d'un ton de sergent instructeur.


Chapitre 2 : quel chantier !

Pour rejoindre le studio de création de Marco et traverser Paris du Nord-Ouest au Sud-Est, nous avons pris la MCC Smart de Coralie. Durant, le trajet, je ne pouvais m'empêcher d'admirer ma conductrice. Elle était habillée sexy : haut moulant blanc mettant en valeur sa poitrine généreuse, minijupe noire dévoilant largement ses longues jambes, collants noirs donnant un effet satiné à sa peau et bottes galbant ses mollets. Par moment, je ne pus réfréner des envies de lui caresser le bras, geste auquel elle répondait par un sourire qui ne manquait pas de me faire craquer. Et j'imaginais la réaction des autres conducteurs ou des passants s'ils venaient à voir cela : deux femmes dont l'une très attentionnée pour l'autre.
" Je vais te présenter à Marco et je te laisserais entre ses mains pour que je puisse aller en rendez-vous clientèle " m'annonça Coralie alors que nous nous garions dans une cour d'un immeuble cossu.

Nous nous approchions d'une porte vitrée lorsque un homme milieu de trentaine, grand, brun, le visage anguleux ouvra la porte.
" Salut Coralie ! "
" Coucou Marco ! Comment vas-tu ? "
" Impeccable ! Et toi ? "
" Toujours pareil : la forme ! Ta femme et tes filles vont bien ? "
" Aline en est déjà à son septième mois et Louise et Jeanne grandissent bien ! Aline est sortie mais les filles sont là si tu veux leur faire un bisou… "
" Je suis un peu pressée mais quand je repasserais prendre Noémie, je prendrais le temps de m'arrêter ! Bon, je te la laisse, je te fais confiance comme d'hab' ! "
" Françoise et toi, vous serez contentes de mon travail comme d'habitude ! "

Alors que Coralie s'éloignait pour rejoindre sa voiture, Marco m'invita à entrer dans ce qui ressemblait à un atelier de sculpture et de maquillage. Plusieurs établis, sur lesquels des outils et des pots de peintures sont posés, sont dispersés dans une grande pièce de façon anarchique. Les murs sont couverts d'étagères sur lesquelles des produits ainsi que des masques ou parties de corps et autres formes parfois peu identifiables manquent de tomber tant ils sont nombreux. Des odeurs de plâtre et de plastique se mêlent pour donner finalement une senteur générale qui n'est pas désagréable.
" Voici mon domaine " lança Marco.
" Je ne m'attendais pas à cela… "
" Tu n'es pas le premier à me le dire… Les gens s'attendent à trouver un lieu aseptisé, alors que la réalisation de trucages corporels, ça fait de la poussière aussi ! "
" Tu ne fais exclusivement que ça ? "
" Oui, je travaille en freelance sur de nombreux films et autres courts-métrages comme des clips. Je peux réaliser un simple maquillage comme une transformation totale d'un corps avec divers matériaux. "
" Tu bosses seul ? "
" Non, j'ai une petite équipe qui me seconde, mais pour des petites réalisations comme pour toi, je peux faire cela seul. Mon équipe est sur le tournage d'une scène se passant dans Notre-dame d'un film fantastique américain. On a créé des maquillages de gargouilles et mes collaborateurs sont sur place pour appliquer les diverses parties moulées que l'on a fait ici. Comme ça, nous sommes tranquilles pour que je m'occupe de toi. "
" Je vois que tout est prévu et que je n'ai rien à faire ni à penser ! "
" Ah ça, quand Françoise et Coralie prennent les choses en main, on peut dire que c'est nickel ! "
" Sinon, tu connais les raisons qui m'amènent ici ? "
" Non, et à la limite, je n'ai pas forcément à les connaître sauf si tu veux me le dire. Moi, j'exécute ce que l'on me demande, après les motivations des uns ou des autres, ça ne me regarde pas. Donc, j'ai commencé à préparer des prothèses, mais il me fallait ta présence pour ajuster le tout. Ensuite, comme convenu, je t'apprendrais à améliorer le maquillage de ton visage pour faire ressortir des traits plus féminins encore par des petites techniques simples mais efficaces. Le programme te va ? "
" De toute façon, je suis là pour ça… "
" Tu as un soutien-gorge sur toi ? Parce que pour les seins, on en a besoin… Ensuite, je te ferai voir comment mettre un corset pour affiner ta taille. Oh, tu portes des collants là ? "
" Ah non, ce sont juste des mi-bas… Coralie taille trop grand pour m'en prêter… Pourquoi ? "
" Parce que j'ai préparé des élargisseurs de hanches, et le mieux pour les faire tenir, c'est de les glisser dans des collants. En fait, avec ces trois accessoires, je vais re-modeler ton corps afin de lui donner une silhouette de femme. Pour les élargisseurs, ont peu les faire tenir par une sorte de ceinture, mais vu où elle est placée et si tu portes des vêtements prêts du corps, ça se verra forcément. Mais je vais me débrouiller autrement… "
" Tu n'as pas une paire en réserve qui pourrait m'aller ? "
" Je ne connais pas ta taille. Ma femme est un peu plus grande que toi, mais j'ai ma première fille qui doit mesurer comme toi, je vais l'appeler pour qu'elle me prête une de ses paires… "

Il se dirigea vers un téléphone au fond de l'atelier.
" Louise, tu peux m'amener une paire de collant à toi ? "
… " Oui, pas en laine, un collant fin, ce sera mieux. Merci ! "
Il revint vers moi.
" Elle sera là tout de suite… Notre appartement est au cinquième juste au dessus ! "
" Pratique pour bosser et éviter les transports ! "
" Oui, c'est un luxe. Et comme Aline s'occupe de tout ce qui est relations, contrats, elle bosse dans le bureau juste derrière cette porte… " dit-il en montrant une porte dans la continuité d'une baie vitrée qui laisse apercevoir un bureau dont le design moderne tranche avec le côté caverne d'Ali-baba de l'atelier.

Une jeune fille brune de 14/15 ans, de ma taille entra dans l'atelier avec deux paires de collants dans sa main droite. Les cheveux aussi bruns que ceux de Marco et un visage non sans rappeler au féminin celui de mon hôte pouvaient la qualifier.
" Tiens p'pa ! J't'ai amené deux couleurs : noir et beige, comme tu m'as pas dit c'que tu voulais ! " dit-elle en tendant les collants à son père.
" Merci, ça ira ! Tu fais quoi comme taille ? " interrogea-t-il sa fille.
" Du 2… "
" Ca t'ira ? " me demanda-t-il en se retournant vers moi.
" D'après ce que m'a dit Coralie, ça devrait être bon " lui répondis-je.
" Tiens, je te présente Louise, c'est mon aînée, elle a 14 ans. Louise, je te présente Luc, c'est un ami de Coralie et Françoise ! "
Elle s'approcha de moi pour m'embrasser.
" Salut Luc ! Alors, toi aussi t'as besoin des tours de magie de mon père ? " lança-t-elle en faisant un clin d'œil à son père.
" Euh… Oui, c'est ça " lui dis-je un peu décontenancé par sa question.
" Bon, j'vous laisse, amusez-vous bien ! "
Et elle ressortit par la même porte qui l'avait amené dans l'atelier.
" Pourquoi tu m'as présenté par mon vrai prénom ? " demandais-je à Marco.
" Françoise m'a parlé de toi par ce prénom, j'ai juste entendu Coralie t'appeler par un prénom féminin tout à l'heure… Sinon t'inquiètes, Louise a l'habitude de voir tout cela. Dans le milieu artistique, on voit de tout, depuis gamine elle connaît pas mal de personnes qui sont parfois excentriques. Et puis, j'ai un collaborateur qui vit en homme le jour et en femme la nuit, un travesti quoi, et nous avons parfait sa " plastique " ensemble. "
" Mais je ne suis pas un travesti moi ! " rétorquais-je.
" Peu importe, tu sais ça m'est égal, je ne juge pas et mes filles ont l'habitude et ne vont pas être déstabilisé de voir un gars s'habiller en femme si c'est ça qui te tracasse. "
Et c'est après ces mots que je lui expliquais le pourquoi du comment de ma présence ici.
" Hé bein merde alors… J'pensais réellement que t'étais un travesti, ami de Coralie et Françoise, qui voulait améliorer son apparence générale. Mais je ne savais pas vraiment… C'est ce qui me paraissait le plus vraisemblable… Mais je n'aurais sûrement pas imaginé cela… "
" Dis moi, toi qui est un homme. Tu l'aurais accepté ou pas ? "
" Pour te répondre franchement, je ne sais pas… Je l'ai fait une fois, mais c'était pour une soirée déguisée. Aline était habillée en moi et moi en elle… Mais c'était pour délirer… Le travestisme, je connais car Sébastien, celui qui travaille avec moi en est et que l'on fait pas mal de soirées ensemble où des " amies " à lui sont présents… Mais dans ce contexte, je sais pas si j'aurais osé ou pas… "
" Le pire, c'est que ça ne me déplait pas… "
" Boah, y a pas de mal à ça… Je sais que si je l'avais accepté, en dehors du fait qu'il y a des enjeux financiers derrière, je l'aurais pris comme un jeu de rôle et que ça m'amuserait aussi quelque part… Mais bon, je le vois d'un œil extérieur et je ne sais pas comment je réagirais exactement si j'étais à ta place… "
" Pour le moment, ça va parce que je ne suis pas en contact avec des clients et qu'il n'y a que le seul côté agréable je dirais… Mais quand je devrais en plus mener des négociations… Là, ça va être sportif… "
" Ouais… Et là, je peux encore moins te dire… "
Et nous sommes restés quelques secondes sans rien dire, perdus chacun dans nos pensées respectives à méditer sur ce que nous venions de dire.
" Bon, ce n'est pas tout ça, mais il faut que tu sois prêt quand la miss reviendra ! " dit Marco. Ce qui coupa le silence.


Responsable du site : Lucie Sobek


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