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« », une petite histoire imaginée par alcina

Dure est la condition féminine 3 alcina 07-12-2008, 4:48 Les petites Anglaises

Vint le jour du départ. La mode était aux kilts, ce que les Anglais trouvaient surprenant pour des filles. Je partis donc en kilt avec un béret et une veste qui portait l’écusson de je ne sais quelle école, histoire de me fondre dans les pelouses anglaises. Nous prîmes ensemble le train du Havre, puis le ferry de Portsmouth.

Sur le bateau, Fred reluquait une assez jolie blonde décolorée. Décidément, il aimait les grandes filles. Il avait tenté plusieurs approches et s’était fait envoyer balader. Il rappliqua et en me désignant la fille, il me dit :
- J’en ai marre de me ramasser. Peut-être que si toi, tu allais lui parler, je pourrais me pointer après comme par hasard…
- Oh ! la ruse ! Tu ne crois tout de même pas que ça va marcher ?
- Essaie, merde, dit-il en s’énervant.

Lassée j’y allais et je demandais à la fille si elle avait des mouchoirs. Comme elle avait l’air de s’ennuyer, je lui demandai où elle allait. Bournemouth, comme nous et une bonne moitié du bateau. La conversation s’engagea. J’avais oublié Fred. Mais, lui, il ne nous avait pas oubliées.
Je le vis arriver en se dandinant :
- Salut, Anne, me dit-il, qu’est-ce que tu fous ici ? Et sans attendre ma réponse il se tourna vers la fille.

J’étais gênée :
- Excuse-le il est lourd, mais pas méchant. Vaut mieux céder, parce que, en plus, il est opiniâtre.
- Ca, c’est sûr !
La fille se retourna vers moi comme si Fred n’existait pas. Assez vite, Fred réussit à se mêler de la conversation, fit rigoler la fille et partit avec elle en la tenant par le cou, le coude en l’air pour se hausser à sa hauteur.

Du coup, je voyageais seule jusqu’à Portsmouth. Arrivée sur le sol anglais, Fred daigna s’intéresser à nouveau à moi. Pour toute excuse :
- Tu m’en voudras pas, tu as beau avoir l’air d’une fille, je ne peux m’empêcher de te considérer comme un copain. Tu vois, par exemple, je ne vois pas pourquoi je porterai ta valise.
- Parce que je suis chétive.
- Mon œil.

Il fallait prendre un car jusqu’à Bournemouth. Au centre ville on s’aperçut que nos familles d’accueil nous logeaient dans deux rues parallèles, on s’aperçut bientôt que nos maisons communiquaient par les jardins à condition de piétiner quelques plates-bandes. Je commençais à soupçonner la main de Fred.

A peine arrivée, je me changeais et ressortis pour voir comment Fred était installée. Sa famille était la réplique de la mienne. Mêmes bibelots, même maison, même cordialité soupçonneuse, tant les Français s’étaient acquis mauvaise réputation. Indifférents au Peer, qui pourtant méritait mieux, avec Fred, on avait décidé d’explorer le seul endroit qui vaille, le French Corner. Nous y fûmes bien accueillis. J’y étais pour beaucoup. Au French Corner les cotes respectives d’un Français ou d’une Française ne se comparaient pas. Seul le boudin, comme ils disaient avec tact, descendait en dessous d’un mec sympa. Fred avait d’autres idées.
- Je veux voir des Anglaises. Tu vas m’accompagner. Tu pourras m’être utile.
Je me rebiffai. Il leva un doigt sentencieux :
- Notre pacte !

Fred m’entraîna vers Marks and Spencer. Après nous être promenés, il s’arrêta au rayon des vêtements de femmes. Il avait repéré, une jolie vendeuse. Un tant soit peu vulgaire, me semblait-il. Mais c’était à l’évidence un mérite sous l’œil salace de Fred. Je le laissais baratiner en martyrisant son peu d’anglais. J’étais étonnée par la façon de s’habiller des jeunes anglaises, le côté Poupée Barbie de ces jeunes filles des « basses classes », comme disait ironiquement Wilde quand il singeait la bonne société. Fred revint bombant le torse tel César, retour de sa victoire sur Pharnace (le fameux veni, vidi, vici). Il exultait :
- On a rancart ce soir.
- Tu as rancart. Moi je vais me coucher.
- Non, non, déconne pas, je lui ai dit que je venais avec un pote.
- Où vois-tu un pote ? Tu diras que ton « pote » a changé d’avis.
- Tu vas pas me laisser seul avec les deux Anglaises ?
L’air sévère il me fit un vague signe de serment, histoire de me rappeler à mes engagements. Je m’en foutais. J’irai. Les filles verraient que le copain n’était pas venu. Je me tirerai. Fred serait tout à fait à la hauteur. Ce ne sont pas deux filles qui lui feraient peur.

Le soir, je ne me changeais même pas. On arriva dans une espèce milk bar avec une féérie de néons et de formica. Les deux filles étaient là, bien pouffes, mais aussi assez jolies. Fred fit les présentations. On commença à boire quelque chose. Quand je revins des toilettes, je vis les deux filles me fixer avec stupeur. Je ne pouvais croire qu’il avait fait ça ! Je le questionnais du regard. Il se marre :
- Je leur ai dit que tu faisais du music hall, un numéro de Marylin, mais que le reste du temps tu bandais comme un Turc.

Je me levais brusquement. J’avais les deux mains appuyées sur la table. Il me serra très fort le poignet. Je retins un cri de douleur. Il grogna :
- Serment !
- Mais justement, le serment c’était que tu ne dirais rien.
- Mais là on s’en fout. On ne les reverra pas. Ecoute, tu prends la plus blonde. Moi l’autre.
Je commençai à discuter avec ma fille. Elle me considérait avec une sorte d’admiration. On partit dans une boîte d’Anglais très mauvais genre. La fille avec laquelle j’étais me dit :
- Viens avec moi j’habite là haut, je vais te prêter quelque chose.

On monta dans sa chambre. Elle me retira mon chemisier. Puis elle m’embrassa. Elle baissa ma culotte et je tins, à ma grande honte, les promesses de Fred. Puis elle me retira ma jupe et me choisit une robe bien rose pleine de chichis. Elle me tendit un grand jupon à volants qui faisait rebiquer la robe. Puis elle me maquilla à sa façon. Si elle n’avait as été si loin, j’avais mes chances rue Saint-Denis. Puis nous redescendîmes. Fred hurla de joie en me voyant.
Ma fille qui s’appelait Sheila fit manifestement des confidences à sa copine qui commença à tourner autour de moi. Je dansai avec les deux. Heureusement, elles n’avaient pas l’air d’avoir mis leurs amis, pour la plupart des Teddy Boys, dans la confidence.
Je dois dire que les conditions de ma première expérience érotique ne ressemblaient à rien de ce que j’avais imaginé. Tout s’était passé avec une aisance confondante.

Le soir je restai coucher chez ma petite amie. Sheila, contrairement à sa copine ne travaillait pas ou par intermittence. Elle m’avait prêté une chemise de nuit et le lendemain je n’eus qu’à remettre ma robe rose. Elle m’avait coiffée. Je ressemblais vraiment à une anglaise. Elle voulut absolument venir chez moi. Mon hôtesse ne se méfia évidemment pas. Nous refîmes l’amour, puis, en fouillant dans mes affaires, elle fut surprise de ne pas voir d’affaires d’homme. Je lui dis que je les avais laissées à Paris. De toute façon, elle, mieux que personne, avait vu que j’avais des petits seins et que je n’aurais jamais pu avoir l’air d’un garçon. En somme, rien de tout cela n’avait fait osciller mon identité. Elle voulut que je reste habillée comme une Anglaise, mon hôtesse approuva aussi. Elle me demanda d’aller au French Corner. Je refusai absolument. Nous allâmes au cinéma. Cela l’amusait beaucoup, surtout dans l’obscurité, d’avoir un petit ami, en fille. En plus, à une époque assez pudibonde, nous pouvions, passer la nuit ensemble sans éveiller la moindre réprobation ni risquer l’expulsion.

Fred avait raison : à Bournemouth, rien ne semblait tirer à conséquences. En plus, du haut de mes préjugés de fille du seizième arrondissement, j’avais mal jugé Sheila. Elle était attachante. Sauf qu’elle devenait curieuse. Elle voulait évidemment en savoir un peu plus long. Moi, je n’avais aucune envie de lui faire des confidences.

Quant à Fred, il filait lui aussi le parfait amour. Le surlendemain, en sortant de chez moi, nous nous promenâmes tous quatre, comme deux couples. Je trouvais moi aussi la situation étrange. Fred me traitait comme un copain se laissait aller à me parler au masculin, notamment quand j’étais hors de sa vue, par exemple, si je marchais avec Sheila derrière lui. Cela modifia nos relations et les renforça. Sheila était aussi un peu désorientée. Mais pas mécontente. Tantôt elle me considérait comme une copine, tantôt comme un amant. Le premier soir, il avait été – je l’appris ensuite seulement –question de me prêter à son amie. Il n’en sera plus question.

Les choses se compliquèrent quand Fred se disputa avec sa petite amie. Il me laissa en plan et retourna au French Corner. Entre-temps, Sheila avait trouvé un remplacement dans le magasin de son amie. Je disposais de mes journées. Fred, sans que je m’en aperçoive, avait tramé un projet machiavélique. La grande blonde du bateau qui s’appelait Marie-Danièle venait souvent au French Corner. Il était retourné à elle tout naturellement. Quand ils étaient ensemble, je venais souvent en tiers. Nous nous entendions bien avec Marie Danièle. Un jour nous décidâmes de faire un tour à Londres. Après une journée de marche, au moment de reprendre le train, Fred nous dit avec assurance que la gare était de l’autre côté de Covent Garden. C’était faux. Quand nous arrivâmes à la gare, le dernier train était parti. Restait à trouver un hôtel. Nous n’avions presque plus d’argent. Il fallut prendre une chambre à trois. Fred, magnifique, décida de se sacrifier : les filles dormiront dans le lit. Lui sur un fauteuil prolongé d’une table basse. Avec Marie-Danièle, nous nous couchâmes. Je m’apprêtais à m’endormir, quand je sentis la main de Marie-Danièle sur mon sein. Je crus d’abord à un mouvement machinal. La main revient et insiste. Marie-Danièle se rapproche de moi et me murmure à l’oreille : « je sais que tu aimes les filles, moi aussi ! » Je me redressai sur mon séant et entre les dents : « Le salaud ! » Elle m’entoura alors de ses bras.
Je la repoussai :
- Que t’a dit ce bâtard ?
- Que tu étais un peu lesbienne, il n’y a rien de mal à ça !
Je décidai de faire la part du feu. Je lui murmurai à l’oreille que c’était vrai mais que j’avais horreur qu’on me touche le sexe. J’avais gardé ma culotte et j’étais à peu près protégée.

Elle fut très sensuelle. J’étais dans un état calamiteux le matin. Fred rigola en me voyant. Il attendit de part et d’autre patiemment des confidences qui ne vinrent pas. Car, Marie-Danièle et moi, nous avions entre temps conclu une alliance. Il ne saurait jamais. Fred était facétieux mais pas le moins du monde méchant. Je savais qu’il ne marchanderait jamais notre secret.

Le soir, je continuais à m’habiller en petite Anglaise. Les idées de Fred aidaient au moins mon anglais et Dieu sait si j’étais peu douée. Je m’étais fait quelques amies dans le milieu de Sheila. Nous allions danser toutes ensemble. L’Angleterre me paraissait formée de deux sociétés : une d’hommes et une de femmes, juxtaposées. Finalement elles ne se joignaient qu’à l’occasion de certains rituels les boîtes, la famille. J’eus plus d’amis que quiconque parmi les Teddy Boys. Ces types se donnaient l’apparence de durs à cuir. Ils essayaient de faire peur à l’establishment. Dans le fond, c’étaient de braves types qui pour la plupart après quelques conneries rentraient dans le rang. Le fait que je sois habillée comme leurs copines avait suspendu, du moins en ce qui me concerne, leurs préventions contre les Françaises. Evidemment, tout allait bien tant qu’ils ne soupçonnaient rien de mes relations avec Sheila. Elle y veillait.

Mon séjour s’écoulait entre les Français avec Fred qui m’utilisait pour draguer, mais sans plus m’obliger à jouer les boyfriends, et les Anglais. Jeunes Français et jeunes Anglais n’avaient que peu de rapports, mais quand ils en avaient, ils devenaient facilement frictionnels. Les Teddy Boys ressentaient du mépris de la part de gens qu’ils considéraient comme des avortons. Les Françaises avaient la réputation d’être des putains. Réputation usurpée, car j’étais bien la seule française qu’ils connussent et ils auraient dû s’en tenir à leur expérience qui, justement, témoignait du contraire. Ils abordaient les Françaises comme si elles racolaient. Elles les accueillaient sans grâce, comme cette entrée en matière le méritait. Un jour des Français organisèrent une expédition punitive contre trois Teddy Boys innocents, mais pris comme bouc émissaire. Je vis la tension monter instantanément. Les Français avaient organisé un pique-nique sur la plage le soir, au pied d’une falaise. Je crois bien qu’ils l’avaient appris de Sheila à qui je l’avais dit, pensant y aller. J’appris également par Sheila qu’ils comptaient se venger. Ils avaient des armes blanches et étaient tellement animés contre les Français que je craignis le pire. Je me précipitai dans ma tenue d’Anglaise sur la plage. Heureusement, qu’il faisait nuit et qu’on ne voyait pas trop comment j’étais habillée, sinon on m’aurait tondue. Quoiqu’il en soit, je rattrapais une bande de Teds qui avançait sur la plage pour couper la retraite aux Français, une autre partie devait arriver par le haut de la falaise. J’arrivai et j’informai Fred de leur arrivée. Je lui dis de me laisser faire. En effet, vingt minutes plus tard, descendait de la falaise le gros de la bande. Je connaissais le chef, j’essayais de lui parler. Il était calme. Il me dit qu’à moi il ne ferait rien. Les autres filles, selon lui, y passeraient. Mais l’urgence était de casser la gueule des Français. Le devoir avant le repos du guerrier, il fallait donc d’abord s’occuper des types. J’essayais tous mes arguments, y compris celui de la tournée générale, infaillible en France et que j’avais cru universel jusqu’à ce jour. En vain. Fred s’avança et dans son mauvais anglais dit qu’ils étaient plus nombreux et armés. L’argument de la loyauté sembla porter. Le chef des Teds réfléchit et dit :
- D’accord, je défie votre chef.
Fred m’épata et dit :
- C’est moi.
Pieux mensonge car, en Angleterre, il n’était le chef de personne, pas même de lui-même. En Angleterre, il la jouait perso.

Il posa son blouson de daim. Le Ted qui faisait une tête de plus que Fred retira son blouson à aigle dans le dos. Le combat commença silencieusement, de temps en temps le bruit mat d’un coup de poing. Ils se déplaçaient insensiblement vers la falaise au pied de laquelle se trouvaient des cabines de bains assez proches les unes des autres. Ils se retrouvèrent, coincés entre deux cabines de bain. Je vis alors Fred saisir le col du Ted les avant-bras croisés, il fit pivoter ses avant-bras. Le Ted commença à suffoquer. Puis il demanda merci. Sur ce, j’observai les autres Teds, ils hésitèrent puis se retirèrent suivis de leur chef. Je courus à Fred, je passai mes bras autour de son cou et je l’embrassai.
Fred se recula légèrement et murmura narquois :
- Y pensez-vous Monsieur !

Tel fut l’acmé de notre séjour sur la côte sud de l’Angleterre.


Responsable du site : Lucie Sobek


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