Je me sentais très gênée par ce qu'il venait de me dire, et de l'autre côté, il n'avait pas tord. Il avait préparé un pantalon de survêtement noir avec un pull gris, étant donné ma taille, j'ai peut être une chance de rentrer dedans, sauf en longueur, mais bon, l'essentiel c'est que je ne sois pas nue. C'est après un quart d'heure de lutte pour enfiler ces vêtements que j'abandonnai et décidai de remettre mes vêtements déchirés. Arrivé l'heure du dîner, je me dirigeai vers la salle à manger, et très vite j'expliquai ma situation. Andréa, la femme, ne supporta pas de me voir ainsi.
" Mais j'étais sur que ça ne lui irait pas, chéri, je peux te parler ? "
" Oui bien sûr, vous nous excusez Stéphane ? "
" Oui, pas de problème "
Andréa l'emmena dans la cuisine pour que je ne puisse pas les entendre. Je pris l'initiative de m'approcher de la porte pour écouter leur conversation.
" Pourquoi tu lui as passé ces affaires là, tu sais bien, qu'on avait un autre enfant de 17 ans ! "
" On ne va tout de même pas lui passer ses affaires, tu es devenue folle ? "
" Écoute chéri, il ne va pas passer le réveillon de Noël habillé comme un clochard ! "
" Certes, mais pas comme Marion ! "
Serait-elle entrain de proposer à son mari que je mette les vêtements de leur fille ? Plein de chose se passait dans ma tête, joie comme inquiétude.
" Et puis zut ! Fais ce que tu veux, s'il est d'accord, après tout, pourquoi pas. "
Andréa me demanda de la suivre, car elle a des vêtements à me proposer qui on environ ma taille.
" Dis-moi Stéphane, je peux te tutoyer ? "
" Oui bien entendu. "
" OK, bon allons faire une visite de la maison, tu veux bien ?
" Ce serait avec plaisir madame "
" C'est gentil, bon voilà la salle de bain, les toilettes sont justes à côté, voilà la chambre où tu t'es réveillé si tu te souviens, voici notre chambre à moi et à mon mari, et voici celle de Marion, notre fille qui nous à malheureusement quittée à l'âge de 17ans et demi. "
" J'en suis désolée madame, c'est très dur de perdre une enfant, je peux vous demander depuis quand ? "
" Il y a environ deux ans, sa chambre est encore comme elle l'avait laissée, mis à part son portrait au-dessus du lit. Viens, entre, on va le voir "
C'était une chambre magnifique, avec un papier peint rose et une frise à motif discret, une armoire immense et juste à côté un bureau, rempli de produits de maquillage et autres.
" C'est ici que l'on va te trouver des vêtements, je vais voir dans l'armoire "
" Comment ? ? Mais je ne vais tout de même pas mettre les vêtements de votre enfant décédé, surtout que c'est une fille ! "
Andréa se mit à pleurer, et se posa sur le lit.
" Tu ne comprends pas, elle me manque, j'ai besoin de la revoir, et regarde, regarde son portrait, tu lui ressembles avec tes cheveux ondulés et tes yeux clairs, s'il te plait, permet moi de la retrouver grâce à toi "
La pauvre femme éclata en sanglot et me regardait d'un air méchant.
Son mari arriva et compris ce qui se passait.
" Ecoute jeune, il va falloir que tu fasses un effort, aujourd'hui c'est Noël, et tu ne vas pas nous le gâcher, ça fais deux ans que nous n'avons pas vu notre petite fille, et là, nous avons l'occasion de la revoir, je ne t'ai pas récupéré dans ta voiture pour rien, j'avais tout de suite vu que tu aurais fait une belle Marion. Tu n'as pas le choix, tu seras Marion pour Noël, et pour tous les autres jours de ta vie. "
Mon cœur était complètement bouleversé, d'un côté par cette annonce et de l'autre par le fait que je ne verrai plus ma famille.
Que faire, je ne peux pas sortir de cette maison, et en plus, je n'ai plus de véhicule..
" Mais je ne peux pas être votre Marion, vous ne l'aimiez pas pour son physique j'imagine, mais pour sa personnalité, son âme, je me trompe ? "
Non, tu ne te trompe pas, mais là n'est pas la question, tu seras Marion que tu le veuilles ou non ! "
C'est alors qu'il me déshabilla et qu'il m'enferma dans la chambre. Je me retrouvai là, dans cette chambre de jeune fille, seule, enfermée, et nue. Que faire, il n'y avait pas de chauffage, et aucune couverture sur le lit pour me réchauffer.
Après quelques minutes, j'entendais des ricanements d'adolescente s'approchant de moi. La porte s'ouvrit et quatre jeunes filles entrèrent dans la chambre.
" Coucou Marion tu nous as beaucoup manquée ! On va te refaire une beauté pour Noël. Tu es d'accord n'est ce pas ? "
" De toute façon tu n'as pas le choix ! ! Hi ! Hi ! Hi ! … "
Me voilà entourée de quatre jeunes filles prêtent à me transformer en Marion.
" Bon, pour commencer, tu vas mettre ce slip, il nous permettra de ne pas voir l'horrible chose que tu as entre les jambes, et ensuite nous allons te coller les belles prothèses que voici, tu ne pourras les enlever que dans quelques mois, sinon ça t'arrachera la peau..
" Cécile passe moi le soutif rose clair, il lui ira très bien ! "
Je n'avais ni envie de me débattre, mais ni envie de me faire humilier par ces gamines.
" Pourquoi faites-vous ça, je ne comprends pas. Quelle réjouissance vous pouvez avoir en transformant un homme en femme ! " " Tais-toi ! Bon, passons au maquillage…, Linda tu as ramené le nécessaire ? "
" Bien sur, tu me prends pour qui ? "
Deux d'entre elles me vernissaient les ongles, quant aux deux autres, elles me maquillaient. C'était un plaisir et un supplice en même temps, mais au bout de quelques secondes, ce n'était plus qu'un plaisir. Elle me choisirent une petite robe à fines brettelles et me mirent des pinces et des barrettes dans les cheveux. J'étais le sosie du portrait de la défunte. Je me mis à pleurer car l'émotion avait envahit mon corps, je restais, devant cette toile, pendant que les autres filles me cherchaient des petites chaussures pour ne pas casser les collants que je portais. Ce fut un moment très émouvant quand les parents montèrent dans la chambre, regardant le portrait, puis moi juste en dessous, et quand ils prirent Marion dans leurs bras, la remerciant d'être revenus, et cette fois, pour toujours.